Après les études « Enfants et écrans » en 2008 puis « Les contenus ludo-éducatifs et les écrans » en 2010, l’Observatoire Gulli s’est penché sur les aspirations des familles. Son étude 2012 sur « La famille Re Liée » s’appuie sur les expertises du cabinet EA Ethnologie Appliquée et de TVMI/Aegis Media Solutions et met en exergue la quête d’équilibre des familles actuelles. A l’heure où « la famille n’est plus pérenne, et peut éclater d’un jour à l’autre », la cellule familiale favorise plus le consensus de ses membres.
La famille manque-t-elle de repères ?
Le monde extérieur est perçu comme intrusif, incertain voire menaçant. L’ Observatoire relève que l’accélération du rythme de vie contribue à bousculer la vie de famille. «La société est transformée par le nouveau rapport au temps, dont l’accélération menace autant la sphère publique que la sphère privée. Les activités des membres du foyer, les horaires à respecter et à faire coïncider constituent une lourde charge et un défi quotidien » indique l’Observatoire.
Quelles sont les quatre postures familiales qui coexistent ?
Alors que les fondations de la famille évoluent, cette dernière n’en est pas moins ressentie comme un rempart. L’étude met en avant quatre expressions familiales qui coexistent les unes avec les autres et peuvent aussi se superposer :
– La posture de construction – Les familles partenaires : la communication, l’écoute et le dialogue deviennent les clés de voûte de la famille et de l’épanouissement de l’enfant.
– La posture de rétraction – Les familles remparts : la famille cherche unité et soutien, et réaffirme ses valeurs et ses convictions communes.
– La posture de consolidation – les familles reconnectées : les temps et les espaces communs sont valorisés dans le sens du partage et « faire ensemble ».
– La posture d’évasion – les familles hédonistes : la quête de plaisir, valeur centrale, est généralisée. Les moments de plaisir partagé doivent concilier individuel et plaisir collectif.
Qu’est ce qui a changé dans les relations familiales ?
L’union de la famille ne va plus de soi : c’est une conquête permanente à maintenir tandis que l’environnement social n’offre plus un consensus auquel chaque famille pourrait se conformer. De même, la séparation entre l’intime et le public, entre l’espace du foyer et le monde extérieur, n’est plus assurée.
L’étude souligne d’ailleurs que « c’est dans la famille recomposée que s’expérimentent le mieux les nouvelles relations familiales » : les enfants doivent composer avec la culture et le style de vie en vigueur dans deux foyers. « La famille est ressentie comme quelque chose de choisi » confirme Anne Vaglio, responsable des études de Lagardère Active. « On fait l’effort de ce dire qu’on est bien ensemble. La notion de partage entre les parents et leurs enfants est aussi devenue importante. Même si cela peut déstabiliser certaines familles, la relation parents-enfants n’est plus seulement verticale. Pourtant, cela ne signifie pas qu’on va à l’encontre de la notion d’autorité . On n’est plus non plus dans le règne de l’enfant-roi. »
Quelle est la place de l’enfant aujourd’hui ?
La relation à l’enfant, socle de la famille, est fondée sur le dialogue et l’adhésion. Sur des points comme l’utilisation du portable, la connexion à internet ou les sorties, les parents tentent d’ adopter une attitude pragmatique : contrôler le mouvement tout en évitant la rupture. D’autant que les choix opérés par d’autres familles ainsi que les autres comportements ou modèles auxquels sont confrontés les enfants nuancent, relativisent voire contredisent les choix des parents.
L’étude est-elle représentative ?
« Vingt entretiens ont été menés à domicile au sein de vingt familles (avec majoritairement des enfants entre 4 et 14 ans), traditionnelles, monoparentales ou recomposées, en Ile-de-France, à Avignon et Nantes » précise Anne Vaglio. « Ensuite , les points de vues ont été confrontés par groupes, à Paris et Metz. Nos partenaires ont aussi entendu les grands-mères afin qu’elles expliquent ce qui avait changé dans la façon d’éduquer les enfants. » A cette partie exploratoire, la préparation des conclusions de l’étude a donné lieu à une recherche sociologique sur la famille.
Comment ces études influencent-t-elles la stratégie de chaînes comme Gulli ?
« Ces études nous permettant de mesurer régulièrement si l’on est dans la bonne direction. Une meilleure connaissance de nos publics nous permet d’anticiper les évolutions des antennes, de prendre en compte les attentes » assure Antoine Villeneuve, directeur général des chaînes de Lagardère Active. Concrètement, une chaîne comme Gulli, diffusée sur la TNT, a développé sa stratégie à l’antenne et hors-antenne dans le souci de devenir une marque et une destination de divertissement familial.
De quelles manières ?
Lancé à Bry-sur-Marne en région parisienne, le parc à thème Gulli Parc répond par exemple à la posture hédoniste de plaisir partagé en famille. « Courant 2013, un deuxième parc doit être lancé en région » nous annonce Antoine Villeneuve. « Cette approche autour des loisirs en commun est la même lorsque nous lançons notre service de télévision de rattrapage Gulli Replay sur la XBox 360. Aujourd’hui, les consoles rapprochent parents et enfants ».
Gulli s’adapte dans le même temps à l’évolution des usages et de la consommation de la télévision. A la rentrée 2012, la chaîne a ainsi lancé sa propre tablette pour enfants qui propose, outre une connexion à internet sous contrôle parental, des contenus embarqués.
La participation des familles aux émissions ou événements Gulli est essentielle pour la chaîne : elle vient d’ailleurs de lancer l’appel à candidatures pour le Prix du Gulli du Roman. Les jeunes lecteurs de 9 à 12 ans, accompagné d’un adulte, ont jusqu’au 15 février pour devenir membres du jury. Les inscriptions sont ouvertes sur le site de la chaîne.
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