La vie de couple n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Et quand l’entité que l’on formait jusqu’ici à deux s’agrandit et que le couple conjugal, avec l’arrivée des enfants, se transforme en couple parental, c’est une autre histoire qui commence, souvent moins pétillante. Dans son livre « Le couple parfait n’existe pas. Eloge de l’imperfection amoureuse », la thérapeute de couple et sexologue Cécilia Commo nous explique que le concept d’amour a depuis toujours été idéalisé et pendant longtemps « codifié », au point de perdre de vue la réalité. Car dans la vraie vie, le couple parfait n’existe pas, et sur le long terme, il y a forcément des hauts et des bas, et chacun devra faire des concessions. Et c’est normal ! Rencontre.
Quelles sont les erreurs à éviter pour préserver son couple quand on est parent ?
Cécilia Commo : L’erreur facile à faire c’est celle qui consiste à engloutir son couple conjugal sous son couple parental. Les enfants prennent une place psychique et physique de plus en plus importante dans la vie d’un couple, et bien souvent on ne s’en rend même pas compte. Je vois beaucoup de parents qui culpabilisent s’ils s’octroient une place en tant que couple qui grignote sur celle de la famille. Les vacances seuls à deux, par exemple, ne sont pas évidentes à gérer ; à la fois sur le côté pratique, mais aussi sur le côté psychique. Même loin de leurs enfants, certains couples parlent enfants ou pensent enfants en permanence.
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Les femmes ont-elles le même niveau d’exigence que les hommes par rapport au couple ?
Cécilia Commo : Je n’ai jamais soupesé. Mais les exigences existent de part et d’autres, elles sont justes différentes. Les femmes vont attendre que leur conjoint s’investisse dans la cellule familiale ; les hommes vont espérer que leur conjointe ne déserte pas la cellule couple. Chacun d’eux espère souvent combiner des éléments qui sont parfois contradictoires entre eux : confort de la relation et impétuosité, sécurité et imprévu, prévisibilité et inattendu.
Les couples recomposés appréhendent-ils le couple autrement ?
Cécilia Commo : Cela dépend de ce qu’ils ont fait de leur précédente histoire. Comment ils l’ont intégrée, analysée, quels enseignements sur eux (et non sur l’autre) ils en ont tirés. Si le couple précédent n’est pas revisité dans ses réussites et ses échecs, si on n’est pas sorti de ce couple en ayant appris des choses sur soi, sur qui on est, sur ce que l’on désire vivre, il est probable que l’on ne soit pas très différent, peu importe le nombre de couples qu’on formera.
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Que pensez-vous de ces couples qui décident de vivre séparément ?
Cécilia Commo : Si c’est le mode de vie conjugale qui leur convient, je n’en pense que du bien. L’essentiel n’est pas de se conformer à un modèle, l’essentiel est de s’autoriser à vivre son propre modèle. C’est en suivant le modèle des autres que l’on se perd.
Pourquoi les femmes et les hommes ont-ils le réflexe « sites de rencontres » sitôt après une rupture ?
Cécilia Commo : Je ne rencontre pas vraiment cela, au contraire, je dirais presque c’est l’inverse. Il faut souvent les persuader d’aller à la rencontre d’autres personnes. Ils y vont plutôt à reculons dans un premier temps, un peu désabusés, parfois usés d’une précédente relation. On sort rarement d’une relation frais et ragaillardi, sauf si cette séparation marque la fin d’un couple éteint depuis déjà très longtemps.
Faut-il oublier quelques-unes de ses illusions et revoir son niveau d’exigence pour réussir sa vie de couple ?
Cécilia Commo : Les illusions sont bonnes dans un premier temps : elles nous permettent de nous projeter vers la relation amoureuse. Elles peuvent néanmoins nous rendre effectivement exigeants et disqualifier l’autre parce qu’il ne correspond pas totalement au portrait que l’on a dressé. C’est la rencontre avec la réalité d’une humanité différente qui reste délicate. L’autre ne peut pas et ne doit pas être le miroir de nos désirs. C’est à nous d’accepter qu’il ne sera pas toujours au rendez-vous qu’on lui a fixé. À nous aussi d’accepter que notre incomplétude ne se suffit pas d’une seule personne pour évoluer.
Est-il possible de passer toute sa vie ensemble encore aujourd’hui ?
Cécilia Commo : J’imagine que oui pour un certain nombre de personnes. Mais passer sa vie ensemble ne signifie pas que l’on soit heureux. Cela ne dit rien sur la relation qu’on entretient. On peut rester avec quelqu’un par peur de la solitude, par angoisse de la séparation, par résignation, mais aussi par plénitude et bien-être. La durée d’une relation n’est pas corrélée à la qualité d’une relation. Il est un peu faux de croire qu’avant, on passait toute sa vie avec la même personne : la mortalité bien plus précoce qu’aujourd’hui entrainait beaucoup de personnes à vivre plus d’une histoire conjugale dans une vie.
Le couple parfait n’existe pas. Eloge de l’imperfection amoureuse, chez Flammarion, publié le 26 janvier 2022, 18 € – Commander sur la Fnac ou Amazon.
« Les histoires d’amour finissent mal, en général… », chantent les Rita Mitsouko. Si l’aventure amoureuse démarre souvent sous le signe de la passion et de la fusion, elle se transforme avec le temps en une réalité beaucoup plus tiède. Et peu de couples y échappent. Face au quotidien et à l’arrivée des enfants, face à une baisse de libido, aux disputes, à l’infidélité, comment concilier image du couple idéal et réalité ? Entre mythe amoureux et histoire idéale, Cécilia Commo donne les clés pour comprendre les mécanismes du couple et accepter ses évolutions sans culpabiliser. A la lumière des confidences faites dans son cabinet, elle analyse nos habitudes et nos attentes dans cette aventure qu’est la vie à deux, avec lucidité et parfois crument, mais toujours avec bienveillance. Elle nous amène à une réflexion sur le couple en général, et notre couple en particulier.
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