Adapté d’un manga de Takashi Imashiro, Anzy chat-fantôme, réalisé par Yôko Kuno et Nobuhiro Yamashita, qui a été présenté au Festival de Cannes, conjugue avec bonheur le trait classique des animés japonais et une réjouissante forme d’insolence. Au cinéma le 21 août.
Anzu chat-fantôme : l’histoire
Karin a onze ans. Elle a perdu sa mère, emportée par une maladie il y a trois ans, et doit désormais se séparer aussi de son père. Perpétuellement endetté, noyé dans ses excès, il a en effet décidé de laisser Karin chez son grand-père, qui est moine dans une petite bourgade japonaise de bord de mer. Sur place, l’aïeul confie ensuite sa petite-fille aux bons soins d’Anzu, le chat-fantôme avec lequel il cohabite dans son temple.
Enorme, étonnant et très guilleret, ce matou a la particularité de se déplacer et de parler comme un humain, de rendre de multiples petits services aux personnes de son village, de rouler sans permis sur un scooter, et aussi et surtout de ne jamais mourir malgré ses trente-sept printemps bien tassés ! Entre la jeune citadine malheureuse et déphasée à cause des chagrins successifs auxquels elle a fait face et Anzu, un bon vivant à l’humour un peu lourdaud, le courant a au départ du mal à passer, voire à ne pas circuler du tout…
Mais la quête dans laquelle va se lancer Karin, qui cherche désespérément à avoir des nouvelles de son père et va se mettre en tête de partir sur ses traces à Tokyo, va les rapprocher. Ensemble, il vont rencontrer et affronter des drôles de créatures, notamment un Dieu du Malheur édenté qui fait plutôt pitié, et une horde cruelle de suppôts du démon, si ce n’est le Diable lui-même…
A partir de quel âge ?
On conseillera de ne pas emmener voir Anzu chat-fantôme avant 8 ou 9 ans. Si l’on en croit les réactions des enfants présents lors de la séance, il y a des scènes de bagarre qui peuvent être très/trop impressionnantes pour les plus petits !
L’avis de MAFAMILLEZEN
Anzu chat-fantôme est un drôle d’animal mais il a tout pour séduire. S’il choisit un fil rouge très classique, le deuil (ici le décès de la maman de Karin), comme c’est fréquemment le cas dans les films d’animation japonais, comme dans le Garçon et le héron de Hayao Miyazaki, il s’affranchit en revanche de beaucoup des codes qui président d’habitude à la fabrication des opus de ce type, notamment de leur côté très lisse, parfois compassé. Là, Anzu passe son temps à faire des vannes nulles qui le font beaucoup plus rire qu’elles n’amusent les autres, pète sans gêne quelle que soit l’assemblée qui l’entoure, et fait même pipi en public. Et le tandem utilise un langage assez fleuri qui n’est lui non plus pas très habituel. Si Anzu est disruptif, Karin l’est donc aussi et on aime cette héroïne qui ne coche pas toutes les cases de la perfection cinématographique.
C’est d’autant plus réjouissant que l’univers graphique de ce long-métrage, qui a la particularité d’être construit à partir de prises de vue réelles transformées ensuite en séquences d’animation, reste quant à lui assez classique, avec des paysages pastel et des jeux de lumières absolument sublimes.
Romantique dans sa conception, piquant dans son ton, Anzu chat-fantôme navigue également avec pas mal d’habileté entre les registres, le réalisme de la première partie et l’onirisme noir de la seconde, le concret et le métaphorique, notamment concernant le chemin que constitue le fait d’accepter la disparition d’un parent. Une autre petite philosophie émerge aussi au fil de son scénario, sur la capacité à se créer une famille, et des liens avec elle, même si ce n’est pas celle que l’on espérait au départ…
Les personnages secondaires apportent enfin un vrai bonus et une force comique supplémentaires au récit, notamment l’hétéroclite bande d’amis d’Anzu, comptant entre autres spécimens une grenouille gigantesque, un champignon barbu démesuré, une vieille femme et d’autres immortels qui ont le cœur sur la main et la larme facile. Mais vos chouchous seront forcément la portée de remuantes petites cailles, les fameuses « pi-pi » que notre chat paillard et généreux a recueillies et qui savent se faire entendre !
Anzu, chat-fantôme
Réalisé par : Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita
Genre : Animation
Durée : 1h30
Sortie au cinéma : le 21 août 2024
Vous avez aimé cet article ou bien vous voulez réagir ?