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La musique et ses effets sur l’apprentissage des enfants dyslexiques

Par Lola Payet - Mise à jour le

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La musique est fascinante. Elle est capable de rassembler les gens, de transmettre des émotions, de raviver des souvenirs, de donner de la force, mais aussi de stimuler la créativité. Il semblerait même qu’elle puisse guérir ou du moins apaiser certaines douleurs.

Elle façonne aussi le cerveau, de par l’écoute musicale mais surtout par la pratique d’un instrument. De ce fait, si la musique façonne le cerveau, ne peut-elle pas aider ou du moins participer à améliorer l’apprentissage de la lecture pour les élèves dyslexiques pour qui la reconnaissance des sons est compliquée?

Qu’est-ce que la dyslexie ?

Rappelons tout d’abord ce qu’est la dyslexie. La dyslexie est un handicap définitif de l’apprentissage (il n’existe pas de solutions durables pour guérir). Les symptômes de la dyslexie sont variés, mais consistent principalement à une mauvaise compréhension et donc restitution des sons phonétiques. Les difficultés engendrées par la dyslexie touchent toutes les strates de l’apprentissage, mais plus particulièrement celui de l’apprentissage du langage écrit.

Quels sont les symptômes de la dyslexie ?

Les symptômes précoces de la dyslexie sont :

  • Un langage tardif
  • Une difficulté à apprendre de nouveaux mots, à construire des phrases
  • Une difficulté à reconnaître les lettres
  • Une incapacité à faire des rimes
  • Une tendance à rencontrer des difficultés pour écrire son prénom
  • Une mémoire immédiate insuffisante

Il existe cependant bien d’autres symptômes de la dyslexie au fur et à mesure que l’enfant avance dans son apprentissage scolaire.

A quel âge peut-on diagnostiquer la dyslexie ?

La dyslexie se déclare généralement lorsque l’enfant commence à lire et à écrire. Néanmoins, il est possible que l’enfant, dès ses 3 ans présentent des signes de dyslexie

Les bienfaits de la musicalisation de l’apprentissage scolaire.

Tout d’abord, il faut savoir que le cerveau naît musicien. En effet, une étude menée par Daniela Perani de l’université San Raffaele à Milan, a montré qu’à partir du 1er jour, les enfants reconnaissaient les parties harmonieuses et non harmonieuses d’une musique.

Or, les symptômes de la dyslexie seraient dus à une mauvaise compréhension de l’encodage des sons. Les enfants dyslexiques seraient incapables de reconstituer deux sons différents à la lecture. Et là encore, de précédents travaux ont montré que les enfants qui ont des difficultés en lecture, présentent également des problèmes de coordination sur un rythme quelconque.

Un développement des capacités de lecture et phonologique

Il faut bien comprendre que les parties du cerveau traitant la musique traitent aussi (en partie) le langage écrit et parlé. C’est une des raisons pour laquelle les enfants excellents musiciens, sont souvent d’excellents lecteurs, et écrivent aussi mieux que la moyenne.

Une autre étude a montré les différences entre une personne pratiquant un instrument, et une autre n’ayant pas de pratique musicale. Les neuroscientifiques de l’institut Karolinska ont étudié 18 jumeaux, avec un des deux jumeaux jouant d’un instrument. Il en est ressorti que les enfants musiciens ont les parties motrices et auditives mieux connectées entre elles.

Toujours dans ce même esprit, il est ressorti de l’étude menée par la neuropsychologue Italienne Elena Flaugnacco en 2015, qu’un entraînement au rythme facilite un développement des capacités de lecture des enfants entre 8 et 11 ans. Par exemple, les enfants atteints d’autisme sont plus sensibles à la musique qu’à la parole. En effet, les enfants atteints de troubles du spectre autistique décryptent mieux les émotions générées par la musique que les émotions décrites par le langage

Rythme et langage sont vraiment liés. En effet il est prouvé qu’un entraînement rythmique peut être rapproché d’un entrainement de la pratique du langage qui, elle aussi, s’insère dans une logique musicale.

Ce qui est à la base de cette découverte, c’est le fonctionnement de l’apprentissage du langage écrit : la conscience phonémique (capacité à découper le langage et à le manipuler de manière structurelle) est un prérequis pour apprendre à lire et à écrire. Séparer les mots en syllabes permet aux enfants dyslexiques de comprendre le sens et le son que produisent ces syllabes, et donc par la suite, cela leur permet d’utiliser les mots d’une langue et sa structure plus librement, en particulier à l’écrit

Faire pratiquer à un enfant dyslexique sa phonémique (prise de conscience que le langage est composé de sons élémentaires formant ainsi un sens à l’oral puis à l’écrit) en le faisant chanter, par exemple, peut donc l’aider grandement à décortiquer les mots en syllabes.

Une socialisation plus développée

Le fait de musicaliser l’éducation permet aussi aux enfants de se socialiser entre enfants du même secteur d’âge, mais aussi avec leurs enseignants. Les  parties de musiques collectives d’un instrument aident à la socialisation des élèves. La sociabilisation est très  importante pour un élève dyslexique, car sa différence peut être sujet à moquerie. Etre en groupe, ensemble à chanter ou pratiquer un instrument, permet aux enfants de se découvrir sans que les difficultés des uns et des autres apparaissent.

Néanmoins des résultats à relativiser

Toutefois, ces études sont assez peu nombreuses, relativement récentes et faites avec des échantillons très faibles de population. Ces études ne sont donc pas totalement confirmées.

Tous les humains sont différents, et ce depuis la naissance, c’est un fait. Certaines personnes peuvent avoir plus de facilités dans certains domaines, alors que d’autres n’auront aucune forme de talent pour créer et apprendre à créer cette chose.

La génétique et la volonté, une caractéristique à prendre en compte.

La pratique de la musique (son écoute et sa pratique) est par exemple plus fréquente chez les enfants dys dits intelligents (c’est-à-dire avec un QI supérieur à 100), car leurs capacités cognitives les rendent plus à même de maîtriser un instrument de musique. Il y a donc un véritable côté génétique derrière l’apprentissage d’un instrument de musique. Cette idée purement innée derrière la musique, est appuyée par la découverte d’une partie du cerveau nommée le Gyrus temporal transverse (il fait partie du cortex auditif). Des études ont été menées en suivant des enfants sur plusieurs années, qui ont à la naissance cette partie du cerveau plus large que la moyenne. Il en est ressorti que ces enfants continuent la musique plus longtemps que la moyenne. La musique est donc due en partie à une sensibilité innée.

Mais bien-sûr, entre aussi en jeu dans l’apprentissage de la musique la volonté des enfants. Car comme pour tout, certains enfants seront plus attirés par d’autres activités, comme le sport ou le dessin,  que par la pratique d’un instrument. De plus, la formation musicale est une formation sur le long terme. En effet notre cerveau a beau être totalement adapté à l’écoute de la musique et des harmonies, la pratique d’un instrument à un niveau intermédiaire est ardue, et demande du temps et un véritable engagement. La pratique instrumentale par un enfant dyslexique n’aura donc pas d’effet immédiat sur les symptômes de sa dyslexie, sauf sur le long, voire très long terme.

Conclusion sur les effets de la musique sur l’apprentissage

Pour conclure, la musique a des effets sur l’apprentissage et la socialisation des enfants. Cependant, tous les enfants ne sont pas sensibles à la musique, que ce soit pour son apprentissage ou même pour son existence tout court (2.5% de la population est amusique, c’est-à-dire incapables de percevoir la musique). Les enfants devraient surtout pratiquer ce qu’ils aiment. Les obliger à la pratique d’un instrument peut être contre-productif, et l’effet escompté va être inexistant voire négatif pour le développement de l’enfant.

La musique est l’une des dizaines d’autres moyens de développement cognitif disponibles, comme le dessin, le théâtre, la peinture… Il faut donc considérer la musique comme un moyen parmi d’autres de développer intellectuellement un enfant ou même un adolescent, qu’il soit dyslexique ou non.

Pour les enfants dyslexiques, il existe aussi d’autres méthodes pour l’aider, comme un soutien scolaire à domicile avec un professeur spécialisé

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