Les enfants en difficulté, que ce soit par un handicap ou une inaptitude, aiment autant jouer que les autres. Ils sont différents, comme le sont tous les enfants, et le challenge est de trouver les bons jeux pour les aider à progresser. Véronique Veillith d’Aubarède, psychomotricienne spécialisée dans les troubles des apprentissages scolaires depuis 25 ans et consultante pour JouéClub, nous donne des clés pour choisir un jeu adapté aux enfants dits extraordinaires.
Faut-il s’adresser à un magasin de jouet spécialisé dans le handicap ?
N’oubliez pas que c’est avant tout un enfant ! Quand vous vous adressez à lui, voyez-vous tout d’abord son souci ou le fait que c’est un enfant ? Si vous voulez aider un enfant à « aller mieux » par rapport à sa difficulté, vous pouvez opter pour un jeu dit thérapeutique. Mais si le but est juste de lui faire plaisir, il existe sur le marché traditionnel de nombreux jeux qui pourront lui plaire, par exemple en adaptant les règles.
Si votre enfant a des difficultés reconnues, il a aussi sans doute de nombreuses prises en charge, et il n’a peut-être pas envie de travailler dessus même à travers un jeu. Les jeux n’ont pas besoin d’être toujours thérapeutiques. Il faut laisser l’enfant s’intégrer dans le monde qui l’entoure, sans le ramener toujours à son handicap. Pensez avant tout au plaisir de jouer, et surtout de jouer ensemble.
Mon enfant a des troubles des apprentissages : je choisis un jeu adapté à son âge réel ?
Les âges sont très théoriques sur les boîtes de jeux et de jouets, et correspondent le plus souvent à des normes sur le contenu physique du jeu. Il ne faut pas s’interdire un jeu « simple » parce qu’il y a marqué dessus « A partir de 4 ans » et que votre enfant en a 8. Les enfants extraordinaires sont très hétérogènes. Un enfant de 9 ans peut avoir un développement psychomoteur correspondant à un âge de 4-5 ans, et ce n’est pas grave. Mieux vaut alors opter pour un jeu un peu plus facile qui ne le mettra pas en difficulté et l’aidera à se valoriser. Il faut parfois aller sous l’âge réel pour stimuler le cerveau puis monter progressivement le niveau. Il est aussi possible d’adapter les règles pour que l’enfant profite mieux du jeu.
On peut aussi se demander ce qu’est vraiment l’âge réel. Les enfants ont tous un développement différent, et cela peut en plus varier selon les besoins du moment. Les parents ont parfois du mal à entendre le conseil de choisir un jeu « pour petit » : ils ont plus souvent envie de griller les étapes. Il faut aussi de la flexibilité, et éviter encore plus la comparaison avec d’autres enfants. L’essentiel, c’est que tous les participants s’amusent et prennent plaisir à ce temps partagé.
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Dois-je acheter ce jeu dont il me parle tout le temps mais qui ne sert à rien ?
L’enfant doit rester le prescripteur, surtout au moment des fêtes de fin d’année. Si l’enfant se focalise sur un jeu, on peut l’acheter juste pour lui faire plaisir. Le jeu demandé correspond sans doute à un jeu à la mode dont il a entendu parler dans la cour de récréation ou par ses proches, frères, cousins, amis. Les enfants dont la différence prend parfois le pas sur la vie et pèse fortement sur le quotidien ont parfois du mal à se faire des amis en raison de leur différence, alors qu’il est important que l’enfant puisse établir le contact avec ses pairs. Choisir un jeu à la mode peut aider l’enfant à créer des relations et devenir un vecteur de communication en agissant comme un aimant et en attirant des enfants de son âge.
Je dois tricher pour le laisser gagner ?
Surtout pas. Les enfants ne sont pas dupes. Si vous trichez, ils s’en rendent compte. Mieux vaut leur expliquer qu’ils vont prendre le dessus et pourront ainsi mesurer leurs progrès. Il faut leur expliquer que pour devenir adulte, ils doivent passer par un chemin de frustration. Quand ils gagnent « à la loyale », leur estime d’eux-mêmes est décuplée !
Si la frustration est systématique et trop forte, on peut éventuellement éviter les jeux où il y a un gagnant et un perdant, et préférer les jeux coopératifs ou le jeu en équipe : perdre en équipe est plus facile. Il faut aussi sélectionner des jeux en famille où tout le monde se retrouve au même plan quel que soit l’âge avec, éventuellement, des handicaps pour les adultes : jouer avec la main gauche, avec du rouleau adhésif sur certains doigts pour avoir moins de dextérité… Enfin rappelez-vous qu’on est tous égaux face au hasard, et les jeux de chance sont souvent sources de fou-rires.
Bien prendre en compte le profil de l’enfant à difficulté
Vous adoriez les puzzles et les jeux de logique ? Ce ne sera pas forcément le cas de votre enfant s’il a des difficultés particulières. De plus, les jeux de logique et les puzzles sont souvent utiliser en séances thérapeutiques et peuvent sembler plus du travail que du jeu à votre enfant.
Dans la mesure du possible, testez le jeu
Les jeux de société peuvent rapidement représenter un budget conséquent et il vaut mieux être sûr que le jeu est bien adapté. N’hésitez pas à aller découvrir les trésors des ludothèques dans lesquelles vous pourrez tester le jeu avec la possibilité que quelqu’un vous explique la règle. Vous pouvez également tester les jeux dans les bars à jeux, notamment à l’ouverture où les animateurs ne sont pas encore débordés. Vous vous êtes trompé et le jeu choisi n’intéresse pas du tout votre rejeton ? Pas de panique, les jeux de société se revendent plutôt bien en seconde main.
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