22 % des adolescents en situation de surpoids ou d’obésité seraient victimes de grossophobie, un phénomène discriminatoire particulièrement douloureux à vivre pour ceux qui en sont victime. Jemina Small, l’héroïne qui donne son nom au roman ado paru aux éditions Slalom, est une adolescente de 13 ans à l’intelligence hors du commun, mais au nom difficile à porter… puisque sa corpulence plutôt XXL fait d’elle la cible de nombreuses moqueries. Comment apprendre à accepter sa différence et à s’aimer dans une société soumise à la norme ? Un roman sensible sur l’acceptation de soi qui parlera à de nombreux ados.
Le terme « grossophobie » a fait son entrée dans les dictionnaires Larousse et Robert en 2019 : « la grossophobie, du latin Grosso pour gros, du grec Phobie pour peur : attitude de stigmatisation, de discrimination envers les personnes obèses ou en surpoids ». Ce phénomène discriminatoire concernerait 22 % des adolescents entre 14 et 17 ans en France, et plus particulièrement les filles, selon une enquête de l’institut Odexa pour la Ligue contre l’obésité. Une situation particulièrement difficile à vivre à l’adolescence, un âge où le corps se transforme et ou les émotions sont à fleur de peau. Tout récemment, la jeune chanteuse Louane a été victime de grossophobie sur Twitter après sa prestation dans l’émission The Voice en mai 2021, où elle affichait de belles rondeurs post-grossesse. Attisée par les réseaux sociaux et leur lâche anonymat, la grossophobie blesse, insulte, harcèle, isole, exclut… mettant au ban de la société ceux qui en sont victime, et pouvant même aller jusqu’à les détruire.
Jemina Small, l’histoire d’une ado victime de grossophobie
Jemima Small a 13 ans, une intelligence hors du commun et un nom de famille difficile à porter. Car Jemima n’est pas small, pas du tout. Pour se défendre, elle répond aux moqueries à coups de réparties scientifiques. Parce que l’adolescente est d’une intelligence hors du commun… et pleine d’humour. Lorsque le collège oblige les élèves en surpoids à intégrer un club « santé » bien vite baptisé « club des gros », s’en est trop pour Jemina. Après cette ultime humiliation, comment cette adolescente brillante oserait-elle s’inscrire à son jeu télévisé préféré « Que le meilleur crack ! », qui prépare des sélections dans son collège ? Aidée de son meilleur ami Miki, elle devra dépasser ses peurs et ses doutes, pour peut-être enfin réaliser ses rêves.
Extraits…
« Voici le mot qui m’a gâché la vie : « grosse ». « Jemina la grosse ». « Jemina est grosse comme une baleine. » Remarque complètement stupide, d’ailleurs, vu que les baleines les plus petites mesurent deux mètres et demi et pèsent cent quatre-vingts kilos. Mais enfin… Dans mon collège, les faits scientifiques, tout le monde s’en moque. On me traite de baleine et on me surnomme Jemina la grosse alors que mon nom, c’est Small – Jemina Small. Small, comme dans « taille small » ou « taille S »… c’est-à-dire « petite ». Plus précisément : « mince ». Hum. Que mon apparence soit à l’opposé de mon patronyme, ça résume bien ma vie. »…
« Il existe plusieurs espèces d’étoiles, et la plus grosse s’appelle l’ ”hypergéante”. C’est aussi la plus rare, la plus brillante. Je me suis observée dans le vestiaire. Dans le fond, j’étais comme tout le monde. Avec un peu plus de poussière d’étoile, peut-être… »
« Restait une frustration : que les choses positives rappelées par Gina soient invisibles de l’extérieur. Si seulement ç’avait été l’inverse… J’aurais tant aimé avoir des bras attentionnés, des jambes intelligentes, des épaules fidèles et des cheveux pleins d’humour. Quel dommage que mes qualités soient intérieures. Un grave défaut de conception de l’évolution humaine. »
Lire aussi : Grossophobie : comment répondre aux attaques grossophobes ordinaires ?
Jemina Small : notre avis
L’histoire de Jemina Small nous a particulièrement touchée. Parce qu’elle traite d’un sujet dont on parle finalement assez peu en littérature jeunesse, le surpoids et la grossophobie, avec bienveillance et sans pathos. Jemina, l’héroïne de ce roman ado, est une jeune fille dans laquelle beaucoup d’ados se reconnaîtront, qui souffre dans une société où l’on est mis en marge si l’on ne correspond pas à la norme. Où les ados entre eux ne se font pas de cadeaux, où les réseaux sociaux font et défont des réputations, où l’apparence fait de vous une personne populaire ou méprisable, où le harcèlement n’est pas loin…
Jemina Small est une adolescente qui s’impose des limites et des frustrations à cause de son physique « hors norme » et du regard que portent les autres sur elle. Qui s’empêche de réaliser ses rêves parce que son surpoids… est un poids lourd à porter dans une société où les « gros » sont montrés du doigt. Et pourtant, Jemina est une ado à la personnalité attachante, joviale et pleine d’humour, qui accroche tout de suite le lecteur. A force de volonté et grâce au soutien bienveillant de ses proches et à sa force de caractère, elle va s’affranchir des regards et apprendre à aimer ce corps jusqu’ici si encombrant, parce que « je ne vais pas passer ma vie à être invisible« …
Jemina Small est un roman qui parle aussi avec tendresse et bienveillance de la famille, des relations intergénérationnelles, de l’abandon. Comment se construire et s’accepter tel que l’on est quand votre propre mère vous a abandonné ? Un personnage touchant qui nous émeut et nous fait rire aussi, grâce à son humour imparable. Une ado nature et authentique, qui parle sans langue de bois d’une sujet encore tabou, la grossophobie.
Un roman ado feel good qui met en avant le « body positive », l’acceptation de soi, et qui libère la parole autour d’un sujet d’actualité.
Jemina Small, de Tamsin Winter, aux éditions Slalom, 15,95 €. Commander sur la FNAC
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