Comment faire face à la mort de son enfant ? Comment surmonter son chagrin et faire son deuil quand on perd la chair de sa chair ? Des parents qui ont vécu l'incommensurable douleur de la perte de leur enfant racontent les étapes de leur deuil et leur retour à la vie.
La mort d’un enfant est un drame si violent, si terrifiant, qu’il fait partie des plus gros tabous de notre société. Comme si ne pas en parler pouvait faire disparaître l’éventualité de la perte de son enfant. Il y a quelques mois, nous vous présentions le documentaire « Et j’ai choisi de vivre » sur le thème du deuil d’un enfant. Celui d’Amande, une maman ayant vécu la mort de son fils de 1 an, et qui s’interrogeait sur la notion de deuil. Dans la même veine, nous avons eu envie de donner la parole à d’autres parents endeuillés, pour savoir comment ils ont surmonté cette épreuve et vécu le long travail de deuil de leur enfant.
Après la mort de son enfant, le besoin d’être entendu dans sa souffrance
En 2016, Enzo est emporté par un cancer, à l’âge de deux ans. Bien que préparée à la mort inéluctable de son fils par les médecins, sa maman Marie s’effondre. « Quand il est mort dans mes bras, une partie de moi est morte avec lui », raconte la jeune femme qui se souvient avoir vécu une véritable perte de sens après le décès de son enfant. Malgré sa douleur immense, elle s’accroche, pour sa fille de 4 ans et son mari, et reprend le travail, deux mois après la mort de son fils, pour s’occuper l’esprit et surmonter son deuil. Savoir que l’on a besoin d’elle l’aide à mieux vivre son deuil, tout comme le fait de se tourner vers les autres : elle donne alors son sang et de l’argent pour la recherche contre les cancers pédiatriques, et prend contact avec d’autres mamans ayant perdu des enfants d’un cancer, pour échanger et s’aider mutuellement à surmonter cette période douloureuse.
Le besoin de parler, de trouver les mots pour parler de la mort de leur enfant, relie d’ailleurs tous les paranges (néologisme qui désigne les parents endeuillés) que nous avons interrogés. Après le décès de son fils Gabriel en 2015 à l’âge de 46 jours, des suites d’une malformation cardiaque grave, Yannick a consulté beaucoup de psychologues pour l’accompagner dans son travail de deuil. Mais il a aussi ressenti le besoin d’échanger avec des personnes touchées par le même drame que lui, sur les réseaux sociaux. « Ce sont les seules personnes capables de comprendre notre colère (malgré soi) en voyant des jeunes parents épanouis dans la rue, notre culpabilité […] et nos interrogations sans fin pour essayer de donner un sens à cette épreuve», explique-t-il.
Perpétuer la mémoire de son enfant décédé pour ne pas qu’il soit oublié
Pourtant, il a aussi fallu pour ce papa endeuillé , « affronter » les autres. Ceux qui ne savent pas qu’il a vécu la triste disparition de son bébé et posent parfois des questions qui réveillent des émotions douloureuses : « Combien as-tu d’enfants ? Quels âge ont-ils ? » « Ca a été difficile d’apprendre à répondre, mais […] j’ai le devoir de perpétuer la mémoire de Gabriel, et de parler de lui avec fierté ». Alors que beaucoup de parents en deuil peuvent se sentir gênés de parler de la mort de leur enfant, Marie, elle, dit apprécier qu’on lui parle de son fils disparu. « Enzo n’existe plus que dans nos mémoires et en parler me fait du bien, il vit à travers nos souvenirs, nos dires, nos histoires ». Car s’il est une peur qui subsiste chez ces parents confrontés à la perte d’un enfant, c’est bien qu’il soit oublié.
Pour cette raison, et pour perpétuer le souvenir de son enfant disparu, Marie a aménagé un petit coin chez elle, avec des photos d’Enzo, une statuette d’ange et des bougies. Elle marque aussi ses dates d’anniversaires de naissance et de mort par des actes symboliques, comme l’envoi de lanternes dans le ciel. Pour perpétuer le souvenir de leur enfant parti trop tôt, Yannick s’est fait tatouer cinq fois, et Mégane, un autre parange, alimente régulièrement sa page Instagram avec des textes dédiés à son fils décédé. Parce que les tatouages, comme les écrits, restent eux aussi.
« Penser à avoir un autre enfant, j’ai d’abord trouvé cela affreux »
Malgré le chagrin de la perte de son enfant, la jeune maman n’en a pas oublié son couple. Une épreuve aussi douloureuse a trop souvent tendance à briser les relations amoureuses, « dommage collatéral » qui peut davantage fragiliser le couple. « Après avoir ressenti le besoin d’être entourés, nous avons eu celui de nous retrouver à deux », explique Mégane. Alors avec son compagnon, ils ont beaucoup voyagé pour entamer leur travail de deuil et pour resserrer leurs liens. En plus de projeter de déménager dans le sud prochainement, ils parviennent à regarder vers l’avenir grâce à l’arrivée imminente d’un « bébé espoir ». Une étape dans le processus de deuil.
Avoir un bébé après avoir perdu un enfant n’a cependant rien d’évident. « On se pose beaucoup plus de questions », explique Marie, tombée enceinte quelques mois seulement après la mort d’Enzo. Lorsque son mari a évoqué l’idée d’avoir un nouveau bébé très rapidement après le drame, la culpabilité l’a d’abord rongée : « j’ai trouvé cela affreux, puis je me suis rendue compte que pouponner à nouveau, me sentir utile, donner et recevoir de l’amour m’aiderait peut-être ».
Aujourd’hui, Marie voit l’arrivée de leur petit dernier comme une « bénédiction » et une étape dans dans le travail de deuil : « l’amour et le bonheur sont à nouveau entrés dans nos vies ». Mais celle qui dit tout de même connaître encore des hauts et des bas après le décès de son fils, devra probablement veiller à jamais sur ce qui s’apparente à une énorme cicatrice…
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Ma Fille vient de décéder d’un cancer. Elle avait 50 ans et 23 ans de combat contre cette maladie. Mon Fils a un cancer généralisé et je ne sais pas combien de temps il lui reste à vivre. La douleur est intense, je suis perdue. Jamais on ne se prépare au départ de son Enfant.
Bonjour, de tout coeur avec vous dans ces épreuves. Il est absolument essentiel de vous faire accompagner pour ces périodes éprouvantes.
j’ai perdu mon fils de 27 ans a cause de cettte merde de cancer
pourquoi lui je ne comprends pas un vie sans alcool sans drogue sans aucun facteur risque apres bientot 2ans de deuil je ne remonte pas la pente mais je suis de plus en plus triste aidez moi
Ma fille avait 25 ans . Elle est décédée d’une septicémie provoquée par une bactérie resistante aux antibiotiques. Elle était enceinte de 4 mois de grossesse. C’est en accouchant d’un bébé sans vie que les complications ont entraîné une septicémie, choc septique. Trois années se sont passées. Toujours la même douleur,. Je ne sais pas quel vocabulaire serait juste pour évoquer une telle souffrance. C’est intolérable. Comment accepter l’inacceptable…
J’ai perdu ma fille unique 17 ans et Demi il y’a 8 mois je l’aimais de tout mon âme , j’essaye de trouver les mots mais j’y arrive pas , je me culpabilise, je ne comprends pas pourquoi moi
Nous sommes sincèrement désolés, la perte d’un enfant est une traumatisme avec lequel il faut essayer de vivre le mieux possible. La perte est très récente, il faut du temps, et surtout ne pas se murer dans sa peine et son deuil, chercher du soutien auprès de proches, d’amis, d’associations. Vous n’avez aucune raison de vous culpabiliser, cela peut arriver à chacun d’entre nous, ça ne s’explique pas… Bon courage à vous.
J’ai perdu mon fils le 14 juillet 2020 à l’âge de 20ans il c’est suicidé j’arrive pas a remonté la pante
Toutes nos pensées pour vous après cet effroyable drame, tout récent. Surtout ne vous repliez pas sur vous-même, rencontrez des personnes qui pourront vous aider, d’autres parents ayant vécu un deuil avec qui échanger.