Après avoir passé en revue les réseaux sociaux sécurisés pour les 6-12 ans, Olivier Andrieu-Gérard, responsable du pôle médias-usages numériques à l’UNAF (Union nationales des associations familiales) nous donne son avis d’expert.
- Les réseaux sociaux dits sécurisés demeurent-ils fiables à 100% ?
Le risque 0 n’existe pas, car il est toujours possible de pirater un compte. Néanmoins, ces sites sont équipés de moyens de protection extrêmement efficaces. En outre, ils se veulent totalement « fermés », contrairement à Facebook, qui permet à l’enfant d’inviter « des amis d’amis », qu’il n’a jamais rencontrés, multipliant ainsi le risque de se laisser approcher directement ou indirectement par des adultes mal intentionnées.
Mais attention ! Ce n’est pas parce qu’un jeune dispose d’un compte sur un de ces réseaux que ses parents doivent démissionner. Au contraire. C’est justement l’occasion pour eux de profiter de cette sécurité pour l’éduquer et l’informer sur les enjeux des réseaux classiques. Car lorsque viendra le moment où leur enfant passera sur Facebook, Myspace ou Skyblog, le risque est grand pour qu’il se sente totalement perdu ou n’observe pas la moindre vigilance.
- Autrement dit, les réseaux sociaux sécurisés constituent un petit bain avant d’entrer dans le grand bain…
Exactement ! Les réseaux sécurisés représentent une formidable opportunité pour accompagner l’enfant et l’aider à se poser des questions. Par exemple, certains d’entre eux imposent d’utiliser un pseudo ou encore de ne pas échanger de photo ni de vidéo. Au parent d’en profiter pour inciter l’enfant à réfléchir aux raisons de ces restrictions ainsi qu’aux risques et aux dangers qu’impliquent la divulgation de son identité ou la diffusion d’images.
Les réseaux sociaux permettent d’aborder énormément de thèmes, comme celui de la citoyenneté, du respect de soi-même et d’autrui, des conséquences de ses actes, etc… Il est primordial d’aborder le sujet en famille et d‘instaurer une relation de confiance entre les parents et l’enfant de manière à ce que, si celui-ci rencontre un problème, il ait la possibilité d’en parler librement avec eux.
- Selon vous, un enfant de 6 ou 7 ans est-il assez mâture pour comprendre les enjeux de ces outils technologiques ?
Je pense qu’avant 8 ou 9 ans, un enfant est trop jeune pour en saisir l’importance. Inscrire son bambin sur un réseau social n’est pas neutre. C’est la raison pour laquelle les parents doivent toujours se demander s’il est réellement utile d’ouvrir un compte pour un enfant. Il existe d’autres outils que les réseaux sociaux. Dans certains cas, échanger des vidéos via skype ou de simples SMS peut suffire.
Quelques chiffres :
D’après une étude réalisée par TNS-SOFRES pour l’UNAF, Action Innocence et la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés), auprès de 1200 jeunes de 8 à 17 ans, en juin 2011 :
• 48% des 8-17 ans sont connectés à un réseau social
• Dans 98% des cas, il s’agit de Facebook
• Alors que Facebook est interdit aux – de 13 ans, près de 20% des jeunes de cet âge y possèdent un compte, avec l’accord de leurs parents pour 97% d’entre eux
• 57% des collégiens sont connectés à un réseau social, contre 11% des élèves de primaire
• 55% des 8-17 ans discutent avec leurs parents des réseaux sociaux. Dans la grande majorité des cas, le sujet porte sur le temps d’utilisation et non pas sur les usages
• 55% des jeunes se déclarent surveillés lorsqu’ils utilisent Facebook
• 92% utilisent leur véritable identité et livrent énormément d’infos personnelles (âge, photos, centres d’intérêt, adresse mail et postale, numéro de téléphone, etc…)
• 36% ont déjà été choqués par certains contenus, le plus souvent à caractère sexuel, dans une moindre mesure, violents, racistes ou homophobes
• Seuls 10% des jeunes ayant été choqués en ont parlé à leurs parents. Ils en discutent plus facilement lorsque le thème des réseaux sociaux est abordé en famille
• Les 8-17 ans possèdent en moyenne 210 « amis » (chiffre qui augmente avec l’âge). 30% d’entre eux ont déjà accepté comme « amis » des gens qu’ils n’avaient jamais rencontrés
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