La Journée pour un Internet plus Sûr, célébrée dans plus de 60 pays, sera organisée en France le 8 février 2011 par Tralalere, opérateur de Internet Sans Crainte (www.internetsanscrainte.fr).
Sa thématique cette année : Internet, c’est ta vie, pas qu’un jeu ! Et son objectif : Attirer l’attention sur les problématiques liées aux nouvelles pratiques virtuelles et plus précisément sur leur articulation avec la vie quotidienne.
Pascale Garreau, directrice de la communication chez Tralalere , chargée du programme Internet sans crainte et Claude Fouquet, de e-Enfance (www.e-enfance.org), association de protection des mineurs sur Internet, ont répondu aux questions que nous nous posons en tant que parents. Sur les dangers auxquels peuvent être confrontés nos enfants sur le Net et sur les réseaux sociaux, qu’ils fréquentent assidûment et de plus en plus tôt.
Contrôler l’accès des mineurs au Net
Notre expert, Claude Fouquet, écoutante à Net Ecoute 0820 200 200, numéro national pour la protection des mineurs sur Internet, mis en place par l’association e-Enfance.
Quels sont les dangers les plus souvent rencontrés sur Internet par les mineurs ?
– la confrontation à des images choquantes (violence, pornographie…)
– les contacts dangereux lors de conversations avec des inconnus
– l’intimidation, le harcèlement
– l’usurpation d’identité
Est-il indispensable de s’équiper d’un logiciel de contrôle parental ?
C’est fortement recommandé si l’on a des enfants et des ados qui surfent sur Internet
Un logiciel de contrôle parental, comment ça marche ?
Ce logiciel permet de filtrer les contenus à risque en fonction de l’âge de l’enfant. S’ils empêchent l’accès aux sites d’argent, de pornographie, les chats…, ils ne sont cependant pas fiables à 100 %. Les parents doivent rester vigilants et s’intéresser à ce que font leurs enfants sur Internet.
Pour une bonne efficacité, il faut le paramétrer en créant une session personnelle pour chaque membre de la famille et définir le niveau de sécurité adapté à chacun.
Ces logiciels permettent de contrôler et de limiter le temps de connexion à Internet et aux messageries instantanées.
Est-il disponible auprès de mon fournisseur d’accès à Internet ?
Tous les fournisseurs d’accès à Internet doivent obligatoirement mettre gratuitement à disposition de leurs abonnés un logiciel de contrôle parental.
Quelle différence entre ces logiciels intégrés et les logiciels téléchargeables vendus par différents prestataires ?
La principale différence est que les premiers sont gratuits et les autres payants.
Quels sont les logiciels de contrôle parental recommandés par e-Enfance ?
e-Enfance recommande les logiciels gratuits des fournisseurs d’accès à Internet.
Les risques signalés sur Net Ecoute 0820 200 000 :
– 49 % des jeunes se sont vu proposer un rendez-vous par un contact virtuel
– 41 % ont été harcelés par des moqueries sur Internet, fixe ou mobile
– 29 % ont reçu des propositions sexuelles de la part d’inconnus contactés via le Net
– 24 % se sont fait usurper leur identité (blog ou compte msn)
– 17 % ont fait l’objet de menaces en ligneCe sont à chaque fois les 13-14 ans qui sont les plus touchés.
Source : sondage réalisé par l’association e-Enfance sur Facebook, en 2009 auprès de 2 670 jeunes de 13 à 17 ans (en renfort de l’étude Ipsos/e-Enfance).
Facebook et les réseaux sociaux
Notre expert, Pascale Garreau, directrice de la communication chez Tralalere , chargée du programme Internet sans crainte, programme national de sensibilisation aux enjeux et risques de l’Internet.
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Facebook est « interdit » aux moins de 13 ans. Pourtant, les enfants s’inscrivent dès 9-10 ans.
Effectivement, la dernière étude Eukidsonline (oct 2010) indique qu’au niveau européen, 26% des 9-10 ans ont un profil sur un réseau social, essentiellement Facebook, la France se situant dans la moyenne européenne.
Les plus jeunes y vont, comme les grands, pour se faire un réseau d’amis et, étant moins mûrs, ont plus tendance à pratiquer « la chasse aux amis » qui consiste à mesurer sa popularité au nombre d’amis que l’on peut afficher sur son profil, quitte à accepter n’importe qui. Les amis qu’ils rencontrent sur le réseau pensent par ailleurs qu’ils ont plus de 13 ans, puisqu’ils ont du s’inscrire comme tels, ce qui donne lieu à des échanges qui ne sont pas appropriés pour leur âge. Or on ne socialise pas à 9 ans comme à 14…
Quels sont les risques pour les plus jeunes ?
L’un des risques immédiats est donc pour ces très jeunes utilisateurs des réseaux de ne pas savoir gérer leur réseau et en particulier de ne pas savoir dire non à des demandes d’amis, de ne pas penser à communiquer de façon différente à leurs différents cercles d’amis ni être capables de régler correctement ses paramètres de vie privée, tout ceci étant compliqué.
Par ailleurs, attention aux applications extérieures, ces petits jeux proposés sur Facebook par des éditeurs tiers qui demandent bien souvent que l’utilisateur coche une case donnant accès à toutes les informations présentes sur le mur pour pouvoir jouer…
Aujourd’hui 9% des 9-10 ans déclarent avoir été « embêtés » sur Internet, 12% avoir été exposés à des messages sexuels (une exposition qui peut ne pas déranger les adolescents mais choque plus souvent les enfants). 21% des 11-16 ans avoir été exposés à des messages dangereux (haineux, pro-anorexiques, incitation à prendre de la drogue ou se suicider…)
Globalement, si les risques et comportements à risques augmentent avec l’âge, et notamment pendant l’adolescence, en revanche les plus jeunes n’ont ni la maturité ni les connaissances techniques pour se protéger, mettre à l’abri et gérer leurs données privée, et surtout savoir réagir au cas où…
Quels réseaux sociaux sont les plus fréquentés, en fonction des tranches d’âges ? Que font les enfants et les ados sur ces réseaux sociaux ?
En France, Facebook a le quasi monopole des réseaux sociaux pour les adolescents, suivi par Skyblog pour les plus jeunes, et Myspace.
Facebook est devenu LE site qui concentre la plupart des usages classiques communicationnels du web/ Ils s’en servent bien sûr pour communiquer avec leurs amis et entretenir leurs relations mais aussi comme agenda ou mail. On y échange de tout et de rien, on échange avec des gens auxquels on ne parle pas dans la cours de récréation, on s’échange les infos, les bons plans, les vidéos qui circulent, on se donne rendez-vous, on organise les soirées du week-end, on adhère à des groupes de tout type (des plus absurdes à des groupes militants).
Skyblog, qui a connu un déclin évident avec l’arrivée de Facebook, reste cependant populaire chez les jeunes ados pour publier et échanger autour des blogs.
Myspace est utilisé comme plateforme d’expression créative. On y donne typiquement à découvrir son travail graphique ou son groupe de rock.
Les enfants, aussi présents sur Facebook comme on l’a vu, utilisent les sites de jeux et mondes virtuels qui ont des fonctionnalités de réseaux sociaux pour communiquer entre eux.
Faut-il s’inquiéter de voir les enfants si jeunes passer autant de temps sur les réseaux sociaux ? Ne risquent-ils pas de rencontrer des problèmes de sociabilisation futurs ?
Nous n’avons pas le recul nécessaire pour répondre de façon informée à cette question. On sait juste qu’un jeune sur 12 a rencontré au cours de l’an passé « dans la vraie vie » une personne connue sur les réseaux et que cela s’est en général bien passé, même si dans une minorité de cas les conséquences de cette rencontre ont été néfastes.
Les réseaux sociaux sont apparus il y a peu comme une nouvelle forme de socialisation. Là où les ados passaient des heures au téléphone à ne pas dire grand-chose, ils passent des heures sur les réseaux à faire de même… Cela semble en tous cas un atout pour ceux qui sont plus à l’aise avec la communication écrite qu’orale.
A ce stade, la position la plus logique en matière d’éducation semblerait de veiller à ce que ces pratiques, comme toutes pratiques en ligne, ne remplacent pas les autres types d’activités sociales de type visites entre amis, sorties, sport etc.
Quel rapport identitaire les ados entretiennent-ils avec leur avatar ou leur pseudo ?
Pour certains, c’est un autre eux-mêmes, pour d’autre une projection de ce qu’ils aimeraient être, pour d’autres un moyen d’être ce qu’ils ne s’autorisent pas à être…
Nous attendons à ce propos les résultats d’un sondage réalisé par Habbo auprès de leurs utilisateurs sur cette question, qui sera publié par leur soin le 8 février.
En terme législatif, la question se pose en ce moment : l’avatar est-il (c’est le point de vue US) un objet soumis aux règles commerciales régissant tout objet commercial ou (ce serait plutôt le point de vue européen) partie prenante de l’identité numérique et donc de l’identité de la personne ? Auquel cas, si je tue votre avatar, me voici légalement une assassine…
Parents et enfants se retrouvent parfois sur ces réseaux. Est-ce une bonne chose ?
Il arrive que parents et enfants (et profs et élèves) soient « amis » sur les réseaux. Est-ce une bonne chose ? A chacun de juger, mais il apparait important que les jeunes gardent une maîtrise de leur sphère privée : s’ils ne souhaitent pas que leurs parents soient témoins de toutes leurs conversations privées avec leur amis, il semble peu opportun qu’ils les acceptent comme ami sur leurs réseaux sociaux…
Ce qui pose souci est le fait qu’ils ne réalisent pas ce qu’implique le fait d’accepter les adultes et ne sachent pas organiser leurs réseaux de tels sortes à créer des groupes de communication distinct « les amis » d’un côté « la famille « de l’autre.
Les grands-parents fréquentent-ils eux aussi ces réseaux ?
Les grands-parents sont encore très rarement sur Facebook. S’ils échangent par Internet avec leurs petits enfants, c’est plus par mail ou Skype s’ils sont loin.
Tout n’est certainement pas mauvais dans les réseaux sociaux. Comment rassurer les parents ? Quels sont les aspects positifs ?
Les réseaux sont un moyen formidable de socialisation, ce qui est l’activité la plus importante dans la construction de l’adolescence !
L’important pour les parents est de s’y mettre un minimum pour comprendre ce dont il s’agit et savoir les conseils qu’ils peuvent donner à leurs enfants pour sécuriser leurs échanges. Nous leur conseillons d’ouvrir un compte à eux, avec leurs amis, et d’apprendre à paramétrer tout ceci pour pouvoir ensuite en parler régulièrement avec leurs enfants et leur donner les conseils… qu’ils réclament.
Les ateliers Internet Sans Crainte :
Pour les 7-12 ans : les ateliers Vinz et Lou sur Internet
Les ateliers Vinz et Lou sont organisés autour d’un dessin animé, issu de la série Vinz et Lou sur Internet, permettant de débattre sur la question des jeux vidéo, et d’un jeu interactif qui permettra aux plus jeunes d’apprendre dès le départ les bonnes pratiques pour gérer leur image personnelle en ligne.
www.vinzetlou.netPour les 12-17 ans : les ateliers 2025 ex machina
Lancé en novembre 2010, le serious game 2025 ex machina se compose de 4 épisodes traitant chacun d’un usage d’Internet. Ce jeu destiné aux 12-17 ans vise à mettre les jeunes dans une posture réflexive face à leurs actions en ligne, au travers d’un mode d’apprentissage ludique empruntant les codes du jeu vidéo.
www.2025exmachina.net
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