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Goncourt des lycéens 2024 : c’est parti !

Par Sandrine Damie - Mise à jour le

Sélection romans Goncourt des lycéens 2024

En ce début d’automne 2024, la 37e édition du Goncourt des lycéens vient d’être lancée dans une cinquantaine de classes partout en France (et dans les établissements français à l’étranger). Ce sont près de 2 000 lycéens qui vont avoir deux mois pour lire les 14 romans retenus pour ce Goncourt des Lycéens 2024.

Goncourt des lycéens, comment ça marche ?

Chaque année, un jury de lycéens, composé d’environ 2 000 élèves, se voit confier la tâche de lire et de noter les romans sélectionnés par l’Académie Goncourt pour son propre prix. Ce prix est l’occasion pour ces jeunes lecteurs de découvrir les œuvres de grands auteurs contemporains, de développer leur esprit critique et d’échanger leurs impressions avec leurs camarades.

En mettant à disposition des lycéens des œuvres de qualité, ce prix contribue à faire aimer la lecture et à ouvrir les jeunes esprits à de nouveaux horizons littéraires.

  • Les lycées sélectionnés reçoivent les ouvrages de la liste Goncourt afin que les élèves puissent les lire et les analyser en classe.
  • Des jurys régionaux sont constitués, composés de délégués élus par les classes participantes. Ces jurys se réunissent pour élire les trois romans qui représenteront leur région.
  • Les jurys régionaux élisent également deux délégués qui les représenteront aux délibérations nationales.
  • Les délégués nationaux se réunissent pour une dernière délibération afin d’élire le lauréat du Prix Goncourt des lycéens.
  • Le lauréat est annoncé lors d’une cérémonie officielle en présence d’auteurs et de personnalités du monde littéraire.

Quelle place pour la lecture chez les ados ?

Établissement public du ministère de la Culture, le Centre national du livre (CNL) a publié sa 4e étude sur les jeunes et la lecture en 2024. Globalement, les jeunes lisent moins qu’avant pour l’école, leurs études ou leur travail, notamment les 16-19 ans qui marquent encore plus le pas dans ce contexte de lecture contrainte. Si 81 % du panel des 7-19 ans déclarent lire dans le cadre des loisirs par goût personnel, on note un décrochage net en grandissant : 93 % pour les 7-12 ans, 80 % pour les 13-15 ans et 62 % pour les 16-19 ans.

Interview d’Ingrid Lesueur, Coprésidente de l’association Bruit de Lire

Pouvez-vous présenter les actions principales de votre association ?

Notre association Bruit de Lire a été créée en 1991 par Bernard Le Doze, cofondateur, avec Brigitte Stéphan de la FNAC, du prix Goncourt des lycéens en 1988. Elle a alors vocation à organiser à Rennes des Rencontres nationales avec environ 400 lycéens, membres du jury venus de toute la France, pendant deux jours, une ou deux semaines après le prix fin novembre, pour qu’ils rencontrent des auteurs de la sélection.

Depuis, les Rencontres nationales ont évolué pour s’inscrire dans les objectifs de l’EAC (éducation artistique et culturelle) impulsée par le ministère de l’Education nationale. Ainsi s’ajoutent à ces temps de rencontre en plénière des ateliers artistiques et d’écriture, des temps de « salon littéraire » pendant lesquels ils peuvent aller échanger avec les auteurs de manière plus intime, et différentes activités très variées autour de la lecture et du prix. Depuis 2001, Bruit de lire est en plus missionnée par le ministère pour assurer l’organisation logistique et la coordination des différents acteurs du prix lui-même.

Votre association coordonne l’organisation du Goncourt des Lycéens. Avez-vous constaté une évolution dans l’approche de la lecture des adolescents au fil des années ?

Cette opération revêt toujours – et depuis plus de trente ans – la même magie pour les lycéens du jury : ils n’ont pas choisi d’y participer (classes inscrites au printemps précédent par un professeur qui ne les connaît généralement pas à ce moment-là). On leur dit qu’ils ont 14 romans à lire en deux mois et la plupart sont horrifiés. Mais quand on fait le bilan du prix, une écrasante majorité est enchantée de l’expérience.

Le bilan que nous faisons de nos Rencontres nationales montre que le prolongement que nous proposons, avec ses rencontres (auteurs, artistes, lycéens d’autres lycées) et ses activités riches, amplifie cette impression de découverte d’un monde jusque là souvent ignoré qui se découvre à eux.

Une question revient souvent de la part des parents sur le webzine : comment donner envie de lire à des ados (ceux qui lisaient plus jeunes et qui ont délaissé ce loisir et ceux qui en étaient éloignés) ?

Privilégier tout ce qui relève de l’échange, de la pratique, du ludique. Ne pas culpabiliser, encourager diverses pratiques de lecture (lecture du début seulement, lecture en diagonale, sauter des passages qui ennuient, etc.). C’est aussi lire des histoires à ses enfants jusqu’à ce qu’ils demandent eux-mêmes d’arrêter. Les emmener à la rencontre d’auteurs stimulants (rencontres en librairie, salons, etc.).

Une autre piste à explorer : faire lire avec un objectif. Réaliser quelque chose (un texte, une image, une photo, un objet, une mise en scène, etc..) à présenter à un public si possible. Ce sont les bases aussi de nos Rencontres nationales – un peu aussi de mon vécu, ancien déjà, de mère d’une famille nombreuse !

Les 14 romans du Goncourt des lycéens 2024

Ruben Barrouk, Tout le bruit du Guéliz (Albin Michel)

Dans le quartier du Guéliz à Marrakech, un mystérieux bruit hante et tourmente, nuit et jour, une vieille dame. Inquiets, sa fille et son petit-fils quittent Paris pour mener l’enquête. Sur place, ils guettent, épient, espèrent, mais aucun bruit ne se fait entendre…

Tout le bruit du Guéliz ne nous livre pas une mais mille histoires : celles des exodes, des traditions, des liens qui se font et se défont, des origines perdues. À la violence et au vacarme assourdissant de notre époque, ce premier roman aux allures de conte, à la fois tendre, drôle et bouleversant, oppose un bruit. Le bruit du Guéliz. Celui d’un temps révolu, où l’on vivait ensemble.

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Thomas Clerc, Paris Musée du XXIe siècle (Les éditions de Minuit)

Le 18e arrondissement de Paris compte 425 rues, squares, places, avenues, cités, jardins, villas, boulevards, impasses et passages que Thomas Clerc a entrepris d’arpenter depuis qu’il y a emménagé récemment. Description totale, née de ses déambulations, dérives et notations, ce livre n’omet rien de ce que la ville laisse voir, entendre et ressentir.

De Montmartre aux abords du périphérique, des habitants de ces quartiers aux touristes égarés, des cafés aux dark stores, de la nuit au jour, l’ancien faubourg de Paris, insurgé sous la Commune, ne cesse de changer d’apparence, quand ce n’est l’auteur lui-même qui le refaçonne au gré de son périple. Le 18e se déroule comme une toile géante où chaque rue est un tableau vivant.

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Sandrine Collette, Madelaine avant l’aube (JC Lattès)

C’est un endroit à l’abri du temps. Ce minuscule hameau, qu’on appelle Les Montées, est un pays à lui seul pour les jumelles Ambre et Aelis, et la vieille Rose. Ici, l’existence n’a jamais été douce. Les familles travaillent une terre avare qui appartient à d’autres, endurent en serrant les dents l’injustice. Mais c’est ainsi depuis toujours.

Jusqu’au jour où surgit Madelaine. Une fillette affamée et sauvage, sortie des forêts. Adoptée par Les Montées, Madelaine les ravit, passionnée, courageuse, si vivante. Pourtant, il reste dans ses yeux cette petite flamme pas tout à fait droite. Une petite flamme qui fera un jour brûler le monde.

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Kamel Daoud, Houris (Gallimard)

Aube est une jeune Algérienne qui doit se souvenir de la guerre d’indépendance, qu’elle n’a pas vécue, et oublier la guerre civile des années 1990, qu’elle a elle-même traversée. Sa tragédie est marquée sur son corps : une cicatrice au cou et des cordes vocales détruites. Muette, elle rêve de retrouver sa voix.

Son histoire, elle ne peut la raconter qu’à la fille qu’elle porte dans son ventre. Mais a-t-elle le droit de garder cette enfant ? Peut-on donner la vie quand on vous l’a presque arrachée ? Dans un pays qui a voté des lois pour punir quiconque évoque la guerre civile, Aube décide de se rendre dans son village natal, où tout a débuté, et où les morts lui répondront peut-être.

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Hélène Gaudy, Archipels (L’Olivier)

Il a fallu que son esprit vogue jusqu’à l’Isle de Jean-Charles pour qu’elle se retrouve enfin face à son père. Qui est cet homme à la présence tranquille, à la parole rare, qui se dit sans mémoire ? Pour le découvrir elle se lance dans un projet singulier : lui rendre ses souvenirs, les faire resurgir des objets et des paysages.

Le premier lieu à arpenter est l’atelier où il a amassé toutes sortes de curiosités, autant de traces qui nourrissent l’enquête sur ce mystère de proximité : le temps qui passe et ces grands inconnus que demeurent souvent nos parents. Derrière l’accumulateur compulsif, l’archiviste des vies des autres, se révèlent l’homme enfant marqué par la guerre, l’artiste engagé et secret. Peu à peu leur relation change, leurs écritures se mêlent et ravivent les hantises et les rêves de toute une époque.

À travers cette géographie intime, Hélène Gaudy explore ce qui se transmet en silence, offrant à son père l’espoir d’un lieu insubmersible – et aux lecteurs, un texte sensible d’une grande beauté.

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Philippe Jaenada, La désinvolture est une bien belle chose (Mialet-Barrault)

Pourquoi, un matin d’automne, une si jolie jeune femme, intelligente et libre, entourée d’amis, admirée, une fille que la vie semblait amuser, amoureuse d’un beau soldat américain qui l’aimait aussi, s’est-elle jetée à l’aube par la fenêtre d’une chambre d’hôtel, à vingt ans ?

Dans ce livre magnifique et totalement original, Philippe Jaenada a cherché à savoir et à comprendre.

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Maylis de Kerangal, Jour de ressac (Verticales)

Finalement, il vous dit quelque chose, notre homme ? Nous arrivions à hauteur de Gonfreville-l’Orcher, la raffinerie sortait de terre, indéchiffrable et nébuleuse, façon Gotham City, une autre ville derrière la ville, j’ai baissé ma vitre et inhalé longuement, le nez orienté vers les tours de distillation, vers ce Meccano démentiel. L’étrange puanteur s’engouffrait dans la voiture, mélange d’hydrocarbures, de sel et de poudre. Il m’a intimé de refermer, avant de m’interroger de nouveau, pourquoi avais-je finalement demandé à voir le corps ? C’est que vous y avez repensé, c’est que quelque chose a dû vous revenir.

Oui, j’y avais repensé. Qu’est-ce qu’il s’imaginait. Je n’avais pratiquement fait que penser à ça depuis ce matin, mais y penser avait fini par prendre la forme d’une ville, d’un premier amour, la forme d’un porte-conteneurs.

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Étienne Kern, La vie meilleure (Gallimard)

On l’a comparé à Gandhi, à Einstein, à Lénine. Des foules l’ont acclamé. Des milliardaires lui ont tapé sur l’épaule. Les damnés de la terre l’ont imploré. Aujourd’hui, son nom nous fait sourire, tout comme son invention : la méthode Coué.

Singulier destin que celui d’Émile Coué, obscur pharmacien français devenu célébrité mondiale, tour à tour adulé et moqué. La vie meilleure retrace l’histoire de ce précurseur du développement personnel qui, au début du XXe siècle, pensait avoir découvert les clés de la santé et du bonheur. Un homme sincère jusque dans sa roublardise, qui croyait plus que tout au pouvoir des mots et de l’imagination.

Avec ce roman lumineux aux accents intimes, Étienne Kern rend hommage à ceux qui cherchent coûte que coûte une place pour la joie.

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Emmanuelle Lambert, Aucun respect (Stock)

Une jeune femme idéaliste comme on peut l’être à vingt ans arrive à Paris à la fin des années 1990. On la suit dans sa découverte d’un milieu intellectuel qui a tout d’une caste d’hommes.
Elle y rencontre l’écrivain Alain Robbe-Grillet, imposant « Pape du Nouveau Roman », et son épouse Catherine, maîtresse-star de cérémonies sadomasochistes. Ils incarnent une certaine idée de la littérature et de la liberté sexuelle. Toutes choses auxquelles l’héroïne s’affronte tant bien que mal.

Raconté avec impertinence depuis aujourd’hui, son apprentissage, d’une drôlerie irrésistible, est un conte contemporain. Sa leçon est que la liberté s’exerce dans le jeu avec les autorités établies. Et sa morale, qu’il ne faut jamais sous-estimer les jeunes femmes.

Commander Aucun respect

Rebecca Lighieri, Le Club des enfants perdus (P.O.L)

À vingt-sept ans, Miranda semble appartenir à un drôle de club : celui des enfants qui n’ont manqué de rien sauf de cette joie pure, essentielle, que certains ressentent du seul fait d’être en vie.

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Thibault de Montaigu, Coeur (Albin Michel)

Quand son père malade le presse d’écrire sur son ancêtre Louis, capitaine des hussards fauché en 1914 dans une charge de cavalerie, Thibault de Montaigu ne sait pas encore quel secret de famille cache cette mort héroïque. Ni pourquoi elle résonne étrangement avec le destin de son propre père qui décline de jour en jour. La course contre la montre qu’il engage alors pour remonter le passé se mue en une enquête bouleversante où se succèdent personnages proustiens et veuves de guerre, amants flamboyants et épouses délaissées.

Thibault de Montaigu nous raconte une lignée hantée par la gloire et l’honneur. Mais aussi ce qu’il reste d’amour et de courage dissimulés dans le cœur des hommes.

Commander Coeur

Olivier Norek, Les guerriers de l’hiver (Michel Lafon)

« Je suis certain que nous avons réveillé leur satané Sisu.
– Je ne parle pas leur langue, camarade.
– Et je ne pourrais te traduire ce mot, car il n’a d’équivalent nulle part ailleurs. Le 
Sisu est l’âme de la Finlande. Il dit le courage, la force intérieure, la ténacité, la résistance, la détermination… Une vie austère, dans un environnement hostile, a forgé leur mental d’un acier qui nous résiste aujourd’hui. »

Imaginez un pays minuscule. Imaginez-en un autre, gigantesque. Imaginez maintenant qu’ils s’affrontent. Au cœur du plus mordant de ses hivers, au cœur de la guerre la plus meurtrière de son histoire, un peuple se dresse contre l’ennemi, et parmi ses soldats naît une légende. La légende de Simo, la Mort Blanche.

Commander Les guerriers de l’hiver

Jean-Noël Orengo, Vous êtes l’amour malheureux du Führer (Grasset)

1969 : Albert Speer, architecte favori et Ministre de l’armement d’Hitler, publie ses Mémoires. Revisitant son passé, de ses mises en scène des congrès nazis à la chute du Reich, il parachève l’ultime métamorphose qui a sauvé sa tête au procès de Nuremberg et va faire de lui la star de la culpabilité allemande. Affirmant n’avoir rien su de la Solution Finale, il se déclare « responsable, mais pas coupable. » Les historiens auront beau démontrer qu’il a menti, sa version de lui-même s’imposera toujours. Comment écrire sur un homme qui a rendu la fiction plus séduisante que la vérité ?

A l’heure des fake news et de la guerre des récits, voici le roman d’un des plus grands mensonges de l’Histoire. Traquant les scènes de la vie de Speer, s’interrogeant sur leur vraisemblance, éclairant certains aspects, allant là où il s’arrête en convoquant les acteurs capitaux d’après guerre, notamment l’historienne Gitta Sereny, l’auteur propose une lecture vertigineuse de celui à qui l’un de ses collaborateurs affirmait : « Savez-vous ce que vous êtes ? Vous êtes l’amour malheureux du Führer ».

Commander Vous êtes l’amour malheureux du Führer

Abdellah Taia, Le Bastion des larmes (Julliard)

À la mort de sa mère, Youssef, un professeur marocain exilé en France depuis un quart de siècle, revient à Salé, sa ville natale, à la demande de ses sœurs, pour liquider l’héritage familial. En lui, c’est tout un passé qui ressurgit, où se mêlent inextricablement souffrances et bonheur de vivre.

À travers lui, les voix du passé résonnent et l’interpellent, dont celle de Najib, son ami et amant de jeunesse au destin tragique, happé par le trafic de drogue et la corruption d’un colonel de l’armée du roi Hassan II. À mesure que Youssef s’enfonce dans les ruelles de la ville actuelle, un monde perdu reprend forme, guetté par la misère et la violence, où la différence, sexuelle, sociale, se paie au prix fort.

Frontière ultime de ce roman splendide, le Bastion des Larmes, nom donné aux remparts de la vieille ville, à l’ombre desquels Youssef a jadis fait une promesse à Najib. « Notre passé… notre grande fiction », médite Youssef, tandis qu’il s’apprête à entrer pleinement dans son héritage, celui d’une enfance terrible, d’un amour absolu, aussi, pour ses sœurs magnifiques et sa mère disparue.

Commander Le Bastion des larmes

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