Tourné à la Réunion, avec deux têtes d’affiche originaires de l’île et largement dialogué en créole, le film Marmaille met en exergue un frère et une sœur abandonnés par leur mère qui vont lutter, chacun à leur manière, pour retrouver un équilibre. Au cinéma le 4 décembre. On vous offre des places dans l’espace Concours !
Marmaille : l’histoire
Audrey, maman adolescente d’un bébé de quatre mois et Thomas, quinze ans, son frère cadet, sont mis à la porte du jour au lendemain par leur mère. Grâce à l’intervention de l’assistante sociale, ils vont finalement atterrir chez Christophe, leur père, qu’Audrey n’a fait qu’entrevoir à quelques reprises. Il ne les a pas élevés, alors qu’il habite pourtant à quelques kilomètres de ce qui était leur appartement. Mais il leur est difficile pour Audrey et Thomas de trouver leur place dans cette famille recomposée où ils se sentent comme des étrangers, et où on a tendance à les percevoir comme tels.
Sans argent, sans soutien, Audrey doit se battre pour trouver un job, subvenir aux besoins de sa fille et tenter de se dégager de l’emprise de Rudy, le papa de cette dernière, un jeune homme à la personnalité toxique, à la fois oisif et brutal. Incapable de gérer ses émotions, notamment sa douleur d’avoir été délaissé, tenaillé par une violence qu’il n’arrive pas à maîtriser, Thomas va quant à lui va atterrir dans un foyer qu’il considère comme la « dernière étape avant la prison ».
Il ne trouve d’exutoire que dans le break dance, sport dans lequel il excelle. S’il gagne la Battle of the Year (BOTY) qui a lieu dans quelques semaines, il pourra partir à Montpellier, dans l’Hexagone, pour participer à la finale nationale. Mais son comportement de plus en plus explosif et ingérable l’empêchera peut-être de mener à bien ce projet…
A partir de quel âge ?
On peut voir Marmaille dès 11-12 ans.
L’avis de MAFAMILLEZEN
Marmaille a le charme des premières fois. C’est le premier film de son réalisateur, Grégory Lucilly, le premier opus réunionnais à sortir en salles en métropole, le premier également dans lequel jouent ses interprètes principaux, Maxime Calicharan et Brillana Domitile Clain.
Un casting bien composé puisque ces comédiens débutants font preuve d’une sincérité qui est un atout pour ce long-métrage. Toujours sur le point de déborder, une colère sourde affleure chez le premier. L’obstination est constante chez la seconde, qui est prête à tout pour se forger une existence normale et y intégrer son frère. Malgré les incessants chaos qui ponctuent leur quotidien, on sent que leur complicité et leur proximité sont inaltérables. Et leur jeu apparait d’autant plus vrai que tous les acteurs – ou presque – jouent en créole (sous-titré en français), une langue qui reste parlée par huit habitants sur dix dans ce département d’outre-mer.
Il est appréciable aussi que Marmaille montre, à travers les évènements auxquels sont confrontés ses protagonistes, que la Réunion n’est pas qu’une carte postale paradisiaque. Le film illustre en effet certaines réalités sociales de ce territoire, où plus d’un tiers de la population se situe en dessous du seuil de pauvreté.
On peut déplorer néanmoins certaines faiblesses du scénario, pas assez étayé à certains égards, par exemple sur la fonction de catharsis que joue le break dance pour Thomas. Certains fils sont à peine tirés mais pas assez tissés !
On regrette également que plusieurs personnages comme Nadine, la conjointe de Christophe, et surtout celui de Marie-Davina, la mère de Thomas et d’Audrey, soient bien trop peu développés. Il est regrettable d’ailleurs que cette dernière pâtisse d’une conception « genrée » de la parentalité. Le scénario la catalogue comme défaillante et agressive. Elle est celle qui mérite « deux baffes », dixit Marie-Anna, la tante d’Audrey et de Thomas, parce qu’elle laisse ses enfants livrés à eux-mêmes. Tandis que Christophe, leur père, est valorisé car il choisit finalement de se mobiliser pour eux (sans pour autant continuer à les garder sous son toit)… Alors que c’est son ex-compagne qui s’est occupée de ses deux enfants en solo depuis leur naissance, quand lui choisissait de partir en métropole sans se soucier de ce qu’ils devenaient. On ne peut pas s’empêcher de penser qu’il y a une forme de sexisme dans cette vision. Si l’on reste sur cette idée, une « bonne mère » est celle qui est présente inconditionnellement alors qu’un « bon père » peut choisir ses moments et même disparaitre pendant des années… Dommage car le reste des relations humaines est plutôt bien dessiné.
Marmaille
Réalisé par : Grégory Lucilly
Avec : Maxime Calicharan et Brillana Domitile Clain et Vincent Vermignon
Genre : Drame
Durée : 1h32
Sortie au cinéma : le 4 décembre 2024
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