Si on s’intéresse régulièrement à l’utilisation que font les enfants et notamment les ados du portable, on s’interroge moins souvent sur l’impact qu’il a sur les relations parents-enfants. C’est chose faite avec cette étude TNS Sofres* commanditée par l’UNAF (Union nationale des associations familiales) et l’Association Action Innocence, qui pose la question : le téléphone portable modifie-t-il la fonction parentale ?
Premier constat : l’achat du portable est une initiative parentale
Si nos ados sont devenus accros au portable, c’est notre faute !… En effet, dans 61 % des cas, c’est nous, parents, qui sommes à l’initiative de l’achat du premier téléphone portable de nos enfants. Tout simplement par besoin de réassurance, pour qu’ils soient joignables ou qu’ils puissent nous joindre. Mais de là à leur acheter un smartphone… Et pourtant, 45 % des 10-15 ans équipés d’un mobile le sont effectivement d’un smartphone. A plus de 600 € le téléphone, on s’interroge… Mais les opérateurs ont tout prévu pour capter ces jeunes clients avec des offres commerciales pas plus chères que les forfaits basiques et comprenant un équipement dernier cri. De quoi rendre nos ados vraiment accros !
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Deuxième constat : le téléphone-cadeau devient vite téléphone-conflit
Si le but premier, c’était que votre enfant soit joignable, l’utilisation qu’il fait de son portable vous échappe désormais… Et le téléphone devient source de conflit entre vous et lui ! Rassurez-vous, c’est le cas de 61 % des parents, un chiffre qui grimpe à 69 % si votre ado est équipé d’un smartphone, car là, il passe carrément tout son temps scotché à son téléphone et c’est insupportable… Surtout que s’il est connecté en permanence à ses copains, pour vous, il est aux abonnés absents ! Ce qui vous énerve, c’est qu’il ne respecte pas les règles que vous avez fixées et ce qui vous inquiète, qu’il devienne dépendant. Et plus il grandit, moins ça va s’arranger…
Définir des règles et les tenir : un vrai défi
Si les parents s’inquiètent d’un usage excessif et pas toujours à bon escient du portable, ils refusent pour autant de « fliquer » leurs enfants. Pas étonnant donc que seuls 7 % d’entre eux activent le contrôle parental sur le smartphone de leur ado. « Ils ont ouvert une porte vers l’âge adulte, l’autonomie, mais ne regardent pas par le trou de la serrure », résume Jérémy Picandet de TNS Sofres. Pas question, donc, de contrôler leurs messages ou les sites sur lesquels ils surfent dès qu’ils ont lâché leur portable.
Par contre, vous devrez fixer un cadre, en rappelant certaines règles et en contrôlant la facture détaillée. Vous pouvez donc tout à fait interdire à votre enfant de répondre à son téléphone pendant les repas ou au moment des devoirs. 68 % des parents le font. Pour Elizabeth Sahel, responsable d’Action Innocence, « le rôle des parents ne se résume pas à l’achat de l’appareil ; il s’agit d’accompagner l’enfant dans son utilisation et d’instaurer le dialogue ».
Et si vous ne savez pas trop comment vous y prendre, que vous vous sentez dépassés, l’UNAF propose des formations aux usages des médias permettant aux parents d’échanger entre eux pour trouver des solutions. Comme le constate François Fondard, président de l’UNAF, « le téléphone portable perturbe la relation parent-enfant et rend l’entrée dans l’adolescence plus précoce. Pour passer ce cap les parents ont besoin de parler entre eux afin de disposer de pratiques déjà testées ». Car finalement, vous avez acheté un portable pour vous rassurer et au final, vous êtes encore plus inquiets qu’avant !
Les conseils aux parents
Symbole d’autonomie de l’enfant, le téléphone portable ne doit pas pour autant modifier le rôle des parents, qui doivent se repositionner en tant que tels, comme des acteurs de référence et de confiance. L’UNAF et Action Innocence proposent quelques bonnes pratiques aux parents qui se sentent souvent inexpérimentés et inquiets.
1- Définissez un cadre général dès le départ
– Avant d’acheter un portable à votre enfant, interrogez-vous sur son utilité réelle.
– Fixer des règles d’usage, de sécurité, les temps d’utilisation, étudiez ensemble les fonctionnalités.
– N’hésitez pas à formaliser ces règles par écrit et à élaborer une sorte de « contrat d’engagement ».
– Interrogez-vous sur la place que vous accordez à votre propre portable.
2- Testez des solutions
Pour les plus jeunes, cela peut consister à : installer un contrôle parental, imposer des moments sans téléphone, parler de ce qu’il ne faut pas faire, contrôler les factures et les appels, bloquer les téléchargements ou les applications, confisquer ou récompenser, bloquer le forfait en cas d’excès.
Et au fur et à mesure que votre enfant grandit, accordez-lui plus d’autonomie : adaptez le forfait, faites-le participer au règlement de la facture…
3- Faites du téléphone un partenaire parental
– Le téléphone portable peut servir de support pour imposer les règles et réaffirmer votre position de parent, surtout au moment de l’adolescence quand votre enfant en a le plus besoin.
– Le dialogue parent-enfant autour du téléphone peut aussi permettre d’aborder d’autres sujets qui préoccupent les enfants, comme les relations amicales ou amoureuses.
– Il peut aussi être un excellent outil pour transmettre des principes de respect de soi, de l’autre, et de vie en société.
– Il peut également constituer une opportunité pour responsabiliser son enfant et peu à peu lui apprendre à gérer son temps et son budget.
* Enquête réalisée pour l’UNAF et l’Association Action Innocence par TNS Sofres par téléphone en septembre 2012 auprès d’un échantillon national représentatif de 1000 parents d’enfants de 10 à 15 ans.
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