Accueil > Ma Famille > De Peisey à Sainte-Foy-Tarentaise, escapade estivale en famille en Haute-Tarentaise

De Peisey à Sainte-Foy-Tarentaise, escapade estivale en famille en Haute-Tarentaise

Par Nathalie Brunissen - Mise à jour le

La vallée de la Tarentaise, en Savoie Mont Blanc, se dévoile dès le printemps, quand la végétation renait après des mois sous son manteau neigeux et que les marmottes refont surface. C’est à la belle saison, mais aussi à l’automne, que cette montagne qui domine une vallée encaissée dévoile ses secrets en toute intimité, à qui veut bien prendre le temps de découvrir ses trésors cachés. De Sainte-Foy-Tarentaise à Peisey-Vallandry, en passant par Le Monal ou Le Miroir, on vous emmène à la découverte des hameaux et villages aux surprenantes pépites baroques, intimement liées à l’histoire de ces communautés montagnardes des hautes vallées de Savoie. Une randonnée douce en famille hors des sentiers battus.

La vallée de la Tarentaise est connue pour ses stations de sports d’hiver incontournables : Les Arcs, La Plagne, La Rosière… Ses montagnes révèlent d’autres secrets une fois les dernières neiges fondues. Le printemps et l’automne sont des moments privilégiés pour parcourir les sentiers à la découverte de villages de montagne authentiques, sans la foule. Profitez de l’arrière-saison et de l’été pour venir recharger les batteries en famille le temps de quelques jours en Haute-Tarentaise. Prenez de la hauteur au cœur d’une nature préservée, tous vos sens en éveil.

Et pour allier nature et culture, des guides passionnés vous raconteront l’histoire de ces Savoyards qui furent un temps citoyens du Royaume de Piémont-Sardaigne. Ils vous feront découvrir les pépites de cet art baroque alpin emblématique de ces montagnes à cheval entre la France et l’Italie. Nous avons suivi Jean-Pierre Lamic, fondateur de l’Association des voyageurs et voyagistes éco-responsables, et Sylvie Gotteland, guide du patrimoine pour la Fondation Facim, qui met en place des découvertes décalées et immersives pour découvrir le patrimoine et la culture en Savoie Mont Blanc. Comme ces Escapades baroques dans les Alpes à la découverte des secrets de montagne, qui surprendront et émerveilleront tout autant les enfants et les ados que les adultes.

L’art baroque alpin : un peu d’Histoire

Laissez vos a priori de côté : l’art baroque ne s’adresse ni à une élite, ni à de fins amateurs d’art et de culture. L’art baroque alpin tout particulièrement, qui se dévoile dès qu’on franchit la porte des chapelles de Haute-Tarentaise, est en effet lié au quotidien et à la vie des populations de ce territoire à l’histoire mouvementée. Après vingt ans de domination française, le duc Emmanuel-Philibert récupère le territoire de Savoie en 1559, et Turin devient la capitale des Etats de Savoie en 1562 à la place de Chambéry. La Savoie fait dorénavant partie du Royaume de Piémont-Sardaigne… avant de redevenir française en 1860.

Tout au long de cette période, les églises et chapelles de Haute-Tarentaise vont être agrandies ou reconstruites dans le style baroque emblématique de l’autre versant des Alpes. Les Savoyards des hautes vallées qui travaillent l’hiver dans les villes prospères du Royaume de Piémont-Sardaigne, reviennent souvent la bourse bien remplie, et participent à l’embellissement des lieux de culte de leurs villages. Leur sobriété extérieure ne dévoile rien de l’opulence propre à l’art baroque. Poussez leur portail et vous découvrirez alors une profusion de dorures, de couleurs, de statues en bois, de trompe-l’œil… Un véritable livre d’images peuplé d’anges et de saints populaires, qui se déploie tel un décor de théâtre sur des retables dont l’objectif est de provoquer émotion et émerveillement. Et c’est peu de dire que l’émotion est intense devant tant de splendeurs.

Découvrir l’art baroque de Savoie de manière décalée et immersive

Pour comprendre l’histoire de ces pépites parfois bien cachées de l’art baroque alpin, intimement liée à celle des populations des montagnes de Savoie, la Fondation Facim propose de sortir des sentiers tout tracés et de découvrir des sites exceptionnellement ouverts au public, ainsi que quelques pépites accessibles aux randonneurs uniquement, et d’autres injustement oubliées.

A pied ou à vélo sur les chemins, au milieu des alpages et de paysages grandioses, laissez-vous guider par un guide passionné, qu’il soit spécialiste du patrimoine baroque comme Sylvie Gotteland, ou fervent défenseur de la nature, de la faune sauvage et de la culture locale, comme Jean-Pierre Lamic. Ils vous ouvriront les portes de monuments aux trésors insoupçonnés, vous ferons rencontrer les artistes dévoués à la restauration de ce patrimoine baroque d’exception. Ils vous parleront de la montagne chemin faisant, de ses traditions, de l’histoire des paysans savoyards, de la vie dans les alpages. Ils vous feront découvrir ses coins secrets, avec le regard d’un habitant ou d’un connaisseur pour comprendre comment on vivait dans cette vallée de la Tarentaise, et pourquoi le sacré et le baroque sont si présents ici.

Des découvertes en itinérance, sur une journée ou lors de randonnées douces sur trois jours, pour ne pas seulement être contemplatifs devant les paysages. Des visites parfois scénarisées, où tous vos sens seront mis en éveil, bien loin des visites académiques ennuyeuses si peu motivantes pour les plus jeunes.

Si vous préférez partir sur les chemins du baroque en famille et en toute liberté, vous pouvez télécharger gratuitement B-Roads, un parcours-jeu numérique pour découvrir le baroque avec humour et de manière décalée, spécialement conçu pour les adolescents. Vous retrouverez également les horaires d’ouverture de chaque édifice sur le site de la Fondation Facim.

De Peisey à Sainte-Foy-Tarentaise, l’art baroque en itinérance douce

Les villages authentiques de la vallée de la Tarentaise retrouvent leur quiétude après l’agitation hivernale ou estivale. On apprécie d’autant plus leur charme un peu rude à l’intersaison. Grimper les sentiers à travers les alpages, presque seuls au monde, est un privilège et un bonheur. La faune reconquiert son territoire, la population locale aussi, bien heureuse de ne plus voir défiler les légions de randonneurs curieux sous ses fenêtres. Parmi les nombreux sentiers balisés de la Haute Tarentaise, 150 kilomètres forment le Sentier Intervillages, qui permet de relier entre elles les huit communes du territoire. Certains valent tout particulièrement qu’on s’y arrête.

Grimper jusqu’au Monal, un hameau pittoresque hors du temps

Pour une balade hors du temps, empruntez le sentier au départ du parking du Chenal, en passant par le hameau de la Combaz, et grimpez jusqu’au village « de montagnette » du Monal, situé sur la commune de Sainte-Foy-Tarentaise. Ce site classé, situé dans un creux, au milieu d’une zone humide constituée de plusieurs petits lacs et de nombreuses sources, conserve un habitat du XVIIème siècle. Le Monal n’est pas un village d’alpage, mais un village de transit, dans lequel les paysans faisaient étapes avant de monter encore plus haut pour les foins. Il est constitué d’une dizaine de maisons de pierre typiques, construites autour d’une petite chapelle baroque. Inaccessible en période d’enneigement, et entièrement déserté pendant l’hiver, Le Monal se repeuple de ses habitants dès la mi-mai jusqu’à la mi-octobre. Difficile d’imaginer si vous passez par là au printemps ou à l’automne, qui plus est très tôt le matin ou en fin de journée (les meilleurs moments), que plus de 40 000 randonneurs le traversent chaque année.

Avant d’atteindre ce havre de paix, vous traverserez plusieurs hameaux offrant un panorama imprenable sur la vallée. Vous atteindrez le hameau du Monal, encaissé au milieu des montagnes, après avoir traversé un glacier fossile au milieu de la plus belle forêt de mélèzes de toute la Tarentaise. Les amateurs d’ornithologie seront comblés. Les rochers de Pierre Pointe qui surplombent ce vallon sauvage sont en effet l’un des principaux sites d’observation des rapaces les plus rares en France. Vous aurez peut-être la chance d’y observer le circaète Jean-le-Blanc, une espèce reconnaissable à son ventre blanc et à sa tête semblable à un hibou, qui se nourrit à 90 % de reptiles. Le territoire est aussi une zone d’estive des chamois, et un repère de marmottes.

Dormir dans un chalet d’alpage avec vue au Fenil-Vallon du Clou

Une fois traversé le Monal, poursuivez votre chemin jusqu’au hameau de Fenil-Vallon du Clou, à 1 900m d’altitude, lui aussi coupé du monde et vidé de ses habitants dès les premières neiges. Les dix maisons qui constituent ce hameau offrent un panorama exceptionnel sur le Mont Pourri, et un véritable balcon sur la vallée de la Tarentaise.

Jean-Pierre Lamic, spécialiste de l’éco-tourisme et guide nature, y possède un chalet d’alpage datant de 1550, dans lequel il accueille les groupes de randonneurs qu’il accompagne lors des Escapades baroques organisées par la Fondation Facim. Ici, on fonctionne à l’énergie solaire (et on l’économise !) et aux toilettes sèches. Pas de télé ni wifi (mais la 4G passe, si cela peut rassurer les ados). Ce sera veillée au coin du poêle après une bonne raclette en compagnie de votre hôte, qui vous contera la montagne (et autres de ses souvenirs de globe-trotter). Avant de glisser bien au chaud sous la couette… tout en guettant le hurlement des loups qui parait-il ont leur tanière aux alentours.

Découvrir l’architecture particulière du Miroir et de la Masure

Sainte-Foy-Tarentaise compte une vingtaine de hameaux, dont le Miroir et la Masure, qui témoignent du travail des maçons piémontais, venus au 18e siècle édifier ces maisons à colonnes de pierres et toits de lauze. Le Miroir est un écrin de l’architecture traditionnelle ce cette époque. Totalement détruit par des inondations au 19e siècle, il a été entièrement reconstruit sur un lac souterrain. Ses ruelles escarpées, entièrement piétonnes, sont bordées de maisons à colonnes imposantes, sur lesquelles sont suspendues des « balconades » sculptées, des avancées destinées à protéger et sécher le bois stocké à l’extérieur. Et de fait, les empilements de bois de chauffe sous chaque maison sont impressionnants, et les habitants parés pour l’hiver. Autre curiosité, la chapelle Sainte Brigide, témoin de l’art baroque alpin, inscrite aux monuments historiques en 1992. Le Miroir est le point de départ de belles balades vers le vallon du Crot.

Le hameau de la Masure voisin semble quant à lui tout droit sorti d’un décor de cinéma… et pour cause, il servit de lieu de tournage pour un film, et en a conservé les décors… pour les touristes. Sa petite chapelle baroque est accessible en visite guidée uniquement.

En prendre plein les yeux à l’église de la Sainte-Trinité à Peisey

L’église de Peisey, surplombant le village et entourée du cimetière, est certainement l’un des plus beaux exemples de la magnificence de l’art baroque alpin. Son clocher est le plus haut de Tarentaise. Sa sobriété extérieure ne fait qu’accroître l’effet « wahou ! » une fois franchi le portail.

Car c’est une explosion de dorures et de couleurs, et un foisonnement de sculptures en bois peint qui vous en met plein les yeux. L’impressionnant retable derrière l’autel de l’église de la Sainte-Trinité, qui en compte sept au total, est unique. Installé en 1705 et financé par un riche natif de Peisey ayant migré dans le  Piémont, il est le seul entièrement doré à l’or fin et complétement sculpté. Avec sa multitude de saints et d’angelots (environ 120 au total !), il est une représentation de la Bible illustrée de l’époque, une sorte de catéchisme en images. Le retable de l’église de Peisey est un parfait exemple de la profusion, de la mise en scène, de la théâtralité et de l’illusion de l’art baroque.

Les visites guidées de Sylvie Gotteland, dans le cadre des Escapades baroques organisées par la Fondation Facim, sont absolument captivantes, même pour les plus jeunes. Car c’est une histoire qu’elle vous raconte, celle de ces communautés montagnardes, à travers la visite de ce lieu magnifique.

Grimper jusqu’à Notre Dame des Vernettes depuis Peisey-Nancroix

Voilà une belle balade qui vous conduira du village de Peisey-Nancroix jusqu’à la chapelle Notre Dame des Vernettes, l’un des plus beaux joyaux de l’art baroque savoyard, d’où vous aurez un panorama exceptionnel sur la vallée de la Tarentaise.

Peisey-Nancroix, village authentique plein de charme

Avant de vous lancer sur le sentier un peu raide qui y conduit, prenez le temps d’arpenter les rues de ce village de montagne authentique, avec ses façades chargées d’outils et d’accessoires d’une autre époque, de chaudrons suspendus et de cloches de vaches.

Visitez la petite chapelle baroque de Sainte Madeleine, au décor très floral, et dont l’autel de cuir est assez insolite. Vous pourrez faire une halte à la ferme laitière au pied du sentier qui monte aux Vernettes, et acheter du bon fromage local pour votre pique-nique au pied de chapelle.

Le sentier de randonnée longe ce qu’on appelle une crasse, un grand couloir d’avalanche que dévalent de petits torrents. Vous traverserez le hameau de Pracompuet, à 1550m, dont la chapelle Saint Jacques est unique pour sa vierge noire.  Un peu plus haut, à l’écart du sentier, vous pourrez vous rafraîchir dans une fontaine dite miraculeuse, dans laquelle les paysans venaient faire boire leurs troupeaux. La légende raconte que son eau aurait des vertus curatives… voire miraculeuses. La petite chapelle érigée à côté de la source attire toujours chaque année le 16 juillet près de 600 pèlerins.

Notre Dame des Vernettes, joyau de l’art baroque

Enfin, au beau milieu les alpages à 1 816 m d’altitude, surplombant la vallée, le sanctuaire Notre-Dame des Vernettes émerge au pied des montagnes. Si les travaux de construction de cet imposant lieu de culte, démarrés en 1719, n’ont duré que cinq années, la durée totale du chantier aura duré environ 60 ans. La seule réalisation du retable par les artistes piémontais aura duré quatre ans. Et le résultat est à la hauteur du temps passé.

Une fois encore, au-delà de la façade sobre de la chapelle, c’est une explosion de dorures, de peintures flamboyantes, de sculptures… Le rideau peint derrière le retable le transforme en véritable théâtre. Venir à la messe aux Vernettes était à l’époque comme assister à un vrai spectacle. Une tradition qui se perpétue puisqu’une messe est toujours célébrée ici chaque vendredi matin tout au long de l’année. Dans le cadre des Escapades baroques, Sylvie Gotteland propose une visite sensorielle, en musique (baroque, bien sûr), entre émotions et émerveillement. Une expérience enveloppante et apaisante, pour ressentir l’âme des lieux.

Des tables de pique-nique sont installées autour du la chapelle, le long du chemin de croix, pour vous restaurer tout en méditant devant la beauté du panorama.

Passer une nuit en refuge au pied du Parc national de la Vanoise

Ceux qui n’ont encore jamais expérimenté une nuit en refuge de montagne pourront tester leur « première fois » au refuge de Rosuel, situé à 1547m sur la commune de Peisey-Nancroix, à l’entrée du Parc national de la Vanoise. Sa particularité : il est accessible en voiture, donc idéal pour les familles qui n’ont pas envie de porter leur barda pendant des kilomètres. Le refuge a des petits airs de maison de Hobbit qui devrait plaire aux plus jeunes. Il propose des chambres familiales jusqu’à 6 personnes, et une salle commune avec coin lecture et jeux pour les enfants. Vous dinerez sur place de copieux repas bio et locaux, dans une ambiance conviviale.

A partir du refuge, vous pourrez partir sur les sentiers balisés qui traversent le Parc national de la Vanoise, à l’affut de sa faune remarquable, tel le gypaète barbu ou le bouquetin. Renseignez-vous après du refuge sur les animations et les randonnées accompagnées qu’il organise.

Pour plus d’information et pour organiser votre séjour :

Vous avez aimé cet article ou bien vous voulez réagir ?

Articles en relation

Plus d’articles sur MAFAMILLEZEN