Avez-vous déjà pensé à l’effet de votre séparation sur les grands-parents de vos enfants ? Lors du divorce, nous pensons à nos enfants, à notre réorganisation, à nous. Les grands-parents ne sont pas au cœur de nos réflexions. Pourtant ils souffrent tout autant de cette situation qu’ils n’ont pas choisie. Ils la subissent à leur manière. En cas de rupture, il va falloir que les grands-parents digèrent l’annonce. Ils n’ont pas d’autre choix que de l’accepter, mais il leur faudra peut-être du temps. Une séparation a des conséquences sur tout le monde.
Grands-parents eux-mêmes divorcés : attention à ne pas culpabiliser
La séparation d’un de leurs enfants d’avec son conjoint peut raviver des souvenirs douloureux chez certains grands-parents, s’ils ont eux-mêmes vécu une séparation. Ils peuvent ressentir de la culpabilité. Ils pensent qu’à cause d’eux, l’histoire se répète. On entend souvent dire « les enfants de parents séparés finissent séparés ». C’est quand même un lourd fardeau à porter. Cette idée ne correspond pas nécessairement à la réalité. Il est important de comprendre que chaque situation familiale est unique. Les enfants de parents séparés peuvent grandir dans des environnements très variés. De par l’histoire de chacun et la sensibilité, les séparations n’auront pas le même impact chez les uns et les autres. Dans une même fratrie, l’un le vivra bien et l’autre en souffrira peut-être. Si vos parents nourrissent cette culpabilité, aidez-les à avancer sur ce point.
La peur de voir le lien avec ses petits-enfants se distendre
Ils peuvent avoir peur de ne plus voir régulièrement leurs petits-enfants. Je me rappelle de la réaction de ma maman qui m’a dit : « tu vas les avoir en garde alternée ! Cela veut dire que je les verrai encore moins. » Elle avait raison surtout que dans mon cas, les grands-parents maternels et paternels sont séparés. Cela divise mathématiquement le nombre de visites. Là encore, votre rôle sera de les rassurer. Il faudra leur faire comprendre que dans cette réorganisation, vous penserez à eux et aux liens qu’ils ont créés avec vos enfants. Vous vous arrangerez pour que chacun ait le temps nécessaire pour se voir. En France, les grands-parents ont un droit sur leurs petits-enfants. D’ailleurs en cas de conflits, les grands-parents peuvent se référer au juge des affaires familiales.
Quels sont les droits des grands-parents en cas de séparation des parents ?
Le droit de visite et d’hébergement
Le droit de visite des grands-parents est un droit reconnu par la loi, mais il n’est pas automatique. Selon l’article 371-4 du Code civil, les grands-parents peuvent demander un droit de visite et d’hébergement auprès du juge aux affaires familiales, si l’intérêt de l’enfant le justifie. Ce droit ne peut être accordé que si le juge estime que la relation entre les grands-parents et l’enfant est bénéfique pour ce dernier.
Le principe de l’intérêt de l’enfant
Les décisions concernant les grands-parents sont basées sur l’intérêt supérieur de l’enfant. Cela signifie que le juge tiendra compte de la situation familiale, de l’état de la relation entre l’enfant et ses grands-parents, ainsi que de l’impact potentiel de cette relation sur l’enfant. Le juge peut donc accorder un droit de visite, mais aussi en limiter la fréquence ou les modalités.
Les conditions pour demander un droit de visite
Les grands-parents doivent généralement démontrer qu’ils ont entretenu une relation régulière et affectueuse avec l’enfant avant la séparation. Si les parents ne s’opposent pas à ce droit, une entente amiable peut être trouvée. Si les parents refusent, les grands-parents peuvent saisir le juge. Le juge prendra alors en compte la position des parents, mais surtout l’intérêt de l’enfant.
La place des grands-parents quand la famille est recomposée
Si bien sûr les grands-parents ne sont pas toxiques, ils contribuent à un réel épanouissement pour les enfants. C’est aussi un repère pour ces derniers. Les enfants comprennent que c’est le papa ou la maman de leurs parents. Cela les aide à construire un schéma familial et comprendre les liens et les interactions entre chacun. Souvenez-vous de cette période quand vos enfants vous demandaient 1 000 fois : « Alors mamie c’est ta maman ? et papi c’est ton papa ? »
Une position pas toujours très claire ni facile
Lors d’une recomposition familiale, les grands-parents doivent aussi s’adapter à cette nouvelle famille. De nouvelles questions peuvent les envahir : Quel rôle devront-ils jouer avec des petits-enfants qui ne sont pas les leurs ? Comment ne pas faire de favoritisme entre leurs petits-enfants et ceux de la deuxième famille ? Peuvent-ils rester en contact avec les autres grands-parents ? Doivent-ils rencontrer les grands-parents de cette deuxième famille ?
Leur nouveau rôle peut être à la fois important mais complexe. Il s’inscrit dans un contexte où les relations familiales sont redéfinies et où plusieurs figures parentales sont présentes. Leur rôle dépend de nombreux facteurs, notamment de la nature de leurs relations avec leurs propres enfants et les autres membres de la famille recomposée.
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Un soutien affectif et respectueux
Ils peuvent offrir un soutien affectif, moral et éducatif important. Leur position doit cependant rester flexible et respectueuse des rôles des autres membres de la famille. Il faudra que vous communiquiez avec eux pour leur permettre de comprendre ce que vous attendez d’eux et comment votre conjoint perçoit également les choses. Il leur faudra respecter les nouvelles dynamiques familiales même s’ils ne sont pas forcément d’accord avec tout. C’est dans ces circonstances que leur rôle restera positif et bénéfique pour les enfants.
Interview : questions de maman divorcée à sa mère
J’ai voulu profiter de l’occasion de cet article pour faire une interview de ma maman et ainsi lui poser quelques questions sur le sujet. Un vrai moment mère-fille sur un sujet non évoqué auparavant:
Maman, puis-je te demander comment as-tu vécu l’annonce de ma séparation ?
Très durement. Il y a des mots qui ont été dit qui m’ont peinée. J’ai pardonné depuis, mais j’ai mis du temps. Je pardonne mais je n’oublie pas. J’ai été attristée de cette séparation, mais je n’ai jugé personne. Tout le monde a le droit au bonheur. Il vaut mieux parfois une séparation que de rester pour être malheureux.
Est-ce que cela t’a ramené à ta propre séparation et aux difficultés que tu as toi-même rencontrées ?
Non pas vraiment. Chacun est différent. J’ai connu d’autres problèmes de mon coté. Il n’y avait pas vraiment de points communs qui auraient pu me ramener à ma propre histoire.
As-tu pensé que cela changerait ta relation avec les enfants?
J’ai eu une crainte au début. Les enfants étaient petits et il faut faire attention à ce qu’ils entendent. J’ai eu peur qu’il y ait de la malveillance à mon égard, mais tout s’est bien passé. Mes craintes se sont également dissipées quand tu as eu la garde alternée. Cela voulait dire que j’allais continuer à les voir sans problème, même si je savais que la fréquence n’allait pas être la même.
Quelle était ta plus grande crainte ?
Ma seule crainte aurait été un éloignement géographique. J’aurai de toute manière acceptée si c’était pour ton bien et celui des enfants. En tant que parents, nous voulons uniquement le bonheur de nos enfants. S’il avait fallu composer avec, je l’aurai fait. C’est la stabilité des enfants qui importe, et peu importe si c’est à coté de chez nous ou pas. Je suis en revanche très contente que ça n’a pas été le cas.
Comment as-tu géré la poursuite de la relation avec les grands-parents paternels ?
Cela a mis du temps pour que les choses reviennent à la normale. Je pense que nous attendions que vous les parents, retrouviez vos propres repères et votre stabilité avec les enfants. La relation s’est reconstruite petit à petit au téléphone dans les débuts. Nous aimions échanger sur nos petits-enfants. Nous ne parlions pas de vos situations personnelles. Par la suite, nous nous sommes revus. Aujourd’hui nous sommes en contact régulier.
Lors de ma nouvelle rencontre comment as-tu perçu les enfants de mon chéri ?
L’entente a été très bonne. Ils étaient plus grands. J’ai toujours pensé qu’ils étaient bien élevés et sympas. Ils m’ont également tout de suite bien accueillie.
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As-tu pensé que tu avais un rôle à jouer avec eux ?
Non, pas de rôle particulier. Ils ont de leur coté une famille unie et soudée. Il n’y avait pas de besoins particuliers. Je ne vois pas ce que j’aurai pu apporter de plus.
Penses-tu que les parents ont un rôle à jouer pour entretenir les relations grands-parents/enfants lors d’une séparation ?
Oui, complètement. Les enfants ont besoin de leurs parents mais aussi de leurs grands-parents. Il faut que le lien reste et de pas dénigrer les grands-parents. Cela respecte une hiérarchie dans la famille. C’est en conservant les visites, et de temps en temps nous les mettre en garde, que nous pouvons renforcer nos liens avec eux. Ce n’est possible que si les parents s’organisent pour ça.
Quel est le rôle justement des grands-parents ?
Les grands-parents ne se substituent pas aux parents. Les parents sont là pour l’éducation et les grands-parents sont plutôt là pour les bons moments. C’est notre rôle de leur donner plus de bonbons que vous, ou de regarder la télé plus longtemps que ce que vous voudriez. En plus, on en joue avec eux en leur disant de ne surtout pas vous le répéter. C’est un secret entre eux et nous. C’est là que la complicité grands-parents/petits-enfants s’établit.
Peut-il y avoir de la jalousie entre les grands-parents sur la fréquence de visites?
Personnellement, je ne suis pas jalouse et dans mon entourage, je n’ai jamais rencontré ce cas. Si les parents de chaque coté font le nécessaire, il n’y a pas de raisons d’être jaloux. Il faut dire que la fréquence des visites est aussi liée à la relation que nous-même avons avec notre propre enfant. Il y a aussi des contraintes géographiques qui peuvent interférer. Il faut faire toujours au mieux, et éviter de comparer et regarder comment cela se passe de l’autre coté. Nous n’avons pas toutes les informations pour pouvoir juger.
Vous aurez compris que lors d’une séparation, les grands-parents sont plutôt spectateurs qu’acteurs. Il faut cependant faire attention à leurs ressentis et les inclure dans le schéma familial. Les parents ont un rôle essentiel pour maintenir les liens intergénérationnels. En ces périodes de fêtes, c’est clairement le bon moment pour passer du temps en famille et essayer de réunir tout le monde. Je vous souhaite de très belles fêtes de fin d’année avec toute votre famille.
Estelle Jouquan est coach de vie. Maman de 2 enfants et belle maman de 3, elle a également grandi avec des parents séparés depuis l’âge de 6 ans. C’est donc tout naturellement qu’elle s’est orientée vers le coaching familial avec une prédisposition pour le coaching en famille recomposée.
Par son expérience de vie, elle comprend les problématiques que traversent les enfants avec des parents séparés. Mais également les problématiques de couples, de coparentalité et tout ce qui peut être source de conflits. Elle propose des accompagnements personnalisés à distance.
Pour la contacter : www.jedeveloppement.fr/
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