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Ils sont ados et n’ont pas de portables : oui, c’est possible !

Par Brigitte Valotto - Mise à jour le

Ce petit objet, à savoir le téléphone portable, semble être devenu l’extension naturelle d’un corps adolescent : alors, ceux qui n’en ont pas peuvent paraître handicapés aux yeux de leurs tiers ! Mais comment font leurs parents pour qu’ils acceptent cette insoutenable privation ? Et faut-il suivre leur exemple ? Enquête parmi ces aliens : des ados sans smartphone !

«J’ai supplié ma mère, mais elle n’a pas craqué… et maintenant que j’ai grandi, je trouve qu’elle a bien fait », explique très sérieusement Mélina, 20 ans, comme si elle évoquait une cure de désintoxication. Et c’est bien de ça qu’il s’agit, au fond. Elle qui n’a eu son premier smartphone qu’à l’âge de 17 ans a héroïquement survécu à une adolescence sans téléphone portable, dans un monde où les collégiens, dès 12 ans, font du « vamping » (rester éveillé toute la nuit, le nez sur son smartphone) ou de la « nomophobie » (angoisse d’être privé de son portable) !

Renoncement au téléphone portable… contre monnaie d’échange

Mais comment a-t-elle fait pour vivre sans téléphone portable, et surtout, comment sa mère a-t-elle pu lui imposer ce qui s’apparente aujourd’hui à une véritable sanction ? « En fait, elle ne l’a pas présenté comme ça, mais au contraire, comme une opportunité de faire d’autres choses. Par exemple, elle m’avait demandé ce que je voulais, à la place de l’abonnement smartphone, et j’avais choisi les cours d’équitation un peu exprès parce que c’était cher… j’espérais qu’elle renonce ! Mais elle a tenu parole, et moi j’ai passé tous mes galops et je me suis trouvé une passion ! Aussi, on allait beaucoup à la médiathèque ensemble, emprunter des livres, et j’avais le droit de lire dans mon lit… à l’heure où tous ceux de ma classe passaient la soirée à s’envoyer des textos ! »

Tenir le cap n’a certes pas été de tout repos. Lorsqu’elle est entrée au collège, Mélina a tout tenté pour persuader sa mère de lui acheter un smartphone : persuasion (« maman, je t’assure que je saurai gérer mon temps… ») ; culpabilisation s’il m’arrive quelque chose, je ne pourrai pas te prévenir » ou « par ta faute, je n’aurai aucun ami ») ; chantage (« puisque c’est ça, j’aurai des mauvaises notes, je m’en fiche ») corruptionje te donnerai tous les points que tu vas gagner avec mon abonnement et tu pourras changer le tien pour un plus beau »)… Rien n’y a fait.

Donner du temps au temps… en décrochant de son smartphone

Aujourd’hui, Mélina admet qu’elle a fait fructifier ces minutes volées aux écrans : « Maman me disait que les portables allaient absorber tout mon temps, et me voler mon adolescence. Que je regretterais, plus tard, d’avoir passé toutes ces années précieuses le nez sur un écran ! Et je reconnais qu’elle a eu raison. Aujourd’hui, je suis étudiante et je n’ai plus beaucoup de temps pour l’équitation, donc je suis contente d’avoir pu en profiter autant que je voulais à 13 ou 14 ans ! Je me suis aussi passionnée pour la lecture à partir de la sixième, et je reconnais que depuis que j’ai enfin mon smartphone, je lis moins… Quand on commence à aller sur les réseaux sociaux, on a du mal à maîtriser le temps qu’on y passe, et ensuite il n’en reste plus pour prendre un bouquin ! Mais je ne suis quand même pas devenue totalement addict. Peut-être que le fait de ne pas en avoir eu un trop tôt, ça m’aide à mieux résister aujourd’hui. »

Mélina est un cas rare : dans la génération Z des 13-20 ans, nés avec les mobiles, 46 % ne sauraient envisager de vivre sans, et 70 % ont eu leur premier appareil à douze ans ou moins*. Un ado sur quatre indique même l’avoir obtenu… à moins de dix ans !

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Premier portable à l’entrée en 6ème, un rituel obligé ?

Pourtant, des parents essaient de faire front et même, s’organisent : ainsi, Marie-Alix Le Roy, qui a créé sur en 2019 sur Facebook « Parents unis contre les smartphones avant 15 ans ». C‘était peu de temps après que sa fille Diane, alors en CE2, ait été confrontée à une demande « porno » d’un petit garçon qui avait vu un film X sur le téléphone de son cousin, et voulait imiter les fellations. « Elle n’avait que huit ans ! J’ai réalisé que nous allions être confrontés à cette problématique de façon croissante, puisque beaucoup de parents, autour de moi, disaient qu’ils donneraient un portable à leurs enfants à l’entrée au collège, comme si on ne pouvait pas faire autrement. C’était comme une obligation, sous la pression… »

C’est exactement ce que confirme Axelle Desaint, coordinatrice du Safer Internet Day et directrice d’Internet Sans Crainte : « Lors d’une enquête que nous avions menée à la rentrée 2023 pour notre opération #BienvenueLes6e, auprès de 550 parents dont les enfants rentraient au collège, 79% pensaient qu’il n’est pas normal d’équiper son enfant en smartphone dès cet âge-là. Et pourtant, ils sont une majorité à le faire, presque comme un rituel ! »

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Un smartphone pour quoi faire ?

Il y a le fait que « tous les autres en ont », il y aussi des raisons pratiques à acheter un portable à son enfant :  les parents qui laissent souvent l’enfant rentrer seul, à partir du collège, veulent pouvoir garder le contact, voire géolocaliser leur progéniture…

« La bonne question à se poser c’est : à quel besoin répond ce smartphone ? » recommande Axelle Desaint. « Est-ce pour rassurer le parent ? Et dans ce cas, un téléphone qui sert juste à appeler ne suffit-il pas ? Est-ce l’envie de l’enfant et pour quel besoin exactement ? Un smartphone en 6e n’est pas nécessaire et il risque d’inviter l’enfant à rejoindre des réseaux sociaux interdits à son âge ou l’exposer à des contenus inadaptés, violents, pornographiques... Sans compter qu’il peut être difficile quand on est enfant de gérer cette attractivité des écrans et se réguler. Il faut se rappeler que le smartphone n’est qu’un outil et il permet plein d’usages différents : il peut très bien ne pas être connecté à Internet et contenir seulement quelques applications adaptées à l’enfant. »

L’union des parents fait la force… pour des enfants et des ados sans portables

Face à la pression sociale, Marie-Alix, elle, a choisi de chercher des alliés côté parents d’élèves : « Je me suis dit que si tous s’unissaient, on pourrait mieux résister, et peut-être inverser la tendance ! » Au départ, elle espérait surtout rallier les mamans de l’école, pour ne pas être la seule à refuser le téléphone portable tant convoité lors de l’entrée au collège de Diane. Mais en fait, le groupe « Parents unis contre les smartphones avant 15 ans » a très vite et très largement débordé ce petit cercle : aujourd’hui, il rassemble plus de 18 000 parents, preuve qu’il rencontre une demande forte, et Marie-Alix a écrit un livre intitulé « Protégeons nos enfants des écrans » (Fleurus, 2020). « Beaucoup trop de parents se sentent pris en otage. On voit aujourd’hui apparaître des portables dès le CE2. Dès qu’il y en a deux ou trois, ça crée un phénomène d’émulation, tous les enfants en veulent ; et ça crée aussi des dangers, car ceux qui en ont peuvent montrer des contenus inappropriés à ceux qui n’en ont pas. Les parents ont besoin qu’on leur donne l’autorisation de dire non ! »

Certains « people », remarque-t-elle, commencent à jouer à cet égard une influence non négligeable : Penelope Cruz, par exemple, a laissé savoir que ses enfants grandissaient sans portable. Certaines stars historiques de la Toile, tels Steve Jobs, Bill Gates, Mark Zuckerberg ont également reconnu qu’ils privaient leurs enfants de tous les écrans – un comble ! Mais ça fait mouche, et un mouvement est même né en Espagne, intitulé « Ados sans portables », qui rencontre un succès croissant. « On ressent un frémissement à cet égard, avec des prises de position qui confortent certains parents, les aident à dire non. »

Dire non au portable, un combat de tous les jours !

Aujourd’hui, Diane a quinze ans et elle est entrée en seconde… avec son premier portable. « Mais avec des règles et limites d’utilisation : pas à table, pas le soir, pas plus d’une certaine durée… » précise sa mère. « J’ai tenu bon jusqu’au lycée, mais ensuite il faut savoir responsabiliser, faire confiance à l’enfant, qui est plus mûr et peut comprendre les risques. »

D’autant plus que le sujet a nourri pendant des années les débats entre Marie-Alix et sa fille : interdire le smartphone, puis autoriser avec des limites strictes, c’est loin d’être facile, et ça suppose de beaucoup discuter. « Pour imposer ça il faut être assez courageux », reconnaît-elle. « Non seulement on se heurte à des supplications incessantes, mais en plus, on se fait lyncher par certains parents sur les réseaux sociaux ! On nous dit qu’il faut vivre avec son temps, que les enfants sans portable aujourd’hui se sentent exclus… Je me suis souvent demandée si je ne faisais pas erreur. Le fait d’être plusieurs permet de mieux résister ! Ma fille pleurait, elle suppliait, elle m’a même écrit une lettre qu’elle avait mise sous mon oreiller, avec tous ses arguments… Mais j’ai tenu bon et la demande s’est faite moins insistante à partir de la quatrième, quand elle a compris que mon « non » était ferme. Ensuite, en seconde, à nouveau cela a été une vraie bataille… Quand elle a obtenu son portable, elle a pourtant fini par reconnaître que ses notes avaient baissé, qu’elle n’arrivait pas à se concentrer avec cet appareil à côté… Elle a mieux accepté les limites imposées. Surtout quand son petit copain lui a demandé de mettre les mêmes limites sur son téléphone à lui, car il n’arrive pas à se coucher avant 2h du mat, et il en souffre ! »

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Priver nos ados de portable : désintox ou exclusion ?

Comme Diane, beaucoup d’ados accros à leur téléphone portable éprouvent de vraies difficultés de sommeil. Pas de portable, c’est peut-être finalement ce qu’ils attendent de nous, sans le dire ? Car lorsque leur outil de plaisir devient instrument d’addiction, il crée aussi de la souffrance. Une étude pionnière en Europe, menée par des chercheurs de l’Université de Malaga auprès d’une centaine de jeunes de 15 à 24 ans, le confirme :  la majorité d’entre eux, qui se connectait au moins cinq heures par jour et affirmait ne pouvoir vivre sans portable, a avoué ressentir une grande anxiété, à l’idée de ne pas l’utiliser pendant une semaine. Après cette période de privation imposée pour l’étude, ils ont pourtant déclaré avoir remarqué un impact positif sur leurs relations familiales, avoir eu moins de disputes avec leurs parents et avoir augmenté leur temps de concentration sur les devoirs.

Mais ils ont eu aussi le sentiment de se couper de leurs pairs, et de mener moins facilement des travaux de groupe. Cette mise à l’écart est réelle. Certains la vivent très mal, comme Léo, 14 ans, le fils de Caroline : « En cinquième, je lui ai supprimé le smartphone, et il est presque sombré en dépression. Je me suis rendue compte qu’il vivait une situation de quasi harcèlement, on le traitait de bolosse, d’intello… Le soir, tous ceux de sa classe se retrouvaient sur WhatsApp, au départ c’était un groupe créé pour les devoirs mais c’était devenu une vraie discussion, très importante pour eux, et il en était exclu. »

Chantage permanent

Pour autant, Caroline n’a pas craqué et n’a pas céder au chantage au portable de son fils. « J’avais de bonnes raisons ! Quand il était en sixième, il a vu une scène de décapitation sur son téléphone ! Il en a été traumatisé, et moi aussi. En plus, j’ai découvert qu’il avait été approché sur les réseaux par des gens qui, sous prétexte de l’aider, de donner des réponses à toutes ses interrogations sur la mort, l’existence, cherchaient à le convertir à des idées islamistes ! » Elle a donc permis à son fils de participer aux seules discussions du groupe classe, sur son propre téléphone, en surveillant ce qui se dit. « Cela me permet aussi de découvrir à quel point ils peuvent être durs entre eux, et de réagir quand je lis des moqueries, des contenus « limite ». Je lui fais remarquer, je lui demande de ne pas répondre, de ne pas alimenter ce genre de conversations. Ou de ne pas croire tout ce qu’on lui dit… Au final, ça lui apprend progressivement à mieux maîtriser cet appareil, et c’est très éducatif. »

Pour autant, Caroline ignore combien de temps elle pourra tenir le cap : « C’est très compliqué, c’est un chantage permanent. Il prétend qu’il travaillerait mieux, qu’il aurait de meilleurs résultats, s’il obtenait ce qu’il veut, c’est à dire qu’on lui rende son appareil ! Ce n’est pas que le smartphone, c’est l’accès à internet : c’est devenu presque indispensable pour les devoirs, pour tout… et c’est vrai que si c’est bien utilisé, ça peut être un bon outil de travail et d’ouverture au monde. On ne peut pas non plus élever nos enfants sous cloche ! » Certes, car, comme le souligne Axelle Dessaint : « Si leur enfant n’est pas équipé, d’autres le seront sûrement, donc même si on ne donne pas de portable à son ado, il faut quand même veiller à informer, à prévenir des risques ». Et accorder des plages d’utilisation sur un autre écran (ordinateur familial, par exemple) en surveillant l’usage, mais en favorisant l’accès aux nombreux contenus éducatifs, pédagogiques et interactifs, que les enseignants eux-mêmes sont de plus en plus nombreux à utiliser avec leurs élèves.

Accompagner plus qu’interdire ?

« Le numérique peut être un outil d’apprentissage », souligne Sylvie Chokron, neuropsychologue et directrice de recherches au CNRS, « mais peut également réduire les interactions sociales et les expériences sensori-motrices nécessaires au bon développement cognitif, moteur et affectif : tout dépend de ce que l’on en fait » ! La vaste étude française Elfe menée par Jonathan Bernard (Inserm, Université ParisSorbonne), qui suit 14 000 enfants depuis leur naissance, démontre d’ailleurs que l’usage des écrans est nocif avant tout lorsqu’il se conjugue à d’autres facteurs de risque socio-familiaux, tandis que son effet négatif sur les apprentissages s’atténue si les parents proposent d’autres activités aux enfants – sport, lecture, loisirs à l’extérieur…

« Tout dépend tellement du contexte, de l’enfant, de la vie que nous avons… Mon choix n’est pas d’interdire mais plutôt d’accompagner, de réguler et d’autoriser petit à petit les applications adaptées et les réseaux » abonde Natacha Didier, créatrice d’un jeu de sensibilisation des enfants pour les habituer à réguler leur temps d’écran, dès le plus jeune âge, et auteur du livre « J’aide mon enfant à se détacher des écrans » (Hatier). « J’ai autorisé mes deux ados à avoir un portable à partir de la cinquième, mais ils ont été très sensibilisés aux risques depuis plusieurs années, grâce notamment à ma « Boîte à limites ». Donc ils restent raisonnables. En plus, ils n’ont pas accès aux réseaux : seul mon ainé a eu Insta et WhatsApp, mais toujours avec un contrôle parental, des limites de temps, et de la supervision ! Les portables sont réglementés aussi à la maison, pas dans la chambre la nuit, pas de sortie dans la poche quand on va se balader etc… Je ne pense pas que tout interdire soit la solution, mais leur donner de la liberté petit à petit comme dans la vraie vie, trouver l’équilibre pour les parents et enfants et puis leur faire confiance ! »

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Ne pas isoler… mais ne pas donner prise !

Marie-Alix, dont le fils Charles, 12 ans, a aussi vécu un début de harcèlement, le reconnaît : « Ne pas avoir de portable peut participer à isoler. Mais cela dépend aussi de l’entourage, du type d’établissement où est l’enfant – mon fils a changé de collège et dans son nouvel établissement, peu d’enfants en ont ; il n’est plus très demandeur, la seule chose qu’il demande à voir sur écran, ce sont des matchs de foot. De plus, un enfant ne se fait pas harceler uniquement parce qu’il n’a pas un smartphone, souvent il a un profil introverti, timide, et même si on lui en donne un, ça ne réglera pas forcément le problème, au contraire, il risque de se faire moquer de lui sur les réseaux… » Un dilemme face auquel elle espère une « prise de conscience » et une aide des pouvoirs publics, avec des lois plus restrictives.

Des mesures coercitives pour limiter la consommation d’écran des ados ?

« Même des jeunes viennent témoigner sur notre groupe « Parents unis contre les smartphones avant 15 ans » en disant, vous avez raison de vous battre, vous n’avez pas idée du nombre de propositions indécentes qu’on peut recevoir dès 12 ans sur Instagram, ou de la violence de certains contenus ! Laisseriez-vous votre enfant tout seul dans sa chambre avec un prédateur, sa porte fermée ? Et même au-delà de ça, on a des chiffres avec un certain recul, notamment aux Etats-Unis, qui montrent bien une corrélation entre l’augmentation de la dépression chez les jeunes et l’arrivée des portables, d’internet… Je me bats peut-être pour mes petits-enfants, mais c’est comme le tabac : il y a trente ans, cela semblait inconcevable qu’il soit un jour interdit dans les restaurants, et aujourd’hui, c’est évident ! »

Sans aller jusqu’aux décisions radicales de la Chine – au pays de TikTok, un couvre-feu numérique a été instauré pour les moins de 18 ans, avec interdiction de se connecter entre 22 heures et 6 heures du matin – des mesures devraient bientôt être prises pour faire baisser la consommation d’écran chez les ados, estimée à 8 heures par jour : un groupe de travail réuni à la demande d’Emmanuel Macron devrait formuler des recommandations début mars.

En attendant, si les parents, avant d’interdire, commençaient par donner l’exemple ? En moyenne, nous adultes, nous saisissons notre smartphone… jusqu’à 221 fois par jour !

Des outils pour aider : 

La boîte à limites (28 €) : un jeu pour sensibiliser les enfants, avant qu’ils entrent au collège et demandent le fameux portable !

Le guide interactif parents-ados d’Internet sans crainte

*Étude réalisée auprès d’un échantillon de 4000 Français entre 13 et 20 ans. Questions posées en ligne entre le 2 et le 4 février 2020 aux utilisateurs de Yubo.

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