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Le Petit Piaf, l’oiseau rare de Gérard Jugnot

Par Bénédicte Flye Sainte Marie - Mise à jour le

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Douzième opus de l’ex-Bronzé, Le Petit Piaf, réalisé par Gérard Jugnot, qui arrive en salles le 21 décembre, s’attache à dépeindre avec tendresse la relation entre Nelson, un garçon joué par le vainqueur de la sixième saison de The Voice Kids Soan Arhimann, qui ambitionne de faire carrière dans la chanson, et un artiste sur le retour, campé par Marc Lavoine. Notre avis sur le film, et notre rencontre avec le réalisateur et les acteurs.

Le Petit Piaf, l’histoire

Nelson a dix ans et vit à l’ile de la Réunion. Pas foncièrement passionné par l’école, il n’hésite pas à revoir à la hausse les notes de ses copies avant de les faire signer à Ella, sa mère qui l’élève seule et a sacrifié beaucoup de choses pour lui. En revanche, s’il y a un domaine où il mérite uniquement des 20 sur 20, c’est le chant. Tellement, d’ailleurs, qu’il a envoyé sans rien dire à personne une vidéo démo à l’émission Star Kids, qui se tourne en métropole, et qu’il a été retenu pour participer à celle-ci. Mais pour Mia et Zizou, ses meilleurs amis, deux herbes folles qui grandissent sans adulte, il est inconcevable qu’il se jette dans le grand bain sans avoir au préalable été coaché par un professeur digne de son nom.

La chance fait que la bande de copains tombe nez à nez, dans l’hôtel où travaille Ella, avec Pierre Leroy, un homme qui a connu autrefois un énorme mais unique succès discographique. Les enfants vont alors lui demander de donner des cours à Nelson. Mais Pierre, que sa gloire perdue a rendu amer, ne l’entend pas du tout de cette oreille. Pour notre trio, parvenir à le convaincre va donc être une mission délicate à relever… Et ce n’est pas le seul obstacle qu’il va devoir franchir puisque la maman de Nelson, pourtant amoureuse elle aussi de la musique, est farouchement opposée à son projet, et veut qu’il  fasse des études « sérieuses ». Mais Zizou, Mia et Nelson vont déployer des trésors d’inventivité pour atteindre leurs objectifs…


A partir de quel âge ?

5-6 ans. Le Petit Piaf est une sorte de fable feel good qui peut être vue par tous.

L’avis de MAFAMILLEZEN

En voyant les premières minutes du Petit Piaf, on peut avouer qu’on a redouté le pire, à savoir de se voir proposer un scénario aux accents caricaturaux, avec cette histoire de complicité entre le chanteur aigri et désabusé, qui va retrouver le goût de la vie et l’envie de faire son métier par la magie de ses échanges avec un gamin prodige. Et de l’autre côté, cette graine de star qui va pouvoir embrasser son destin grâce à cette rencontre. On a pu tiquer aussi au départ sur quelques détails. Par exemple sur le fait que ce film conjugue certains stéréotypes : Monsieur Lepetit, le patron d’hôtel au grand cœur (interprété par Gérard Jugnot), est blanc alors qu’Ella (Stéfi Celma), qui se charge du ménage dans son établissement quatre étoiles, est -forcément- métisse.

Mais, passés ces débuts et ces réticences initiales, la mélodie du Petit Piaf finit par nous emporter. Sans doute parce qu’on y retrouve la générosité qui caractérise le cinéma de Gérard Jugnot, réalisateur qui choisit toujours de privilégier les récits porteurs d’espoir. L’ancien complice de Christian Clavier, Josiane Balasko, Marie-Anne-Chazel et Thierry Lhermitte définit d’ailleurs Le Petit Piaf « comme un mélange entre Les choristes et (son) film Meilleur espoir féminin ».

Mais si cela fonctionne, c’est aussi parce que l’aréopage de jeunes comédiens est convaincant, notamment Soan Arhimann (Nelson), qui est sobre et juste. Quant à Marc Lavoine, il est non seulement impeccable dans son rôle, mais il a également accepté de se tourner en dérision avec ce personnage de faiseur de tubes has been qui ne croit plus en rien ni personne, et cherche désespérément à retrouver sa place au soleil. Sa présence et celle d’autres interprètes comme Stéfi Celma ou Phillipe Dusquesne, excellent dans la peau d’Hubert, le chauffeur de van-taxi hippie complètement perché, font qu’on y croit et qu’on verse même une petite larme en chemin !

Rencontre avec les acteurs du film Le Petit Piaf

Nous avons eu la chance rencontrer Gérard Jugnot, Marc Lavoine, Soan Arhimann et Stéfi Celma, les quatre interprètes principaux du Petit Piaf.

Soan, on te connaissait chanteur, on te retrouve acteur. Comment s’est produit ce glissement ?  Est-ce que c’était ton désir depuis longtemps ?

Soan Arhimann : Ça s’est fait un peu naturellement. J’avais participé à The Voice Kids en 2018 et après la demi-finale, les producteurs du film m’ont vu et m’ont proposé de passer les castings. Et comme j’étais à Paris à ce moment-là, avec mon père, on s’est dit qu’on allait tenter. Je n’avais pas forcément cette envie à la base, mais maintenant j’aime beaucoup… Mais c’est pareil pour la musique, je n’ai jamais voulu absolument devenir chanteur. Même maintenant, ce n’est pas mon but ! Les gens qui m’entourent m’ont toujours dit qu’il ne fallait pas forcer le destin. Alors, j’essaie juste de m’amuser, d’en profiter au maximum car c’est un rêve que je vis.

©Gaumont

Stefi, comment décririez-vous Ella, la maman du Petit Piaf que vous incarnez ?

Stéfi Celma : Comme une femme forte, à l’image de toutes celles aujourd’hui qui se retrouvent à élever leurs enfants seules et qui doivent jouer tous les rôles. On sent que la musique lui parle. On la voit d’ailleurs chanter. On sent que c’est quelque chose qui la touche. Mais comme beaucoup de parents, surtout quand on n’est pas issu de ce milieu -ce qui est le cas des miens qui viennent de l’Education Nationale-, quand ton enfant te dit « je veux être artiste », ça peut être un choc, parce qu’il y a une méconnaissance de la manière dont ça fonctionne. Je peux comprendre que ça puisse faire peur parce que dans ce métier, il y a peu d’élus. On doit d’une part beaucoup travailler, mais aussi trouver son « moment » en tant qu’artiste… C’est pour ça que même si Ella en rêverait pour elle, elle ne veut pas faire germer des illusions dans la tête de son enfant.

©Gaumont

Et toi, Soan, quel regard portes-tu sur Nelson ?

Soan Arhimann : Je le vois comme un petit garçon qui a de très grands rêves, mais qui a pas mal de problèmes avec sa maman. Il n’est content que quand il chante, mais elle ne souhaite pas qu’il chante. Entre être heureux et rendre sa mère heureuse, c’est un vrai dilemme…

Gérard, qu’est-ce qui vous guide dans le choix de vos réalisations ? Qu’est-ce qui fait qu’un sujet retient votre attention ?

Gérard Jugnot : Le Petit Piaf, c’est Meilleur espoir masculin, comme une suite à mon Meilleur espoir féminin. Parce que ce sont toujours plus ou moins les mêmes thèmes autour desquels je gravite, ceux de la transmission et surtout de la passion. Ce qui m’intéresse aussi, c’est de prendre des situations bloquées où tout va mal, mais qui vont finalement se dénouer. Au début, je suis à la ruine, le chanteur est à la ramasse -un peu moins pire que Marc Lavoine dans la vie quand même ( rires)- et grâce à l’humanité, elles vont se décanter. J’aime beaucoup les chansons, je trouve qu’elles parlent en trois minutes de choses graves, tristes ou belles. La musique arrondit les angles. Le cinéma, grâce à la comédie, c’est un peu la même chose. C’est une façon de remettre d’équerre des vies qui ne vont pas. Le rire, c’est un médicament et un soin…

Marc Lavoine : Je connais bien l’œuvre de Gérard, mais ce que j’ai réalisé en tournant avec lui, c’est qu’on y observe toujours le même phénomène : quand ses films s’arrêtent, une autre vie commence. On y trouve toujours des raisons de continuer et d’exister. C’est génial et ça vous laisse le choix d’imaginer la suite..

Marc, avez-vous une tendresse pour les artistes tombés dans l’oubli, comme l’est Pierre Leroy, et en avez-vous croisé beaucoup dans votre carrière ?

Marc Lavoine : Oui, je les adore, j’ai d’ailleurs écrit une chanson qui s’appelle Chanteur de bal. Ce sont des chagrins itinérants. Je les considère sans mépris, désinvolture ni cynisme, parce que je déteste ça.. Je les aime beaucoup, ils sont modestes, ils travaillent. Dans Quand j’étais chanteur, le film de Xavier Gianoli, on voit le regard de Cécile de France qui change, que sa vie change, grâce justement à un chanteur qualifié de ringard. Je suis donc très heureux de camper ce personnage car il y a des jours où je me dis que c’est miraculeux que ça continue….

Le Petit Piaf
Réalisé par : Gérard Jugnot
Avec :
Marc Lavoine, Soan Arhimann et Stéfi Celma
Genre : comédie dramatique, musical
Durée :
1h35
Sortie au cinéma : 
le 21 décembre 2022

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