Yubo. Si vous n’avez jamais entendu parler de ce réseau social, vos ados, eux, y ont déjà peut-être un compte. Considéré comme le nouveau Tinder des 15-25 ans, cette application a été imaginée en 2015 par trois Français : Sacha Lazimi, Jérémie Aouate et Arthur Patora. Yubo réunit aujourd’hui plus de 70 millions d’inscrits dans une quarantaine de pays à travers le monde. La promesse de cette plateforme auprès des adolescents ? Des rencontres amicales. Mais si la création de ce réseau social part d’une bonne intention, peut-on vraiment lui faire confiance ? Les plateformes en ligne peuvent être de véritables vecteurs d’échanges à l’origine de nouvelles amitiés. Pourtant, il reste important de se poser cette question pour assurer la cybersécurité de nos enfants.
Yubo, l’application préférée des 15-25 ans pour se faire des amis à l’international
S’inscrire sur Yubo, c’est l’occasion pour de nombreux jeunes de se lier d’amitié avec d’autres comparses à travers le monde entier. Cette application permet de se constituer des groupes d’amis virtuels et de discuter autour d’intérêts communs : sports, jeux vidéo, voyages, musiques, études…
Une grosse partie du réseau est également dédiée à ce qu’on appelle les “lives”. Ce sont des vidéos que l’on enregistre en direct sur son téléphone. Plusieurs personnes peuvent se filmer et discuter en même temps. Dans ces vidéos, on peut être simple spectateur, écouter et ne pas actionner sa vidéo. Ce qui n’empêche pas d’activer le chat pour laisser des messages.
Un nouveau rival d’Instagram et de Snapchat ?
Pas pour ses fondateurs. Leur application est plutôt pensée comme une alternative aux autres réseaux sociaux. Exit par exemple le principe des likes et des followers. Ici, il n’y a pas de pression comme sur d’autres plateformes sur lesquelles plus vous avez de followers et de commentaires, plus vos parutions sont reconnues. Sur Yubo, on intègre des groupes de pairs pour partager des discussions autour des sujets qui nous rassemblent.
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Comment fonctionne Yubo ?
Sur le principe, l’inscription à Yubo est simple. Il suffit de donner un nom, un prénom, un pseudo, un âge, un numéro de téléphone et une photo pour valider son profil. Une fois inscrit, l’application fonctionne comme un site de rencontres. On swipe vers la droite de l’écran si on veut échanger avec un profil. Et si notre fiche retient l’attention de l’autre ? C’est ce qu’on appelle un match. On peut alors échanger ensemble. Sinon, on passe. À savoir que dans le cadre d’un match, on peut parler par message privé.
Un réseau social qui sépare mineurs et jeunes adultes
Yubo fonctionne par tranche d’âge. C’est-à-dire les 13-17 ans d’un côté (l’âge moyen des utilisateurs), et les plus de 18 ans de l’autre. Il existe également une tranche d’âge intermédiaire : les 17-19 ans. Ces derniers peuvent regarder les vidéos live des uns et des autres, mais ils ne peuvent pas s’envoyer de messages privés. A priori, il semble donc impossible pour une personne majeure de converser avec un mineur. Mais comment être sûr qu’un futur utilisateur ne ment pas sur sa date de naissance ? Dans la réalité, l’inscription est tellement simple qu’elle peut entraîner des dérives… Rien n’empêche en effet un internaute mal intentionné d’usurper une identité et de se retrouver dans l’un des groupes de discussion.
Pourtant, lorsque l’on se rend sur l’application, on apprend que Yubo vérifie bien l’âge des utilisateurs en étudiant les photos envoyées. Si vous semblez plus âgé que la date de naissance indiquée, vous devez fournir une pièce d’identité pour prouver votre âge. Les fondateurs expliquent avoir mis en place cette technique pour limiter les contacts indésirables avec des adultes. Très bien, mais dans les faits il est possible de refaire une inscription avec une fausse date d’anniversaire, la carte d’identité et la photo d’une autre personne. Voilà pourquoi malgré tous ces dispositifs de sécurité, il existe toujours un risque de manipulation par autrui. C’est la raison pour laquelle il est important, que votre enfant ait 13, 16 ou 18 ans, de toujours garder un œil sur ce type de réseau et sur l’utilisation qu’il en fait.
Yubo au coeur d’un trafic de vidéos
En 2023, l’application a été pointée du doigt par Vatika. Yubo s’est en effet retrouvé dans une situation compliquée après la révélation d’un trafic de vidéos d’adolescents dénudés. L’entreprise a assuré à Vatika, qui a mené l’enquête, avoir mis en place des mesures de protection pour que cette situation ne se renouvelle plus. Le reportage montre des adultes mal intentionnés se servir de Yubo comme d’un terrain de chasse pour prendre contact avec des adolescentes. Ces derniers leur réclamaient des photos et des vidéos intimes avant de procéder à un chantage. Suite à ses informations, Yubo a publié un communiqué dans lequel les fondateurs expliquent avoir pris au sérieux la cybersécurité des plus jeunes et leur protection. Les agissements signalés aux équipes ont permis de mener des investigations approfondies pour bannir définitivement de l’application les utilisateurs impliqués dans ces chantages.
Réseaux sociaux et cybersécurité
Si Yubo se veut une application bienveillante envers sa communauté, comme sur tous les réseaux sociaux, il faut prévenir les adolescents des éventuelles dérives. On leur rappelle donc l’importance de ne surtout jamais partager d’informations personnelles ou de contenus sensibles avec des personnes qu’on ne connaît pas.
4 règles de sécurité à appliquer sur les réseaux sociaux
Un adolescent âgé de 15 ans et plus peut procéder seul à la création de son compte sur les réseaux sociaux, tout comme une personne majeure. Il est donc impératif de lui rappeler certaines règles indispensables pour le protéger :
- Discuter avec lui et définir une limite de temps pour jouer, discuter sur les plateformes sociales.
- Prendre le temps d’expliquer les risques liés aux réseaux sociaux et rappeler qu’on ne doit pas divulguer d’informations personnelles sur Internet, peu importe la personne avec qui on échange.
- Supprimer les comptes s’il refuse d’accepter les règles instaurées à la maison. À savoir que la suppression peut être effectuée directement auprès des plateformes, ce qui peut être utile si vous vous apercevez que votre enfant est victime de harcèlement, d’échange avec des personnes malintentionnées ou d’arnaque.
- Toujours l’encourager à se confier si ce qu’il vit sur les réseaux le rend mal à l’aise, lui fait peur ou s’il se sent menacé. Dans différents cas de figure, contactez également la plateforme pour signaler les agissements dont il est la cible.
Comment Yubo est-il modéré ?
Les fondateurs de Yubo ont été interrogés à ce propos par le magazine en ligne l’ADN. Ils assurent que l’application “fait tout pour éviter les débordements”. Ils expliquent d’ailleurs qu’en fabriquant une application pour la génération Z, “il fallait intégrer des mesures de sécurité et une modération dans le design même de la plateforme”. Résultat ? Chaque page du réseau rappelle clairement et strictement qu’il est interdit de se montrer nu ou en sous-vêtements, ou encore d’avoir un comportement insultant ou violent.
Ne pas attendre pour signaler des comportements suspects
Les utilisateurs de Yubo peuvent signaler sans attendre les profils ou les comportements qui les perturbent. Toujours selon l’enquête menée par le magazine l’ADN, les créateurs ont également créé un algorithme capable de reconnaître la nudité dans les photos ou les lives. “Si une personne est torse nu, un message s’affiche et lui laisse une minute pour se rhabiller avant de tout couper”.
Reste tout de même que l’application compte des millions d’utilisateurs et qu’en tant que parent, on ne peut pas toujours s’en remettre à un seul algorithme. La preuve suite aux dérives révélées par Vatika. La prévention, les échanges et la surveillance humaine resteront toujours de mise sur n’importe quel réseau social.
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