Le château solitaire dans le miroir, adaptation du livre-culte éponyme de Mizuki Tsujimura qui s’est vendu au Japon à plus d’un million d’exemplaires et y a remporté plusieurs prix, réalisé par Keiichi Hara, associe l’évocation de la rupture scolaire à un fil rouge fantastique qui illustre en creux le concept de résilience. Au cinéma à partir du 6 septembre.
Le château solitaire dans le miroir : l’histoire
Il se passe parfois des choses mystérieuses dans la chambre des enfants. Un jour, alors que Kokoro, douze ans, se trouve devant son bureau, sa glace en pied se met à dégager d’étranges rayons irisés. Elle a sitôt approché ce miroir qu’elle y est aspirée toute entière, et se retrouve transportée dans un château, perché sur un éperon rocheux et isolé en pleine mer. Elle y est reçue par une intimidante petite créature portant un costume de chaperon rouge et un masque de loup, ainsi que par six adolescents. Deux filles, Aki et Füka, et trois garçons, Ureshino Masamuné et Rion, qui ne savent pas plus qu’elle la raison de leur présence dans cette enceinte.
Rapidement, la maitresse des lieux leur explique qu’ils disposent d’un an durant lequel ils peuvent revenir sur place aussi souvent qu’ils le souhaitent -mais exclusivement entre neuf et dix-sept heures- pour dénicher la clé qui leur permettra d’exaucer leur vœu le plus cher. En côtoyant ce groupe, Kokoro, qui ne va plus au collège après y avoir été harcelée pendant des mois, va réaliser que tous ses nouveaux camarades souffrent comme elle de phobie scolaire. Parce qu’ils ont enfin trouvé un endroit où ils n’ont pas peur d’être jugés, ils vont se laisser progressivement aller à des confidences, et créer les uns avec les autres des liens d’amitié. Une complicité qui va les aider, dans la vraie vie, à s’affirmer. Mais le temps passe et ils doivent trouver le fameux sésame avant que le délai imparti soit écoulé…
A partir de quel âge ?
Pas avant 11-12 ans. Certains « épisodes » de ce Château solitaire dans le miroir sont susceptibles de heurter les plus jeunes
L’avis de MAFAMILLEZEN
Souvent, lorsqu’ils s’attaquent à un sujet de société, les films l’abordent de manière très frontale. Ici, l’approche est différente et originale : pour dépeindre les épreuves subies au cœur de leur établissement par les personnages du Château solitaire dans le miroir, l’anxiété sociale et la déscolarisation qui en ont découlé, cet opus esquisse plutôt qu’il ne martèle, suggère plus qu’il ne montre, dans une volonté délibérée d’éviter le voyeurisme, le pathos ou de nous asséner des leçons de morale. L’ensemble de ce film d’animation est d’ailleurs construit comme ça : ainsi, on devine plutôt qu’on ne voit, que l’une de ses protagonistes a été confrontée à un viol.
La superposition entre les séquences ancrées dans le quotidien des adolescents, et celles qui se déroulent dans ce château fantastique, est également très habile. Et elle permet d’illustrer avec poésie et finesse le rôle que peut jouer l’imaginaire, espace de liberté et havre de paix et de sérénité par rapport à la dureté du réel, dans le fait de parvenir à s’extraire des situations qui nous enferment, d’accepter de voir en face les douleurs que l’on refoule, de trouver les mots pour les verbaliser auprès de ses proches et de commencer à s’« autoréparer ». Et dans cette demeure onirique, nos sept héros peuvent en outre exprimer ce qu’ils sont vraiment, au-delà de leur statut d’exclus et de victimes. Un choix de thématique particulièrement pertinent de la part de Keiichi Hara quand on sait que le Japon est le pays de la souffrance à l’école par excellence : 514 élèves y ont volontairement mis fin à leurs jours l’an dernier.
Le château solitaire dans le miroir offre enfin une métaphore du chemin que constitue le deuil, décrivant les voies par lesquelles les morts peuvent aider les vivants, les inconsolés à accepter d’être ceux qui restent…
Les seules critiques que l’on peut adresser à ce film d’animation est le côté un peu répétitif et statique des scènes au château, excepté au moment de l’épilogue, et sa longueur – presque deux heures. Condensé, il aurait certainement été encore plus réussi et enthousiasmant.
Le Château solitaire dans le miroir
Réalisé par : Keiichi Hara
Genre : Animation, drame, fantastique
Durée : 1h56
Sortie au cinéma : le 6 septembre 2023
A partir de 11 ans.
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