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Place des Victoires, médaille d’or de l’improbable

Par Nathalie Brunissen - Mise à jour le

Place des Victoires film

Premier opus du réalisateur Yoann Guillouzouic, Place des Victoires, un film sociétal porté par le talentueux Guillaume de Tonquédec, souffre de ne pas être construit sur un scénario solide et crédible.

Place des Victoires : l’histoire

Bruno est dans une très mauvaise passe. Divorcé, il entretient des relations exécrables avec son ex-femme, qui le juge toxique pour leurs enfants et veut lui interdire purement et simplement de les voir. Il a perdu son emploi, ne sait plus comment joindre les deux bouts et accumule les impayés de loyer, au grand dam du propriétaire de son tout petit appartement qui ne cesse de le venir le harceler pour qu’il régularise sa situation. La goutte d’eau qui fait déborder le vase est le fait de se faire escamoter son portable par un petit Rom. Pris de fureur, Bruno retrouve peu après Gagic, le jeune auteur des faits et l’embarque de force chez lui, afin de le contraindre à lui rendre son bien. Ce que Gagic va accepter de faire rapidement.

De ces premières rencontres pas très cordiales, va paradoxalement naître une amitié qui va permettre à Bruno de sortir de son marasme et d’aller de l’avant. Une relation assez particulière puisque Gagic, qui ne va pas à l’école, exerce la profession de pickpocket à plein temps, maîtrise tous les rudiments de ce « métier » et va embarquer, contre son gré, son partenaire dans ses opérations de détroussage et de cambriolage…

A partir de quel âge ?

12-13 ans. Il faut une certaine maturité pour regarder Place des Victoires, afin de ne pas être tenté de prendre son message au premier degré !

L’avis de MAFAMILLEZEN

L’alliance de deux anti-héros cabossés par la vie donne parfois des œuvres magnifiques. Ce n’est malheureusement pas le cas ici, avec Place des victoires, censé être une fable humaniste mais qui passe complètement à côté de son objectif.

D’abord parce que sa trame est truffée d’invraisemblances grosses comme des camions qui la rendent tout sauf réaliste : comment imaginer qu’une personne puisse, même si elle est engluée dans un océan de problèmes personnels, « kidnapper » son jeune voleur et l’emmener chez elle afin de se faire restituer son téléphone ? Que la famille de cet enfant ne se soucie pas une seule seconde de ce qu’il est devenu ? Ou que ce binôme formé par les circonstances puisse joyeusement aller dévaliser en série les appartements parisiens sans que personne ne les remarque, ne s’en émeuve ni ne les arrête. Hautement impensable à notre époque où il y quasiment un vigile devant chaque magasin et des caméras dans à peu près tous les endroits qui existent sur la planète. On pense notamment à la scène où Gagic jette en toute tranquillité les peluches -qu’il a subtilisées pour le fils et la fille de Bruno- dans la cour d’un immeuble cossu.

L’évolution de Bruno, le personnage principal, n’est pas très convaincante non plus, de la posture du quadra border line, un brin violent et raciste à celle de l’être sensible. Dommage pour Guillaume de Tonquédec, qui est un acteur majeur et que l’on a adoré dans d’autres longs-métrages (notamment dans l’inoubliable Prénom, qui lui a d’ailleurs valu le César du Meilleur Second rôle). Et pour le petit Piti Puia, pétillant et ultra-naturel, qui semble taillé pour une carrière au cinéma tant il semble à l’aise à l’écran. Mais même les interprètes les plus vaillants ne peuvent pas sauver une histoire qui ne tient pas la route !

L’avis de Lucie G., qui a vue Place des Victoires avec ses enfants de 11 et 15 ans

Cette  histoire de duo improbable et fragile entre un jeune rom, Gadgik et ce quadragénaire bourgeois perdu dans ses problèmes familiaux et professionnels, Bruno, est intéressante car elle n’offre pas de solution magique, de leçon de morale ou de happy-end. Ici on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a en profitant des petits bonheurs qui traversent le brouillard, un film tout en nuances. Et finalement ce n’est pas forcément celui que l’on pense qui aide l’autre…

J’ai aimé ce film car il montre toutes les complexités de la vie, ces douleurs, on y entrevoit tous les niveaux de la société. Un peu comme dans un Road movie, c’est la relation entre les protagonistes qui prévaut, pas l’intrigue ou l’action. A noter la  bonne musique d’Amine Bouhafa. Ce qui peut été gênant dans le film, c’est qu’il ne se place pas du tout du côté de la morale. Du coup, avec des jeunes à qui on veut enseigner des règles de vie, c’est un dilemme. Mais c’est très bien joué, le jeune acteur est excellent.

Ma fille Eglantine a aimé ce film pour les dialogues d’abord. Les réparties entre le petit garçon et l’adulte sont parfois drôles, souvent truculentes. Elle a tourné la tête plusieurs fois car elle a eu peur pour les personnages du film, ce qui est bon signe, elle a eu peur avec eux, rit avec eux… Mon fils a également aimé ce film qui fait réfléchir sur notre société notamment à travers les quartiers parisiens. On y voit de très beaux immeubles haussmanniens et les soupes populaires, les immeubles avec les chambres au mois. On réalise que si on est en difficulté, tout s’accumule vite contre vous.

Je conseille ce film à partir de 10-11 ans.

 

Place des Victoires
Réalisé par : Yoann Guillouzouic
Avec : Guillaume De Tonquédec, Piti Puia, Richard Bohringer
Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h43
Au cinéma : le 6 novembre 2019
A partir de 11 ans

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