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Faire le deuil d’un parent avec qui on avait coupé les ponts

Par Bénédicte Flye Sainte Marie - Mise à jour le

faire le deuil d'un parent avec qui on est fâché

Déjà complexe à accepter dans l’absolu, la mort d’un père ou d’une mère se double d’un sentiment de privation et de colère lorsqu’on avait rompu tout échange avec lui ou elle. Voici les conseils de la psychothérapeute et écrivaine Ondine Khayat pour mieux gérer et vivre cette situation.

S’ils nous construisent et nous portent quand ils sont harmonieux, les rapports que l’on entretient, adultes, avec nos parents peuvent se révéler être des sources de frustrations et de ressentiments, voire créer en nous des fractures profondes lorsqu’ils sont chaotiques, en pointillés ou inexistants.

On ne se remet jamais vraiment de ne pas trouver auprès d’un papa et/ou d’une maman la tendresse, le soutien et l’écoute que l’on attendrait… Certains événements dramatiques ou une douleur trop grande nous amènent même parfois à rompre définitivement les liens, comme pour tourner la page d’une relation qui s’écrit mal.

Or, quand le père et la mère en question décède, la violence du choc que l’on encaisse est incroyablement aigüe car cela nous confronte à une sorte de « réalité-couperet », à savoir au fait que l’on ne pourra plus jamais se réconcilier avec lui ou elle, retisser ce lien qui nous a tant fait défaut et peut-être obtenir un pardon. Une notion que la psychiatre Elisabeth Kübler Ross a justement définie comme l’« unfinished business » ( le travail non fini).

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Lorsqu’on était brouillé, on affronte quelque chose d’irrémédiable

Ondine Khayat, qui en fait le cœur de son dernier livre Ecoute la musique du clos des Anges, analyse cette configuration si particulière. « La douleur est certes immense quand on était dans une grande proximité avec le parent, quand cela nous « alimentait » et que l’on faisait beaucoup des choses ensemble, qu’on a pu exprimer aussi ce que l’on éprouvait l’un pour l’autre parce qu’on a une impression d’unité qui est rompue. Mais lorsqu’on était brouillé, on affronte quelque chose d’irrémédiable. Il y a une part de nous qui n’a pas pu boucler une certaine boucle. Nos souffrances étaient restées comme congelées, bloquées, du fait de la distance que l’on avait prise et là, elles se remettent brutalement à saigner et à hurler. L’intensité est différente » explique-t-elle.

Faire le deuil de la personne disparue et de la révolte qui nous ronge

Il va falloir alors effectuer un double deuil : celui de la personne disparue et celui de la révolte qui nous ronge « On est comme en état de sidération parce que l’on porte une tristesse qui n’a pu s’énoncer du vivant du défunt ou de la défunte, celle de la petite fille ou du petit garçon qui rêvait d’être aimé» confie Ondine Khayat, pour qui l’accompagnement thérapeutique trouve son utilité dans cette situation puisqu’il « réchauffe » ces maux figés en nous, conduit à les cerner puis à les expulser, de la même manière que l’on vide un abcès ou que l’on « pose des sacs trop lourds pour regarder ce qu’il y a dedans » précise-t-elle. Ce travail permet également de ne pas refaire le film de son passé, de ne pas torturer indéfiniment en se demandant si telle ou telle décision ou démarche aurait pu venir à bout des conflits. Parce qu’il n’est pas dit que cela aurait pu être le cas… « Quand on prend l’initiative d’un rapprochement avec le parent lorsqu’il est encore là, ce qui est évidemment préférable, celui-ci peut prendre sa part de fardeau et vous soulager. Mais on court également le risque d’être à nouveau rejeté et là, ce sera encore pire après qu’avant » conclut notre experte.

A lire :

Signé Ondine Khayat, Ecoute la petite musique du clos des Anges (Editions Solar) raconte l’histoire de Raphaëlle, trente-neuf ans, jeune femme artiste peintre qui s’est volontairement éloignée de Joseph, son père depuis une décennie, un homme qui ne lui a jamais témoigné la moindre marque d’affection.

« Au moment de son décès, tout ce qui la meurtrissait se ravive brutalement. D’abord complètement perdue et incapable de continuer à créer, elle va parcourir un chemin initiatique pour réussir à passer ce cap, notamment en faisant de la maison de Joseph à Giverny, qui était autrefois un endroit de désolation, un lieu de partage. Et elle va découvrir aussi le pouvoir du lien » nous détaille l’auteure.

Bio express

Ondine Khayat est romancière et psychopraticienne à Paris. Présidente du fonds de dotation Pour un Monde Meilleur qui réunit 15 ONG, elle est à l’origine du premier jeu humanitaire commercialisé par la Française des Jeux en 2016. 22 millions de tickets Solidaires Pour un Monde Meilleur ont été vendus et 2,6M€ ont été reversés à WWF.  Ecoute la petite musique du clos des Anges est son septième roman. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le www.ondinekhayat.com

Ecoute la petite musique du clos des Anges, par Ondine Khayat (Editions Solar), 16,90 €. Commander

 

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