Infirmière de formation, Barbara van Vlamertynghe, aujourd’hui consultante en périnatalité, dépeint dans son livre Se re-trouver mère les parcours porteurs d’espoirs de mamans qui ont connu des turbulences dans leur évolution personnelle -grossesse, infertilité, PMA, dépression post-partum…-, et détaille les solutions qu’elle a trouvées pour les aider à devenir la mère qu’elles ont envie et besoin d’être. Rencontre.
La maternité n’est pas un long fleuve tranquille. Au moment de désirer, de concevoir et d’attendre Bébé, puis pendant la grossesse et après l’accouchement, les femmes sont sommes souvent assaillies par des doutes et des questionnements. La fatigue aidant, il est fréquent aussi que, durant ces périodes, les blessures mal cicatrisées du passé se réouvrent et nous empêchent d’embrasser pleinement ces étapes de notre vie. Pour aider les mères à être en phase avec leur enfant, leur parentalité et avec elles-mêmes, la consultante en périnatalité Barbara van Vlamertynghe leur propose, avec Se re-trouver mère, un formidable livre de témoignages et de conseils.
Comment ce livre « Se re-trouver mère » a-t-il vu le jour ? Est-ce que c’était une opportunité ou une nécessité ?
Barbara van Vlamertynghe : Au fond de moi, j’ai toujours eu cette envie. Et j’avais dans mes veines le sang d’une famille qui a toujours lu et écrit. Mais je ne m’étais jamais autorisée à penser que c’était réalisable, même si mon mari me disait depuis des années que je le ferais. Finalement, l’une des patientes que j’ai accompagnées, Amandine Gombault, qui est journaliste et autrice, m’a dit un jour : « J’aimerais vous faire connaitre au monde entier ». Et elle m’a confié qu’elle avait un peu pris les devants et déjà calé un rendez-vous pour nous deux auprès de son éditrice..
Quelles sont les problématiques que vous rencontrez le plus souvent chez les femmes que vous épaulez ?
Au début de mon activité, elles venaient beaucoup me voir pour des problèmes de sommeil de bébé, de la fatigue de la maman et de difficultés à mettre en place l’allaitement maternel. Ensuite, progressivement, ça s’est naturellement orienté vers la prise en charge de la dépression post-partum, parce que c’est chez nous toutes un moment de vulnérabilité et d’angoisse. C’est une grosse partie de ce que je fais aujourd’hui. Il me tient très à cœur aussi d’être aux côtés de ceux qui ont un désir d’enfant et qui ne parviennent pas à le concrétiser car je ne veux pas les laisser dans ce désert de solitude et d’abandon.
Sur quoi vous est-il possible d’agir, en tant qu’accompagnante, auprès de ces femmes et sur quoi ne pouvez-vous pas, en revanche, les changer ?
Mon axe principal de travail, ce sont les émotions. J’essaie de faire en sorte que ces femmes sachent ce qu’elles ressentent, si c’est de la colère, de la tristesse, du désespoir, et de voir si elles ont également des manifestations physiques. Je les considère dans leur globalité. Là où je ne peux rien faire pour elles, c’est si elles ne sont pas prêtes à entreprendre ce cheminement. Car dans ce cas, je ne pourrai pas avancer avec elles…
Pourquoi avoir choisi de faire la part belle à leur parole dans Se re-trouver mère ?
Il y a un mot d’ordre dans le livre Se re-trouver mère, c’est de dire la vérité avec douceur. Et mon message à travers leurs mots, c’était de dire qu’il y a toujours de la lumière au bout du tunnel, qu’il ne faut jamais rien lâcher. Chacune de leurs histoires finit bien, c’est la preuve que l’on s’en sort. Mon intention, c’était aussi de rendre ce que j’ai reçu de mes patientes. Sachant qu’elles m’ont fait confiance, c’était normal qu’elles fassent partie de Se retrouver-mère. Cela montre aussi qu’on est dans la sororité et pas dans la compétition.
Dans quelle mesure intervenez-vous aussi auprès des pères ?
J’ai un papa qui se rend seul à ma consultation pour tenter d’avancer et de sauver son couple. Sinon, je reçois beaucoup les couples ensemble, avec souvent des soucis autour du sommeil. Mon objectif, c’est de créer entre eux une cohésion, une sorte d’esprit d’équipe.
Pourquoi avez-vous choisi d’inclure dans cet ouvrage le récit de votre propre histoire et celle de votre sœur ?
Parce qu’on ne parle trop peu des mères qui souhaitaient tellement l’être et qui n’ont pas pu le devenir. Ma sœur Deborah a tendance à se sentir inférieure à cause de cela, et je souhaitais lui mettre un pansement sur le cœur. D’ailleurs, depuis que Se re-trouver mère est paru, elle me dit qu’elle se sent beaucoup plus légitime dans ce qu’elle est.
Malgré la libération de la parole observée ces dernières années, existe-t-il toujours des chapes qui pèsent sur les femmes et sur les mères, et que vous aimeriez combattre ?
Je sais que plusieurs fois par semaine, ma carte ou mes coordonnées se transmettent. Pourtant, les femmes à qui je suis recommandée attendent souvent très longtemps pour venir me voir. A cause du poids de la honte et de la culpabilité. Parce qu’elles imaginent que se taire est un rempart à la souffrance, et que tout ce qui n’est pas dit, c’est comme si ça n’existait pas, ou comme si ce n’était pas grave. Or, selon moi, il faut absolument que ces femmes s’écoutent, qu’elles écoutent leur entourage, se laissent prendre par la main, car plus rapidement on est pris en charge, mieux et plus vite on s’en sort….
Se re-trouver mère, de Barbara van Vlamertynghe, sous la direction d’ouvrage d’Amandine Gombault, est paru les 2 mars aux éditions First, 16,95 euros – Commander sur la Fnac ou Amazon
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