Dans le cadre des 500 ans de la Renaissance en Centre-Val de Loire, le château de Blois accueille du 18 mai au 1er septembre 2019 l’exposition Enfants de la Renaissance, qui offre une immersion originale et inédite dans le quotidien de l’enfance à la Renaissance.
Blois : le berceau de nombreuses têtes couronnées !
L’exposition « Enfants de la Renaissance » s’est tout naturellement installée au château royal de Blois, résidence favorite de 7 rois et 10 reines de France. Maison d’enfance des deux filles de Louis XII et d’Anne de Bretagne, pouponnière des 7 enfants de François 1er et Claude de France, palais familial pour Henri II et Catherine de Médicis qui viennent souvent à Blois pour rendre visite à leurs 10 enfants, puis demeure de la progéniture tardive d’Henri IV et de Marie de Médicis, le château n’a cessé de voir grandir ses enfants royaux !
L’exposition, qui mêle intimement l’Histoire du château et l’évolution de l’éducation depuis le Moyen Âge, « nous permet d’entrer dans l’intimité des rois ». Elle aborde le thème de l’enfance, mais « pas seulement celle des élites, qui ne représentent que 10 % de la population » précise Caroline zum Kolk, historienne et commissaire scientifique de l’exposition.
Elle nous donne une aussi une vision inédite de la maternité et de la famille de la fin du XVe au début du XVIIe siècle. Quel est le lien réel entre parents et enfants à cette époque ? « Enfants à la Renaissance » nous fait rentrer dans l’intimité et le quotidien des familles royales et aristocratiques. Elle réunit plus de 150 œuvres prestigieuses prêtées, entre autre, par le musée du Louvre, le château de Versailles, le musée de l’Armée ou la Bibliothèque nationale de France.
« Enfants de la Renaissance » : naissance et petite enfance
Scindée en trois temps forts, l’exposition « Enfants de la Renaissance » présente dans sa première partie les épreuves de la grossesse et de l’accouchement ou encore le rôle essentiel de la nourrice. A la Renaissance, chaque étape de la maternité est indissolublement liée à la mort, celle du nourrisson ou de la mère. Mais mourir en couche, contrairement à une idée reçue, n’est pas si commun, puisque cela ne concerne que « 1% des femmes à cette époque », précis Caroline zum Kolk. La mortalité infantile est quant à elle beaucoup plus importante. « La moitié des enfants meurent avant 10 ans » précis Caroline zum Kolk, et « il faut deux enfants pour faire un adulte ». Portraits, représentations et objets prophylactiques illustrent bien les problèmes de mortalité infantile et maternelle mais aussi les nombreux rituels parfois magiques, astrologiques ou religieux pour prévenir les maladies ou échapper à la mort.
L’exposition montre le rôle essentiel des sages-femmes, les seules habilitées à accoucher, le plus souvent en présence du père, et à regarder « les parties honteuses ». Louise Bourgeois, sage-femme de Marie de Médicis, fut la première à écrire sur son métier. Puis peu à peu, on commence à considérer l’accouchement sous un angle plus médical avec l’émergence de deux professions : les chirurgiens, « les seuls à pouvoir faire couler le sang » et pratiquer une césarienne, et les médecins. « Ce n’est que sous Louis XIV que ce sont les médecins qui assistent la reine dans l’accouchement » précise Caroline zum Kolk.
On découvre aussi que naître à la cour de France signifie souvent grandir loin de ses parents pour les dauphins ou futurs princes. Et ce dès la naissance. L’exposition montre le rôle incontournable de nourrice auprès de la noblesse. On lui confiait les enfants, à la campagne ou au palais, pour « laisser la femme à ses devoirs de représentation », précise Elisabeth Latrémolière, Conservatrice en chef du Château de Blois, « mais aussi pour préserver la blanche poitrine de ces dames »…
A quoi ça joue un enfant à la Renaissance ?
La seconde partie de l’exposition montre l’évolution de l’image de l’enfant à la Renaissance. Comment s’habillent les enfants ? A quoi jouent-ils ? « On peut voir l’âge de l’enfant sur les tableaux en fonction de ses vêtements », note Elisabeth Latrémolière. Filles ou garçons, jusqu’à 7 ans, tous portent la robe.
Puis à partir de 7 ans, les garçons « passent aux hommes » et portent de vrais habits d’apparat. Quant aux filles, elles portent costumes et bijoux s’inspirant de ceux des adultes. Les tableaux montrent de petits adultes plus que des enfants, loin déjà de l’insouciance de leur âge. La figure enfantine et son portrait font leur entrée, introduisant son individualisation dans la société et sa distinction progressive avec le monde adulte. Et les visages jusqu’ici sérieux et peu expressifs commencent à prendre vie. « L’enfant commence à exister ».
Très tôt, dès 5 ans, les enfants ont des jeux d’adultes (cartes, jeux d’argent). Les représentations d’enfants en train de jouer sont d’ailleurs rares. D’où le caractère encore plus exceptionnel des jeux et jouets exposés ici. Hochets en argent et corail, le jouet le plus ancien qui existe au monde, destiné à distraire bébé. Dînettes miniatures, appelées « ménages », en plomb, terre cuite et argent. Un soldat de plomb du 16e siècle, seule pièce jamais retrouvée. Des jouets militaires comme ces soldats en armures pour « jouer au tournoi sur une table », pour apprendre en s’amusant.
L’éducation des enfants royaux
Naître à la cour de France signifie grandir loin de ses parents. Du personnel aux résidences privilégiées en passant par la fréquence des rencontres ou l’éducation militaire, la troisième partie de l’exposition met en exergue l’enfance et le quotidien des dauphins ou futurs princes. Les enfants royaux grandissent dans une « Maison des enfants », entre les châteaux de Blois et d’Amboise, séparés de leurs parents qu’ils ne voient que périodiquement. Ce qui n’empêche pas Henri II et Catherine de Médicis d’avoir une relation très suivie avec leurs enfants et petits-enfants. Tenus à l’écart des épidémies, chaque petit prince ou princesse dispose en moyenne 70 personnes à son service, et jusqu’à 247 sous Catherine de Médicis. Dès 7-8 ans, un gouverneur est responsable de leur santé et de leur l’éducation. « A la Renaissance, on commence à se soucier de sa santé, à le faire évoluer », précise Elisabeth la Trémolière.
Cette période voit apparaître les premières méthodes d’apprentissage et l’enseignement organisé : c’est le début des bonnes manières, des règles de propreté et de l’art de vivre en société. Ils y apprennent le chant, la poésie, la danse ou le latin. Et pour les garçons, l’art de la guerre. Les traités pédagogiques se multiplient, écrits par les nourrices, précepteurs ou médecins, dont vous verrez quelques pièces exceptionnelles enluminées. On collecte et on conserve les premières pages d’écritures et les premiers gribouillages des enfants royaux, riches d’enseignements sur la manière dont on entend éduquer princes et princesses.
Visite de l’exposition en famille
Nous vous conseillons de voir l’exposition avant de démarrer la visite du Château de Blois, pour une introduction à la vie à la cour à l’époque. Vous en ressortirez directement par les appartements royaux.
Deux parcours sont proposés pour les enfants.
Parcours 1 : Pour les 9-12 ans, visite guidée à travers les œuvres exposées, en tenant compte des préoccupations des enfants d’aujourd’hui.
Parcours 2 : Les plus grands (et les adultes) pourront, eux, découvrir les coulisses de l’exposition : conservateur, régisseur, scénographe, médiateur… qui fait quoi ? Comment sont choisis les thèmes ? Quelles œuvres exposer ? Pourquoi ? Comment les mettre en scènes ? Comment les valoriser ?
Parcours « QR Code » : Vous pourrez également télécharger l’application Explora Lab. 10 QR Code répartis sur les trois salles vous permettront d’accéder à un contenu interrogatif pour mieux vous approprier les objets et les thématiques, et progresser dans l’exposition.
Visite guidée « Du hochet à l’armure, dans le quotidien des enfants de rois »
Du 18 mai au 31 août 2019, tous les samedis à 15h.
Visite guidée spéciale « kids » d’1h30 tous les mercredis matins en juillet et août
Infos pratiques :
Château royal de Blois
Tarif adulte : 12 €
Tarif enfant (6-17 ans) : 6,50 €Exposition « Les enfants de la Renaissance », du 18 mai au 1er septembre 2019. Comprise dans le billet d’entrée au château.
Pour aller plus loin : Catalogue de l’exposition, chez In Fine Editions d’art, 280 pages, 29 €. En vente à la boutique du château et sur Amazon.
Information et réservation : www.chateaudeblois.fr
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