Porté par son humour et ses impeccables interprètes, le film Les Barbares de Julie Delpy, qui relate l’arrivée d’une famille syrienne au cœur d’une paisible commune bretonne, dépeint avec finesse les peurs qui nous gouvernent face à l’inconnu. Au cinéma le 18 septembre. Et on vous offre des places dans l’espace Concours !
Les Barbares : l’histoire
Paimpont, riante bourgade située sur le périmètre de la forêt de Brocéliande, coule des jours heureux. Mais le déclenchement de la guerre en Ukraine et la décision de Sébastien Lejeune, le maire, de recevoir dans sa commune des réfugiés, fragilisent ce bel équilibre. Parce que beaucoup (trop) de villes se sont portées candidates à leur accueil, ce ne sont finalement pas des migrants venus de l’Est, mais six Syriens qui débarquent sur place, avec tous les préjugés qu’on leur associe.
Très rapidement, leur installation va faire émerger des désaccords parmi les habitants qui formaient déjà une communauté assez hétéroclite. S’y côtoient en effet des personnalités aussi différentes que Joëlle, professeure des écoles de gauche, qui est de tous les combats contre le racisme, le sexisme, pour les droits humains et l’écologie. Hervé, le plombier bourru et facho, qui s’improvise grand défenseur de la culture bretonne face aux envahisseurs, alors qu’il est alsacien d’origine. Anne, la meilleure amie de Joëlle, qui tient l’épicerie locale et noie ses frustrations dans l’alcool. Son mari Philippe, pas très ouvert d’esprit, excepté aux charmes de Marylin, la charcutière. Ou encore Johnny, le garde-champêtre, qui porte le prénom de son idole absolue.
Petit à petit, les actes anonymes envers les arrivants vont se multiplier, les tensions grandir jusqu’à atteindre un point de retour…
A partir de quel âge ?
Les Barbares est une comédie que vous pouvez aller voir avec vos enfants dès 9-10 ans.
L’avis de MAFAMILLEZEN
Sur ce genre de scénario, on pouvait légitimement craindre le pire. On se souvient ainsi il y a sept ans du désastreux -pour ne pas dire cataclysmique- A bras ouverts, signé par Philippe de Chauveron, le réalisateur de la trilogie de Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? Mais c’est heureusement avec drôlerie et subtilité que Julie Delpy, la réalisatrice, qui incarne également Joëlle dans le film, aborde cette thématique des préjugés racistes.
July Delpy ne cède en effet à aucune binarité, entre ceux qui seraient d’un côté les super gentils et de l’autre les horribles méchants. Tout le monde en prend pour son grade, se voit égratigné sur ses travers, excès et petites lâchetés, y compris son propre personnage, censé pourtant être le plus altruiste du nombre. Un équilibre qui donne du relief et des accents de vérité à ce long-métrage. Car les phrases qui y sont prononcées ressemblent à s’y méprendre à celles qu’on peut entendre dans la vraie vie et traduit toute la difficulté que l’on a à appréhender et à accepter les différences de culture.
Ce qui est aussi assez bien fait et peu fréquent dans une comédie est la description de la famille syrienne qui est, pour une fois, regardée sans verticalité ni misérabilisme. On est par exemple sensible à la douleur du déracinement qu’exprime Marwan, le père, et à l’humiliation que lui inspire le fait de ne pas pouvoir exercer son métier originel d’architecte.
Julie Delpy s’entoure enfin d’une très belle distribution. On retrouve la toujours excellente Sandrine Kiberlain, Laurent Laffite qui se régale de sa partition de sale type xénophobe, India Hair, l’actrice vue dans Mandibules de Quentin Dupieux, qui incarne Géraldine, sa femme, pas si soumise qu’elle en a l’air. Et aussi Jean-Charles Clichet, dans la peau du maire un peu mou du genou à la recherche du coup de com, mais peureux lorsqu’il s’agit d’en assumer les conséquences. Ou encore Albert Delpy, le père de la cinéaste, irrésistible retraité façon électron libre, qui adore empêcher les autres de tourner en rond.
On regrette simplement certaines facilités dans l’intrigue, comme le twist final qui va tout dénouer et résonne de manière moins authentique que le reste. Car si les happy-ends se produisent parfois dans le monde réel, ils ont tendance, à cause de la polarisation actuelle des idées, à être de plus en plus rares !
Les Barbares
Réalisé par : Julie Delpy
Avec : Sandrine Kiberlain, Laurent Laffite et Ziad Bakri
Genre : Comédie
Durée : 1h41
Sortie au cinéma : le 18 septembre 2024
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