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Rencontre avec Céline Toledano, créatrice de Coq6grue

Par Nathalie Brunissen - Mise à jour le

jeux de société créatifs Coq6gure

A côté des mastodontes du jouet, de plus en plus de petites marques « made in France » émergent et se font une place dans un secteur encore dominé par les produits « made in ailleurs ». Coq6grue, propose des jeux de société… créatifs. Un concept original qui allie deux tendances phares : celle des jeux de société, qui éloignent les enfants des écrans et promettent des moments de partage en famille, et celle du « Do It Yourself », les loisirs créatifs dont sont de plus en plus friands les petits, comme les grands. 

Les jeux Coq6grue séduisent d’autant plus les parents qu’ils sont associés à une démarche éco-responsable et éthique : du fabriqué en France, oui, mais aussi une dimension sociale puisque la marque distribue ses jeux dans un réseau de détaillants de proximité. Nous avons rencontré la créatrice de cette jeune marquée créée en 2018, Céline Toledano.

Pouvez-vous nous présenter la marque Coq6grue ? Et d’abord, pourquoi ce nom ?

Céline Toledano : Une coquecigrue, c’est un mot désuet de la langue française, qui désigne plusieurs choses différentes selon le contexte, qui sont toutes liées à l’imaginaire : une histoire inventée, un animal imaginaire… J’ai réécrit le mot coquecigrue pour le découper en trois parties : le coq, qui est le symbole du « fabriqué en France », le six, qui est la plus forte face d’un dé à jouer et qui représente donc les jeux, et la grue, qui représente la construction, puisque ce sont des jeux de société à construire et qui sont fabriqués en France.

Le concept est d’allier loisirs créatifs et jeux de société, et permettre aux enfants de collaborer à la construction de leurs jeux, de dessiner, colorier, apposer des autocollants, construire le jeu à leur image, et d’être super fiers après de pouvoir rejouer avec. On me dit souvent, « ce jeu-là a un attrait particulier pour les enfants, parce que c’est leur jeu, ils sont hyper fiers de pouvoir montrer leurs cartes aux copains, à la famille, de dire « c’est moi qui l’ai fait ». C’est ce qui donne un attrait particulier au jeu ».

Vous créez non seulement des jeux de société, mais des jeux de société créatifs, ce qui est plus original et peu commun. A la base, êtes-vous joueuse… ou créative ?

Céline Toledano : Il y a quelques années, je n’aurais jamais cru que je monterais une entreprise, ni que j’étais créative. Je n’étais vraiment pas à la base quelqu’un de créatif. En tout cas je n’avais jamais pris le temps de me laisser la possibilité d’être créative. Et je me rends compte finalement que cette créativité, on est quand même très nombreux à l’avoir au fond de nous, mais qu’il faut lui laisser le temps de s’exprimer. Et que dans une vie un peu à 100 à l’heure, très bien réglée, si on ne se laisse pas des plages pour exprimer sa créativité, elle se cache. Et nous sommes aussi assez joueurs, c’est certainement comme ça que l’idée est venue.

C’est donc une reconversion totale ?

Céline Toledano : Oui, j’ai eu une carrière professionnelle que j’ai beaucoup aimée. Je travaillais dans les approvisionnements et la logistique dans la grande distribution. Mais un jour, j’ai eu cette envie de vivre ma propre aventure professionnelle. Ca a été un cheminement très long entre le moment où professionnellement c’était à la fois le bon moment pour mon entreprise et pour moi de se séparer, le moment où j’avais l’idée de ce que j’allais faire. Et le moment dans ma vie personnelle aussi où les enfants était un petit peu plus grands, je regagnais un petit peu de temps… 

Pourquoi les jeux de société ? Vous trouviez qu’il manquait quelque chose dans ce qui existait déjà ?

Céline Toledano : Non, la première idée était de pouvoir réutiliser les créations des enfants. Dans mon quotidien de maman, je faisais beaucoup d’activités créatives avec mes deux filles. Et on était toujours, enfin surtout moi, très frustrées à la fin de se dire qu’on avait fait quelque chose… qui ne servait à rien. Soit on avait créé quelque chose, mais qui n’allait pas trop dans la déco du salon. Soit on le met dans une boîte parce que c’est un bon souvenir, mais il n’y avait pas de deuxième utilisation. Donc j’ai cherché comment pouvoir donner une deuxième utilisation à la créativité des enfants. Et c’est sous forme de jeu que j’ai eu l’idée de la faire. 

Il y a des jeux que vous créez qui sont complètement nouveaux comme LOCO ou Libérez-moi !, et des jeux dérivés de jeux classiques, comme la bataille ou le jeu des 7 familles. Est-ce un parti prix de faire un mix des deux ? 

Céline Toledano : Oui, c’est complètement ça. Mes premières idées étaient des idées de jeux de plateau, donc des concepts tous droit sortis de mon imagination, que j’ai testés longuement pour arriver au jeu qui fonctionne bien. Et puis j’avais quand même aussi cette envie d’avoir un format un peu plus transportable, assez accessible en termes de prix. Je me suis dis que le concept matchait aussi très bien avec les jeux de société classiques que tout le monde utilise. Et avec maintenant un petit peu de recul, quand on n’est pas très joueur, le jeu de société, ça fait toujours un peu peur, car on craint que les règles soient compliquées. Avec des jeux comme la Bataille, les 7 Familles et Mistigrue, il n’y a pas cette barrière de se dire « c’est compliqué ! ». Dans les jeux de plateau, j’ai essayé justement de proposer des jeux dont les règles étaient extrêmement simples.

Combien de jeux créez-vous chaque année ? 

Céline Toledano : Quand j’ai lancé Coq6Grue, j’ai lancé quatre jeux d’un coup. L’année dernière, j’ai rajouté un jeu de plus. Et cette année mes plans ont été un petit peu bouleversés… Du coup il n’y a pas eu de lancement en 2020. Il y aura en 2021 plusieurs lancements sur des jeux de cartes.

Depuis 2 ans que vous avez créé Coq6grue, quels sont les grands bonheurs et les difficultés que vous rencontrez ?

Céline Toledano : Ce qui me comble le plus, c’est de voir les yeux des enfants quand ils ont créé leurs jeux, quand ils veulent rejouer avec. Les témoignages de parents, c’est ce qui me dit que j’ai bien fait. Ce qui est le plus difficile, c’est le temps. Tout prend énormément de temps et quand on est tout seul à travailler, le temps prend des proportions encore plus importantes. C’est quelque chose que je n’avais pas du tout anticipé et je m’étais dit que les choses iraient en fait beaucoup plus vite. Il y a beaucoup de projets entrants, mais qui prennent énormément de temps.

Vous vous êtes associée à d’autres jeunes marques sur diverses initiatives. Est-ce que quand on est une petite marque comme Coq6Grue, il y a ce besoin de se serrer les coudes ?

Céline Toledano : A la base, je ne le fais pas pour me faire connaître. Je le fais parce que ça répond à mes convictions. Le collectif Make Friday Green Again, c’est exactement ça. Ca répond à un positionnement éthique. D’autres initiatives sont plus liées à briser la solitude de l’entrepreneur et se serrer les coudes effectivement avec d’autres petites marques. 

Beaucoup de jeunes marques se font connaître via les réseaux sociaux. Sont-ils des incontournables quand on est une marque indépendante ?

Céline Toledano : Oui tout à fait, les réseaux sociaux offrent une visibilité non seulement auprès des consommateurs finaux, mais aussi des revendeurs. Plusieurs boutiques m’ont contactées via Instagram pour vendre mes jeux.

Quel est votre rêve ultime ? Etre référencée dans les grandes enseignes spécialisées ? Ou ça n’est pas dans votre philosophie de consommation plus responsable ?

Céline Toledano : Mon souhait profond, ça n’est pas forcément d’y être, parce que je préfère travailler main dans la main avec les commerçants de proximité. Je pense que le jour où on aura des centres-villes où il n’y aura que des immeubles et plus de petites boutiques, ça sera vraiment bien triste. Donc il faut les faire vivre, et pour ça, il ne faut pas les mettre autant en concurrence qu’ils le sont aujourd’hui. Donc ça, c’est mon souhait profond. Après, cela prend beaucoup de temps, car ils sont tous différents, ce qui plait à l’un ne plait pas à l’autre… Et pour exister dans cet univers impitoyable, on ne peut pas « se passer » des grandes enseignes. Mais moi, mon choix se porte plus vers des enseignes de produits culturel comme Cultura, Nature & Découvertes, la Fnac. Mais les enseignes comme JouéClub intègrent de plus en plus de corners « made in France » ou de produits éthiques. Globalement, la prise de conscience en France, elle a lieu, et les initiatives tournées vers des produits éthiques et fabriqués localement, au moins en Europe, sont réelles.

Décrivez-nous votre journée de travail

Céline Toledano : J’ai deux filles de 9 et 11 ans. Je travaille entre 8h30 et 18h. Je vis à Paris donc je suis très proche de l’école. Par rapport à ma vie d’avant où j’avais du transport, ça me permet d’être bien plus disponible avec elles pour faire les devoir et jouer un peu. Même si, la différence aussi, c’est que j’ai plutôt moins de facilité à déconnecter, notamment à cause des réseaux sociaux, d’Instagram… Donc des fois je suis là, mais pas complètement là, et ça m’est beaucoup reproché…

Pendant le confinement, vous arriviez à faire l’école à la maison et à travailler en même temps ?

Céline Toledano : Ca n’était pas simple, mais mon mari s’est rapidement retrouvé au chômage partiel à 50 %, ce qui nous a permis d’équilibrer les choses et d’être à 50 % chacun et sur notre activité, et sur l’école, où sur l’occupation. Donc on s’était réparti les choses, et on demandait aux filles d’être un peu autonome.

Que pensent vos enfants du métier de leur maman ?

Céline Toledano : Dans la phase de création des premiers jeux, on a beaucoup beaucoup joué. Je pense que ce qui est agréable pour elles, c’est qu’elles comprennent à peu près ce qu’est mon travail, ce qui n’était pas du tout le cas avant, où ma petite disait « le travail de maman c’est de faire les courses »… 

Quel jeu a marqué votre enfance ?

Céline Toledano : J’ai énormément joué à La Bonne Paye, et beaucoup aussi avec un jeu de cartes classique. Parce qu’on peut faire des centaines de jeux différents avec un jeu de cartes classique. Et aujourd’hui en famille, on joue beaucoup avec des jeux qui sont devenus des intemporels, comme les Aventuriers du Rail, Carcassonne, Citadelle… des jeux qui passent les années sans problème. On joue beaucoup en famille. Ma fille aînée adore ça. On joue d’autant plus depuis cette période de confinement. C’est pendant cette période qu’on a ressorti nos jeux « adultes » mais qui sont souvent accessible dès 8-10 ans, et on s’est mis à jouer tous ensemble. D’un point de vue familial, jouer à un jeu de société tous ensemble, c’est vraiment des moments extraordinaires en famille et qui créent plein de souvenirs, on rigole… Pour le bien-être de la famille, c’est très rassembleur.

Et qu’allez-vous offrir à vos enfants pour Noël ?

Céline Toledano : On n’a pas encore fait nos courses de Noël, mais c’est l’anniversaire de mon aînée bientôt, et on a acheté ses cadeaux juste avant le confinement… et il y avait effectivement des jeux de société sur la liste.

CONCOURS : On vous offre des jeux Coq6grue dans notre Hotte de Noël 2021, dans l’espace Concours et sur nos réseaux sociaux, Facebook et Instagram !

Zoom sur les jeux Coq6grue 

Pour chaque jeu, les activités et le jeu peuvent être réalisés indépendamment, et en plusieurs fois. Retrouvez ces jeux sur le site de la marque, ou sur La Fabuleuse French Fabrique, une plateforme de vente en ligne qui met en avant les jeunes marques “made in France”.

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