Présenté et primé à la prestigieuse Mostra à Venise, Paradise is Burning, le premier film de la réalisatrice Mika Gustafson, offre un tableau émouvant des derniers jours et instants passés ensemble par trois sœurs sur lesquelles plane la menace imminente d’être placées en famille d’accueil. Au cinéma le 28 août.
Paradise is Burning : l’histoire
Dans une banlieue populaire de Suède, Laura, Mira et Steffi, qui ont seize, douze et sept ans, sont livrées à elles-mêmes, sans leur père qui ne s’est jamais soucié d’elles, ni leur mère, partie sans crier gare il y a plusieurs semaines. Bien qu’excédée par cette lourde charge, Laura, l’aînée, la gère comme elle peut. En essayant de mettre du plomb dans la tête à Steffi, qui ne pense qu’à s’amuser et se comporte comme un bébé, tentant de quémander des aliments ou des fournitures à droite et à gauche, ou volant dans les magasins avec ses cadettes grâce à des plans dignes de pickpockets professionnels. Si chaque jour est un défi, les trois soeurs parviennent à vivre cahin-caha et n’oublient pas l’insouciance de leurs âges, partageant des fous-rires, des rituels, et profitant de leur liberté forcée pour s’adonner à ce qui n’est pas franchement autorisé, comme d’aller squatter les piscines de maisons inoccupées.
Mais un jour, Laura reçoit un appel des services sociaux l’avertissant de leur très prochaine visite à leur domicile. Or vivant seules sans aucun parent pour prendre soin d’elles, Laura, Mira et Steffi seront forcément séparées. Pour sauver ce qui peut l’être, Laura demande à Zara, sa voisine, puis à sa tante, de se faire passer pour leur maman afin d’éviter qu’elles soient éloignées les unes et les autres… Mais toutes deux refusent. La rencontre de Laura avec Hannah, une femme qui semble être en pleine dépression post-partum, va lui redonner de l’espoir…
A partir de quel âge ?
Pas avant 10-11 ans. Paradise is Burning est tout sauf triste, mais c’est une thématique assez grave qui l’infuse et le film n’est donc pas adapté aux plus petits.
L’avis de MAFAMILLEZEN
Il ne faut pas attendre de Paradise is burning un scénario très cadré et élaboré. On y trouve plutôt un patchwork de scènes de vie sans forcément de connexion entre elles, sinon l’issue de l’histoire que l’on pressent, et que la cinéaste Mika Gustafson a l’intelligence de ne pas faire figurer à l’écran. Mais ces séquences brillent par leur force, leur authenticité et ont par ailleurs une dimension sociale très intéressante. Dans les environnements familiaux où les parents et les proches qui pourraient leur servir de relais sont défaillants, immatures, indifférents ou transparents, les enfants sont obligés de prendre leur place et de grandir beaucoup plus vite qu’ils n’auraient dû le faire, et c’est précisément ce qu’illustre ce film.
Une autre des beautés de cet opus est de traiter cette thématique du délaissement à leur hauteur d’enfant, avec leurs ressentis, et non pas via le regard qu’un adulte pourrait porter sur ces événements. Même dans ces circonstances et avec ces responsabilités, Laura Mira et Steffi ne peuvent s’empêcher en effet de rester ce qu’elles sont, avec l’énergie souvent irréfléchie de leur jeunesse, leur insouciance et parfois un goût pour la provocation et pour l’interdit. Leur élan de joie et de vie n’est pas éteint ou assourdi par toutes les choses très lourdes qu’elle portent sur leurs épaules. Ni par le fait que l’une d’entre elles, à savoir leur aînée, sait que cette situation est malheureusement vouée à se terminer très bientôt…
Mais si Paradise is Burning séduit, malgré une trame un peu floue que certains spectateurs pourront juger déstabilisante, c’est également que ce long-métrage nous offre des beaux moments de complicité, entre les sœurs et de ce trio avec leurs copines, notamment autour des cérémoniaux qu’elles créent, pour les premières règles de Mira ou pour la perte de la dent de lait de Steffi. Elles font corps, au propre comme au figuré, afin de pallier les manques, les silences et atténuer les souffrances. A un moindre degré, on retrouve ce lien dans la relation entre Laura et Hannah, motivées, en dépit de leur différence de génération, par le souhait d’échapper à leur quotidien et aux contraintes qu’il implique.
On salue enfin la performance de Bianca Delbravo, la comédienne aux faux airs de Lucie Lucas, qui incarne avec fougue Laura, le personnage principal, mélange détonnant de maturité, d’impulsivité et d’insolence, dont c’est pourtant le tout premier rôle devant les caméras !
Paradise is Burning
Réalisé par : Mika Gustafson
Avec : Bianca Delbravo, Dilvin Asaad et Marta Oldenburg
Genre : Comédie
Durée : 1h48
Sortie au cinéma : le 28 août 2024
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