Le Safer Internet Day, chaque année en février, marque le début d’un mois complet de mobilisation, à l’échelle mondiale, visant à aider les jeunes à adopter des comportements responsables sur le Web. L’occasion de passer en revue les divers écueils auxquels ils s’exposent en exposant leur vie privée sur les réseaux sociaux…
Une exposition permanente sur le Net, jusque dans leur vie la plus intime
Plus que toute autre, ils sont la génération 100 % écrans. Si, comme l’a montré une étude Médiamétrie en 2015, les foyers français possèdent en moyenne 6,4 appareils de ce type (tablettes, téléphones et télévision), nos enfants, particulièrement les collégiens et lycéens, en sont les consommateurs les plus immodérés.
Une autre enquête de 2016, réalisée quant à elle par le Health Behaviour in School-aged Children (HBSC) a montré que les adolescents étaient sur écrans cinq à huit heures quotidiennement. Rien d’étonnant donc à ce que leurs amours prennent, dès leurs prémices, Internet comme toile de fond. Un univers dont ils se servent pour nouer le contact, se séduire réciproquement et parfois « sexter » par ordinateurs, portables et webcams interposés. Mais au-delà des expériences qu’ils y cherchent et qui n’appartiennent qu’à eux, le monde virtuel peut les exposer à un certain nombre de dérives sur lesquelles il convient en revanche de les alerter.
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Attention aux contenus diffusés sur les réseaux sociaux
Banalisation du porno oblige, les photos coquines et effeuillages filmés sont devenus plus fréquents chez les jeunes. Chez ceux qui sont en couple, ou pas, car ces exhibitions servent fréquemment de préludes à des filles et des garçons qui ne se sont jamais rencontrés ou parlé « en vrai ». Mais ces « jeux » en ligne et le partage de photos intimes à priori effectués entre personnes consentantes peuvent se transformer en pièges voire en drames.
Le premier risque vient de l’ex avec qui on a coupé les ponts : pour panser son égo qu’il estime bafoué, il ou elle va poster en ligne les fameux clichés un tant soit peu dénudés, des vidéos d’ébats intimes (ou sextapes) ou des montages explicites sur les réseaux sociaux, voire sur les sites X. Le phénomène, puni par la loi en France depuis septembre 2016 et passible de deux ans d’emprisonnement et 60 000 euros d’amende, a un nom, le revenge porn.
Si l’on n’a pas de statistiques pour mesurer son ampleur dans l’Hexagone, un rapport publié par Childnet au Royaume-Uni montre que la moitié des teenagers britanniques entre 13 et 17 ans ont vu leurs « amis » partager des images intimes de personnes qu’ils connaissaient sur les réseaux sociaux. Et près d’un jeune sur 10 a été témoin de la création d’un groupe –Whatsapp, Facebook, Instagram ou autre– destiné au partage de photos ou d’informations à caractère sexuel.
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Des ravages parfois incommensurables du revenge porn
Pour les victimes de revenge porn, les retombées sont catastrophiques et les amènent souvent à être déscolarisées, ou contraintes de déménager, quand cela ne les conduit pas vers des tentatives de suicide. Et ces traces numériques lourdes à assumer peuvent les suivre longtemps après. Et notamment tomber sous les yeux d’un employeur qui googleliserait les antécédents de ses divers candidats.
Sans entrer dans la sphère personnelle de nos rejetons, il est donc important de les avertir de de ce danger, de s’autoriser à leur poser des questions et même de vérifier l’historique des sites consultés si l’on un doute, une inquiétude, ou que l’on estime que son enfant semble perturbé.
L’autre menace qui plane sur les adolescents est la sextorsion : manipulés par un escroc en ligne qui se crée une identité fictive sur un site de rencontre, de jeu en ligne ou un réseau social, celui-ci les amènera à se dénuder face caméra. Les images recueillies leur serviront à essayer de leur soutirer de l’argent.
Et il existe enfin aussi des prédateurs sexuels purs et simples qui se servent de ces « canaux » et de ces mêmes techniques du faux profil pour recruter leurs proies…
Afin d’éviter d’en arriver à ces terribles extrémités, incitez donc vos ados à ne garder pour la seule intimité ce qui relève de celle-ci. Et informez-les sur le fait qu’ils peuvent porter plainte s’ils sont en butte à du harcèlement, à du chantage ou s’ils sont confrontés à des interlocuteurs dont les propos ou procédés leur semblent ambigus.
Une vision biaisée de la réalité
Si l’on parvient à entamer le dialogue avec son ado ou ses ados sur ce thème, il est important aussi d’évoquer la distorsion qui existe entre les diverses déclinaisons pornographiques qu’ils sont amenés à rencontrer sur le Web ( 90 % des adolescents ont déjà vu des films pornos ) et la vraie sexualité. Tout simplement pour qu’ils n’imaginent pas qu’ils doivent reproduire ces codes et gestes dans leur vie amoureuse, la femme y étant systématiquement montrée comme un simple objet. Et ce n’est pas le seul de ses méfaits puisque le X peut aussi les inhiber et créer des angoisses ou complexes, s’ils se comparent aux performances et à l’anatomie des « acteurs ». En témoigne ainsi la demande exponentielle de nymphoplasties, chirurgie de la vulve, que réclament désormais aux médecins des patientes mineures !
Pour aller plus loin :
A consulter : www.e-enfance.org le site de l’association e-ENFANCE qui lutte contre les cyber-violences
Se faire accompagner sur FamiNum.com, la plateforme familiale d’éducation au numérique
A télécharger : « Comment parler d’Instagram à vos ados : un guide pour les parents » – Un petit guide pratique édité par Instagram lui-même qui donne aux parents d’ados quelques « outils » pour les aider à mieux gérer leur compte (confidentialité, temps passé, commentaires, etc). En téléchargement ici.
Portail Facebook pour les parents : à consulter pour plus d’outils pour comprendre ce que font les ados sur Facebook et prévenir les comportements à risque.
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