Accueil > Mes Enfants > Ado sans formation et sans emploi : au secours, j’ai un NEET à la maison !

Ado sans formation et sans emploi : au secours, j’ai un NEET à la maison !

Par Brigitte Valotto - Mise à jour le

mon ado ne sait pas quoi faire de sa vie

Not in Employment, Education or Training : c’est ce que signifie l’acronyme anglais NEET, utilisé depuis 2010 par la Commission européenne pour désigner les jeunes de 15 à 29 ans ne suivant ni emploi, ni études, ni formation.  Ils sont près de 2 millions en France… et les confinements ont accéléré le phénomène. Comment les aider ? Des pistes concrètes…

Plus de 100 000 mineurs abandonnent chaque année le système scolaire sans diplôme ni qualification. Et la crise sanitaire risque d’alourdir encore ce pourcentage, déjà supérieur de 0,6 points à la moyenne des pays de l’OCDE*. Que faire d’un jeune qui traîne à la maison, sans qualification, et apparemment sans envies ? D’abord, l’aider à se revaloriser, et à se trouver un but !

Mon ado a décroché : donnez-lui le droit à l’erreur

Toutes les tentatives qui n’aboutissent pas au résultat attendu sont sources d’apprentissage et méritent donc d’être saluées plutôt que blâmées”, rassure Patricia Ghislain, psychologue spécialisée dans le développement de l’enfant et l’éducation**. “Sans faire évidemment l’apologie de l’échec scolaire, il est donc important de permettre à un jeune qui cherche sa route de s’autoriser quelques erreurs… sans pour autant le laisser s’embourber sans soutien ! ” Un équilibre délicat, d’autant que nos propres projections peuvent perturber sa vision de l’avenir. Si vous estimez que cette vision est particulièrement floue, c’est peut-être parce que vos propres attentes lui barrent la route ? La psy propose donc de commencer par différencier très clairement” vos propres ambitions de celles de votre enfant, en les exprimant clairement : “Moi, je te voyais … , je rêverais que tu sois … , je serais rassuré si tu…

Puis, encouragez-le à exprimer ses attentes à luiIl est essentiel de laisser ses enfants rêver librement leur futur professionnel et de les concrétiser en autonomie, poursuit la psy. “Cette liberté est la pierre d’angle de sa motivation et donc de son succès. Tandis que les décrochages peuvent être liés à des exigences ou des peurs parentales qui l’empêchent d’élaborer son propre projet de vie, ses parents ayant toujours tout rêvé et décidé à sa place… Il n’est pas rare que derrière la déclaration : « Tu peux faire ce que tu veux » se cache un : « Du moment que ça me convient ! ». Et quand c’est le cas, notre enfant le sent et réagit soit en nous suivant, même à contre-cœur, soit en se positionnant de manière extrême pour contrebalancer.” Même constat pour Loïc Kerlidou,  formateur à l’E2C (Ecole de la 2e Chance) de Nantes-Saint Nazaire : “Le décrochage scolaire est bien souvent lié à des situations d’orientation « forcée » par les parents ou l’Education nationale, vers un domaine qui n’intéresse pas le jeune ! Parfois aussi à des situations de mal-être ou de harcèlement.

Quelles solutions pour les jeunes sans formation, comment les aider à trouver leur voie. Atelier avec l’E2C

Mon ado n’a pas de formation : trouvez-lui une Mission

Pour faire le point et se faire accompagner, on peut d’abord se rendre dans une mission locale proche de chez soi : il y en a 400 en France, au plus proche des territoires, pour aider tous les jeunes de 16 à 25 ans dans leur parcours d’accès à l’orientation, la formation et à l’emploi. Lutter contre le décrochage est une de leur priorités. La prise en charge est individualisée et gratuite. En fonction de la demande de chaque jeune, les Missions peuvent leur proposer un parcours d’insertion socio-professionnelle adapté – elles peuvent notamment orienter vers les E2C ou le service civique.

Pour trouver la Mission locale la plus proche et vous faire accompagner : cliquez ici

Mon ado veut faire une pause : mettez-le au service… civique

C’est aussi une bonne façon de faire une pause et un bilan, mais aussi de bénéficier d’une formation gratuite, de se forger une expérience… et de voir du pays : dès 16 ans ,on peut se porter volontaire pour une mission d’intérêt général en France ou à l’étranger. Des associations comme Unis-Cité proposent en parallèle un accompagnement dans un projet d’avenir, post service civique : suivi personnalisé, actions de coaching, présentations métiers, visites d’entreprises et simulations d’entretiens… Il s’agit d’aider les jeunes à identifier leurs compétences, développer des compétences sociales, reprendre confiance en eux et mieux se connaître, savoir valoriser leurs compétences et expériences : 82% trouvent une formation, un emploi, ou continuent leurs études, 6 mois après la fin de leur engagement.

Pour vous informer et postuler en ligne, allez sur www.service-civique.gouv.fr  et www.uniscite.fr

Lui donner une deuxième chance ? Il y a des écoles pour ça !

L’an dernier, 14 188 jeunes sans qualification, âgés de 16 à 26 ans, ont été accompagnés un peu partout en France par les 133 Ecoles de la 2ème Chance (E2C), qui accueillent gratuitement et sur dossier les jeunes sortis du système scolaire sans qualification et sans diplôme. Un seul critère pour y entrer : la motivation ! “Je privilégie l’écoute et le libre choix : quand on laisse ces jeunes choisir leurs attentes et leurs objectifs, cela les libère souvent et ils ne tombent que rarement dans des idées ou des scénarios invraisemblables ou impossibles”, souligne Loïc Keridou, formateur à Nantes.

C’est une formation qui nous permet de mieux cerner nos envies, nos goûts, on fait des sorties, des activités culturelles, du sport, des stages en entreprise, on se remet à niveau dans les matières générales, selon les besoins de chacun”, explique Evan, 18 ans, qui a été déscolarisé environ six mois en 2018, après avoir entamé un CAP vente qui ne lui correspondait pas vraiment. Grâce à cette école pas comme les autres, où on reste en moyenne six mois et demi, et où on est payé dans le cadre de l’alternance (environ 300 euros/mois), il a trouvé son chemin. “Je vais entamer une formation de technicien du spectacle vivant qui dure un an et délivre un diplôme niveau bac.

Le taux de réinsertion positive dans les E2C est de 60% en 2020, contre 63% en 2019. Pas si mal dans le contexte actuel, où l’accompagnement individualisé était compliqué par le “distanciel”, et les stages en alternance de plus en plus difficiles à trouver. “Lors du premier confinement, nous avons pu préserver le lien avec plus de 90% des stagiaires, en leur proposant des dispositions pédagogiques à distance adaptées au contexte et à leurs besoins. Au deuxième confinement, nous avons mis en place des modalités pédagogiques “hybrides”, alliant présentiel et distanciel… Nous avons réduit les périodes d’alternance, tout en maintenant en moyenne près de 4 périodes en entreprise par stagiaire. Nous allons continuer à faire évoluer nos pratiques pour répondre aux nouveaux besoins, car nous sommes confrontés à de profondes mutations», résume le président du réseau E2C France, Alexandre Schajer.

Pour trouver une Ecole de la deuxième chance (E2C) près de chez vous, allez sur https://reseau-e2c.fr

Trouvez-lui… un Compagnon !

L’apprentissage en alternance, bonne solution quand on cherche sa voie, peut aussi passer par des biais d’excellence comme le compagnonnage. Bien connus (depuis le Moyen Age !) pour leur Tour de France, les Compagnons se forment aux métiers du bâtiment, mais aussi à d’autres secteurs d’artisanat, sur un terrain… sans frontières ! C’est le prolongement d’une méthode d’enseignement technique de haute volée, mais aussi d’une véritable philosophie, qui remonte à l’origine des métiers d’art; partout en Europe, les Compagnons ont construit les cathédrales, et aujourd’hui encore, ils participent aux plus grands chantiers contemporains.

Ils sont regroupés dans une Fédération qui rassemble 7 sociétés compagnonniques et gère aussi, dans le Jura, un lycée professionnel privé au fonctionnement unique en France, avec alternance à 50% en entreprise, ouvert aux jeunes dès la classe de troisième : le recrutement est national, et prépare aux CAP, bac pro et brevet des métiers d’art dans dix métiers de base du compagnonnage.

Les Compagnons du Devoir et du Tour de France sont une autre “branche”, qui recrute dès 16 ans sur entretien individuel (pas besoin de diplôme pour postuler… mais de motivation !) : dans ses centres régionaux d’apprentissage, on peut se former à plus de 30 métiers, à différents niveaux, du CAP à la licence professionnelle en passant par le bac pro, dans quatre filières (bâtiment, industrie, matériaux souples, métiers du goût).  Certaines formations sont également accessibles par le biais de la formation continue à partir de 25 ans. A terme, tous les Compagnons peuvent accomplir le traditionnel Tour de France et même un tour d’Europe, sur plusieurs années- véritable expérience humaine qui va bien au-delà du simple apprentissage !

Le compagnonnage est constitué de trois principaux réseaux : la Fédération nationale des Compagnons du Tour de France, l’Union Compagnonnique et l’Association Ouvrière des Compagnons du Devoir.
Webinaires JPO, visites virtuelles des centres et recrutement sur 
www.compagnonsdutourdefrance.org

Compagnons du Devoir – Crédit : IEF CTF – Mouchard

Et si vous ne savez plus vers qui vous tourner…

Pensez aux Apprentis d’Auteuil : la fondation dispose d’un standard d’écoute pour les familles, afin d’orienter parents et enfants vers différents programmes de lutte contre le décrochage, sur toute la France. Ils proposent aussi des Internats Educatifs et Scolaires qui visent à remobiliser grâce à un accompagnement personnalisé, des études dirigées et toujours des ateliers et projets associatifs (coût en fonction du revenu des parents). Les Ateliers Relais proposent quant à eux des modules de quelques semaines à quelques mois pour se remettre à flot scolairement et psychologiquement, grâce à des équipes pluridisciplinaires, des emplois du temps adaptés, un travail autour du projet professionnel et personnel.

La fondation dispense 72 formations professionnelles dans 15 filières, et ses apprentis bénéficient du soutien direct de certains entrepreneurs. Elle propose aussi aux plus de 16 ans des formations Jeunes pompiers ou Jeunes cadets, qui motivent les jeunes et les responsabilisent

Service Ecoute Infos Familles,  01 81 89 09 50 et  sur le site de la fondation

* Sources chiffres : étude DARES, ministère du Travail, février 2020; enquête de la Depp (division des statistiques du ministère de l’Éducation) en juillet 2020.

** “Faire obéir ou laisser s’épanouir, le dilemme de la tomate”, de Patricia Ghislain, aux éditions Mardaga, 19,90 € – Commander sur la FNAC ou Amazon
Pour aller sur le site de Patricia Ghislain

 

Vous avez aimé cet article ou bien vous voulez réagir ?

Articles en relation

A lire aussi dans la rubrique Mes Enfants

Plus d’articles sur MAFAMILLEZEN