Avec son film documentaire Voyage au Pôle Sud, Luc Jacquet, oscarisé en 2005 pour La marche de l’empereur, revient vers sa terre de prédilection et nous livre une partition qui n’est pas dénuée de poésie, mais dont l’austérité pourra décourager certains spectateurs, notamment les plus jeunes. Au cinéma le 20 décembre.
Voyage au Pôle Sud : histoire
Entre Luc Jacquet et l’Antarctique, c’est un roman qui n’en finit plus de s’écrire. Le cinéaste, qui est à la base écologue et diplômé en biologie animale, ne cesse depuis trente ans, comme mu par une pulsion irrésistible, de prendre la direction du « continent magnétique » (tel qu’il avait d’abord prévu d’appeler ce film), un endroit où il a accompli autrefois sa première expédition scientifique.
Dans le film Voyage au Pôle Sud, c’est à nouveau cette partie du globe, qu’il a déjà prise pour cadre entre autres dans La marche de l’empereur, L’Empereur et La glace et le ciel, qui focalise l’attention du réalisateur. On le voit ici embarquer dans un bateau brise-glace avec son équipe, débutant ses pérégrinations de Torres del Paine en Patagonie chilienne, à l’est de la Cordillère des Andes, pour cheminer jusqu’au Pôle Sud dans une équipée quasiment mystique.
Durant ce trajet effectué en ligne droite, Luc Jacquet filme des panoramas aux allures titanesques, entre banquise, icebergs et glaciers, zoome sur les habitants de cette planète hostile, les manchots papous, les manchots Adélie, la baleine bleue, le phoque de Weddell, le léopard de mer et les manchots empereurs, espèce dont il n’avait pas vu de représentants depuis très longtemps. Mais il détaille aussi et surtout longuement, de manière très introspective, les raisons qui font qu’il revient toujours sur place….
A partir de quel âge ?
Voyage au Pôle Sud plaira aux parents et aux grands ados qui manifestent de l’intérêt pour les grandes expéditions et les enjeux environnementaux.
L’avis de MAFAMILLEZEN
La déclaration d’amour que fait Luc Jacquet à ce bout du monde qui a suscité tant de fantasmes est très émouvante. Et on sent qu’à rebours de beaucoup de long-métrages de ce genre, le commentaire qui accompagne Voyage au Pôle Sud, écrit et assumé par le réalisateur lui-même, ne cherche pas à séduire le plus grand nombre, ni à moraliser qui que ce soit. Le film entend juste livrer la vérité intime d’un homme capable de tout lâcher, même ses plus proches amis, même sa famille, pour regoûter au frisson des vibrations uniques qui émanent de l’Antarctique (contaminée par ce virus, sa fille Louise, assistance-opératrice, fait d’ailleurs partie de l’escouade de tournage qui l’entoure).
Luc Jacquet en profite d’ailleurs pour attirer notre attention sur la fragilité de cet éden gelé, que les enfants ou petits-enfants de ses enfants ne pourront peut-être pas continuer à admirer comme il le fait, à cause du réchauffement climatique… Et certaines images, notamment celles prises au drone de très haut, qui traduisent la petitesse de l’homme dans l’infiniment grand, ont la puissance de celles qu’on n’a jamais vues auparavant sur nos écrans.
Il n’empêche qu’en plus d’une doudoune rembourrée et des bottes fourrées, il faut avoir le cœur bien accroché pour réussir à faire tout ce périple en sa compagnie. D’abord parce que tout le film est exclusivement en noir et blanc, avec parfois des effets floutés et brouillardeux, et offre une impression de dépouillement qui est susceptible de ne pas plaire ou de dérouter. Ensuite, parce que la voix-off joue souvent sur les mêmes cordes, et peut aussi paraitre monocorde. L’alternance entre cette dernière, les silences et les musiques un peu incantatoires n’aident pas non plus à maintenir constante son attention.
A réserver donc aux passionnés et à ceux qui ont l’âme aventurière en matière de septième art !
Voyage au Pôle Sud
Réalisé par : Luc Jacquet
Avec : Luc Jacquet
Genre : Documentaire
Durée : 1h22
Sortie au cinéma : le 20 décembre 2023
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