Sortez vos gousses d’ail et affûtez vos armes : les morts-vivants sont partout, des romans aux salles obscures en passant par le petit écran. Des créatures dont raffolent les plus jeunes, notamment parce qu’elles leurs ressemblent. Décryptage.
Le vampire, mon double, mon amour
Très à la mode à la fin du XIXème siècle, il avait ensuite sombré ensuite dans un oubli relatif, à l’ombre de nos cimetières ou de nos catacombes. Mais depuis 2005, date de sortie dans l’hexagone du premier opus de Twilight, de Stephanie Meyers, le vampire est ré- entré dans la lumière et est devenu furieusement tendance, particulièrement chez nos juniors… Rares sont les teenagers aujourd’hui à n’y être pas complément accros. Ou plutôt pourrait-on dire « à crocs » ? Ce que le monde de l’édition et les industries audiovisuelle et cinématographique ont bien assimilé : les livres ( un ouvrage de bit-lit ou « littérature mordante » paraît en moyenne tous les trois jours en France), films ( Twilight 1, 2, 3, 4, 5….) et séries télé ( True Blood, Vampire Diaries) se multiplient sur ce sujet.
Une passion dévorante pour Dracula, Edward, Bella et consorts qui s’explique d’abord par un certain phénomène d’identification : du côté physique d’abord. Face à un corps qui se transforme, parfois de manière ultra-rapide donc déroutante, les ados se font parfois à eux-mêmes l’impression d’être des mutants. D’où le sentiment de familiarité… Mais l’effet-miroir est valable également au niveau psychologique : dans une période où ils sont traversés par nombre de pulsions, de contradictions et d’angoisses, ils trouvent des sortes de jumeaux de fiction dans ces ( gentils) vampires, goules et autres loup-garous, que l’on voit souvent aux prises avec des tourments, des questionnements existentiels sur le sens de la vie, de l’amour et des relations humaines en général.
Et si c’était une tentative pour apprivoiser la mort ?
Mais si le vampire a un tel pouvoir d’attraction sur nos rejetons, c’est aussi parce qu’il les fait entrer dans un monde qui les fascine et les terrorise à la fois, celui de la mort. La mort qui est justement une notion que leurs parents n’abordent pas ou peu avec eux ou de manière bien trop allégorique… S’offrir des bouquins ou de longs-métrages vampiriques fait donc office de rite initiatique, qui les amène à se forger une vision personnelle, intime de ce qui peut exister au-delà de la vie, en dehors ce que peuvent dire ou promettre les religions. Voire d’exorciser ses peurs à propos de celle-ci, en traitant le mal par le mal !
Une rébellion qui ne dit pas son nom
Enfin, pour certains sociologues, comme Nathalie Bilger, cet engouement peut être une réaction à notre société, ultra-rapide, ultra-connectée, qui les brusque et ne tient pas assez compte de leurs besoins émotionnels. Les êtres que nous décrivent Twilight et autres Vampires Diaries ( ceux de True Blood sont moins soft) sont délicats, respectueux, notamment avec le sexe opposé et mènent leurs idylles à la façon des amours courtoises d’autrefois. Un retour à des « vraies » valeurs qui montre qu’avec leur vampirophilie, nos ados, qui se pensent subversifs, font peut-être la révolution à l’envers…
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