C’est aujourd’hui la Fête des grands-mères, l’occasion de nous pencher sur les relations très particulières qui unissent les enfants à leurs grands-parents, avec Maryse Vaillant, psychologue, et sa fille, Judith Leroy.
Quelle est la place des grands-parents aujourd’hui ?
Une place qui augmente avec les effets de la crise : retour vers la famille, ses valeurs, sa protection. Besoin de racines, de connaître son origine. Besoin de transmission des valeurs du passé. Besoin de faire garder les enfants faute de crèches et de garderies suffisantes. Besoin également d’aide financière… les grands parents sont des valeurs montantes !
Les « jeunes » seniors sont-ils de « nouveaux » grands-parents ?
Bien sûr, une jeune grand-mère de 50 ans, urbaine, active socialement, sexuellement et professionnellement n’a pas trop de temps pour ses petits enfants ni même le désir de s’en occuper très souvent. Elle apporte autre chose que la grand-mère qui est retraitée ou qui habite à la campagne.
Et c’est ce qui caractérise les grands-parents d’aujourd’hui, l’étendue de la palette entre les jeunes et les plus âgés, les urbains et les campagnards. Y compris les jeunes seniors ex-urbains qui prennent une retraite anticipée à la campagne. Ils restent jeunes et actifs mais n’ont plus de travail salarié, sont disponibles tout en étant très occupés, ont une vie sociale, associative, amicale, intense.
On fête les grands-mères mais pas les grands-pères ? Leur rôle est-il plus important auprès de leurs petits-enfants ?
Dans le domaine éducatif et à leur époque, les hommes étaient plus en retrait. L’habitude de se rendre disponible pour la famille n’est pas prise. Les actifs sont trop occupés et les retraités souvent trop fatigués. Ils n’ont pas l’habitude de s’occuper des petits.
Leur présence deviendra probablement plus visible dans les années qui viennent, car des hommes encore valides se verront sortis (même de force) du travail et s’ils ne dépriment pas trop, auront l’occasion de s’occuper de leurs petits-enfants, et de sentir une nouvelle jeunesse.
En quoi les jeunes grands-mères d’aujourd’hui sont-elles différentes des générations précédentes ?
Elles ne savent pas toutes tricoter, ne font pas de confitures, font du sport, ont des amants, sortent avec des amis, font des randonnées… Elles deviennent parfois grands mères alors qu’elles se sentent jeunes, sont amoureuses, veulent vivre leur vie de femme libérée de la famille.
Toutes ne se rendent pas disponibles pour leurs petits enfants. Certaines résistent et tombent amoureuse du petit qu’on leur met dans les bras. D’autres refusent et décident de leur consacrer un voyage, des vacances, ouvrent un livret A, communiquent pas SMS, par mail…
Dit-on les mêmes choses à sa mère et à sa grand-mère ? Quelle différence entre la relation avec sa mère et sa grand-mère ?
Surtout à l’adolescence, la grand-mère prend une place importante. Elle est moins proche, moins éducative, plus tolérante. Se confier à elle fait moins peur. L’ado craint moins les réactions, les jugements, les punitions. Surtout si la mère se veut très éducative – comme certaines jeunes mères actuelles – la grand-mère est un vrai refuge.
Que fait-on avec sa grand-mère ou son grand-père qu’on ne fait pas avec ses parents ?
Ne rien faire, traîner sans être bousculé, rêvasser, rentrer tard, inviter des copines… tout ce qu’on doit batailler à la maison devient souvent plus facile à obtenir. Surtout si c’est pendant les vacances ou les weekends. Le poids de la scolarité – et de la réussite scolaire – ne pèse pas sur les grands-parents. On peut aussi manger ce qu’on aime, sans que la mère surveille les calories…
Dans les familles séparées, quelle place pour les grands-parents ?
Une place parfois difficile mais essentielle. Une fois dépassée la souffrance et la déception, il est essentiel de maintenir le lien familial, surtout quand les parents se disputent. Les grands-parents devraient faire un effort pour être en dehors de la mêlée, ils devraient être tolérants et taire leurs rancoeurs, pour offrir une oreille compréhensible aux petits enfants bousculés par la séparation.
Et quand les grands-parents eux-mêmes se séparent ?
Les petits-enfants sont souvent bien plus tolérants que les enfants. Ils comprennent que leurs grands-parents puissent avoir une vie amoureuse, ce qui est plus délicat pour les enfants, surtout si la séparation se passe bien, sans trop de crise.
Certes si papy pleure ou si mamie déprime, les petits-enfants sont un peu perdus. Ils doivent apprendre que la vie réserve toujours des surprises. Des bonnes et des moins bonnes. Mais tant qu’on est vivant, il faut se battre pour être heureux…
Bien sûr, les parents peuvent les aider en ne dramatisant pas tout. C’est l’occasion pour les parents de ne plus être infantiles par rapport à leurs propres parents. Un bon exemple pour les plus jeunes.
A lire :
Au bonheur des grands-mères, de Maryse Vaillant , Collection 1001 BB, chez Erès, 10 €.
Le livre des grands-pères épatants : Avec leurs petits-enfants, de John Gribble, aux Editions Fedjaine, 12,90 €.
Grands-parents débutants, de Caroline Cotinaud, aux Editions First, 9,90 €.
I love my grand-mère, d’Eric Donfu, aux Editions GEO, 14,95 €.
Une grand-mère, comment ça aime ?, de Yaël Hassan, De La Martinière Jeunesse, 11 €.Commander sur Amazon.fr :
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Maryse Vaillant, psychologue clinicienne.
Longtemps spécialisée dans le domaine de l’enfance, de l’adolescence et de la famille, Maryse Vaillant a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages, dont L’adolescence au quotidien (Pocket), Pardonner à ses parents, (La Martinière et Pocket), Les violences du quotidien et Quand les violences vous touchent, (avec Christine Laouénan, La Martinière Jeunesse). Récits de divan, propos de fauteuil, comment la psychanalyse peut changer la vie et Entre sœurs, une question de féminité, (avec Sophie Carquain, Albin Michel) et Au bonheur des grands mères (Eres)
Avec sa fille, Judith Leroy, elle a publié, Vivre avec elle, mère et fille racontent (La Martinière, Pocket), Range ta chambre et Cuisine et dépendance affective (Flammarion, J’ai lu) et Ma famille, mes copains, mon école et moi, 160 réponses à mes petites et grands soucis (Pocket Jeunesse)
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