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Santé mentale des 11-24 ans : l’appli Mentalo veut faire bouger les lignes

Par Juliette Prime - Mise à jour le

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Participer à une enquête et en même temps, faire le point sur comment on se sent ? C’est ce que propose Mentalo aux 11-24 ans, sous la forme d’une appli numérique deux en un : pendant un an, les jeunes répondent à des questionnaires leur permettant d’évaluer l’état de leur propre santé mentale. Par leur implication, ils participent à la plus grande recherche scientifique jamais menée sur le bien-être de la jeunesse. Un projet pensé par des élèves de tous les âges, en collaboration avec les plus grands chercheurs et un postulat de départ ambitieux : avant de pouvoir aider les jeunes en difficulté, il faut d’abord les comprendre. 

A la fois un outil de soutien aux 11-24 ans et une enquête scientifique 

« Les parents sont très bons quand leurs enfants vont bien, mais pas quand ils vont mal, car ça ne se voit pas. En interrogeant les jeunes, on scrute une population qui a du mal à s’exprimer », indique le Professeur Richard Delorme, pédopsychiatre associé au projet. L’application Mentalo est là pour briser la glace. Elle va permettre aux enfants, ados, étudiants et jeunes travailleurs, de faire un point sur leur santé mentale. 

Cette Étude Nationale sur le bien-être et la santé mentale des jeunes des 11-24 ans menée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et supportée par le ministère de la santé, veut donner aux jeunes les moyens de s’aider eux et les autres. Mais aussi une cinquantaine de chercheurs de l’Inserm, dans leur travail dédié à la santé humaine. Pendant un an, Ils collectent les données des collégiens, lycéens et jeunes adultes qui font le choix de l’appli Mentalo. Ces derniers l’utilisent de manière ultra confidentielle et sécurisée depuis leur smartphone ou un ordinateur. Derrière, leur participation permettra de développer des solutions de prévention efficaces et adaptées à eux. Les politiques publiques de demain. 

Mentalo, une appli pensée par des jeunes avant tout 

« Tout commence par toi » est le slogan de Mentalo. « Pourquoi nos jeunes sont affectés par des troubles mentaux si alarmants et à ce point aujourd’hui ? » s’interroge le ministre délégué de la santé et de la prévention, Frédéric Valletoux. Pour le savoir, il a été décidé que « les jeunes ne seraient pas des sujets d’étude mais des co-partenaires de recherche » de l’enquête. 

Concrètement, plus de 300 jeunes ont construit l’étude Mentalo avec les scientifiques, en rédigeant les questionnaires au sein des établissements. « J’ai déjà eu plusieurs problèmes, je n’avais pas beaucoup d’amis, je ne m’acceptais pas. Si il y a deux ans, on m’avait dit que je ferais tout ça aujourd’hui, je ne l’aurais jamais cru » nous confie Elias Glemet. À 17 ans, il est ambassadeur de Mentalo au sein du lycée Erik Satie, dans le quatorzième arrondissement de Paris, mais aussi sur les réseaux, en tant que consultant Mentalo. C’est grâce à l’appli qu’il a eu une prise de conscience et qu’aujourd’hui il va bien, mène de nombreux projets, et aide les autres jeunes. 

Le constat : des jeunes qui vont mal

La dernière étude EnCLASS sur la santé mentale et la consommation de substances chez les adolescents scolarisés en France, publiée en 2024, interpelle : 15% des lycéens et 14% des collégiens présentent un risque de dépression, sur près de 10 000 élèves interrogés. La solitude et l’irritabilité sont massivement invoqués. Des symptômes dépressifs tels que le manque d’énergie et la difficulté à se concentrer se multiplient. 

Plus grave, « Tous les jours, on reçoit un nombre important de jeunes aux urgences pour tentative de suicide. Le suicide est la deuxième cause de mortalité après les accidents de la route » déplore Richard Delorme, et ce, toutes catégories sociales confondues. Le professeur Karine Chevreul, responsable de l’étude Mentalo dresse le même constat d’ « une pandémie silencieuse à travers l’augmentation du nombre d’actes suicidaires, y compris chez les moins de 15 ans, et d’une dégradation du bien-être mental des jeunes, qui s’est accélérée depuis le Covid-19 et les confinements ». 

Ces facteurs étaient déjà connus, mais l’éco-anxiété, la guerre en Ukraine, et l’influence des réseaux sociaux moins. « Il apparaît donc nécessaire de mieux comprendre ces phénomènes et de mettre en lumière les facteurs qui altèrent ou améliorent le bien-être mental des jeunes » résume Karine Chevreul. 


L’appli Mentalo mode d’emploi 

Pour ce faire, une dizaine de questions sur le bien-être mental sont posées aux jeunes à sept reprises dans l’année. Vie sociale, affective, jobs, loisirs, image de soi…, les mêmes questions pour tous de 11 à 24 ans, mais formulées différemment, et avec des conseils différents prodigués pour chacune des trois tranches d’âge de l’étude. 

Le questionnaire prend la forme d’un PHQ-4, validé scientifiquement et préalablement utilisé dans des enquêtes sur le bien-être. L’étude prendra fin en 2025-2026. Après celle-ci, les données seront analysées et un nouveau programme intitulé Mental plus verra le jour, pour mettre en place des solutions. 

Une participation ludique 

Pour qu’un maximum de jeunes participent, Mentalo est aussi ludique ! Répondre aux questions et inviter d’autres jeunes à s’inscrire offrent des gratifications virtuelles (badges, titres, avatars…), puis des gratifications matérielles (places de cinéma, de concerts, pour des manifestations sportives, des parcs d’attractions, accès à du streaming de films et de musique gratuit…)

Karine Chevreul tient à le souligner : « Le bien-être mental c’est pas forcément triste, c’est une étude pour renforcer les choses positives ». 

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Plus de 300 jeunes qui ont un jour vécu un mal-être, ont aidé les scientifiques à construire le questionnaire Mentalo, pour aider d’autres jeunes ©Jacob Khrist

Des ambassadeurs de rêve 

Mais comment inciter les jeunes à participer ? « On en voudrait 200 000 ! » s’exclame Laura Flessel, quintuple médaillée olympique en escrime, ex-ministre des sports et une ambassadrice de Mentalo. L’étude étant basée sur le volontariat, des personnalités du monde du sport, de la culture, des influenceurs sociaux et des jeunes se mobilisent pour qu’un maximum de personnes s’inscrivent. 

L’influenceuse sportive Juju Fitcats, les handballeurs Jackson Richardson et son fils Melvyn, et le rugbyman paralympique Sébastien Verdin pour ne citer qu’eux. « On va vous challenger ! Mentalo c’est pour que chacun devienne un champion de son projet mental. Vous avez les cartes en main, c’est maintenant à vous de les utiliser ! » résume Laura Flessel. 

C’est aussi le cas de Lucrèce, collégienne de 14 ans au lycée Pablo Picasso de Montesson dans les Yvelines : « Je suis fière d’être porte-parole de Mentalo pour faire avancer la science ! Je vais bien, je veux aider les jeunes qui vont moins bien, être solidaire ». Même son de cloche pour Océane, lycéenne parisienne et autre ambassadrice du programme : « Quand je suis pas bien, j’écris. Je me sens à l’aise de le faire en répondant au questionnaire. Avec Mentalo, ça va mieux, l’appli est simple à télécharger et à utiliser ». 

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Laura Flessel, ancienne championne d’escrime, est l’une des ambassadrice de l’appli Mentalo ©Jacob Khrist

Mal-être ado, les signes qui ne trompent pas

Pour Pierre-Adams, ambassadeur de Mentalo et étudiant en psychologie à l’Université Paris Cité, ce sont les injonctions à la perfection – corps parfait, look à la mode – qui mettent la pression aux jeunes dès l’entrée à l’école, et particulièrement sur les filles. « Ajouté à cela la pression scolaire, c’est l’angoisse ! ». Lucrèce souligne, elle, l’importance d’avoir son propre espace : « Quand on n’a pas sa propre chambre, ou l’occasion de se créer sa bulle, parfois on n’est pas bien ». 

Juju Fitcats, 29 ans, a connu la dépression et l’anorexie plus jeune, notamment à cause du harcèlement scolaire. « Revenir avec des affaires en moins de l’école, se renfermer alors qu’on est rayonnant, sont des signes qui peuvent donner l’alerte. Il faut alors créer un climat de confiance à la maison pour que les enfants puissent se confier ».

Les remèdes au mal-être des ados et jeunes adultes

C’est par le sport qu’elle a appris à se relever. Scientifiques comme sportifs le préconisent comme remède numéro un au mal-être. « Le rôle des parents est de motiver l’enfant à découvrir un autre environnement que l’école, où il va pouvoir s’épanouir et être valorisé ». Cela peut-être autre chose que le sport : la musique, la nature. Laura Flessel pointe l’hypersensibilité de la génération Z : «  Le surplus d’infos les fragilise mais en même temps, ils sont hyperintelligents  ». Il faut donc canaliser et stimuler cette intelligence. 

Face à ces situations délicates, le ministre Frédéric Valletoux encourage les parents à contacter un psy, pour permettre au professionnel de santé mentale de nouer un dialogue avec l’enfant. Le dispositif Mon soutien psy est d’ailleurs relancé en ce sens : des tarifs revalorisés pour les psychologues, et un nombre de séances remboursées plus important pour les jeunes patients. 

Et sinon, il y désormais Mentalo, « pour bien comprendre ce qui atteint les jeunes, les rend plus heureux ou plus forts !  » s’enthousiasme Karine Chevreul. « Et qui mènera à des actions pertinentes pour améliorer le bien-être mental de tous les jeunes  ». 

Cette initiative s’inscrit dans la démarche plus globale des nouvelles assises de la santé mentale voulue par le Président Emmanuelle Macron, et dont l’ambition est de se pencher sur les problèmes de santé mentale de tous les français. La prochaine étape se déroule en juin-juillet 2024, avec la tenue du Conseil national de refondation en santé mentale

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