Cahiers de vacances, stages intensifs avant la rentrée, cours par correspondance, séjours spécial révisions…Une multitude de formules vous sont proposées pour permettre à vos chérubins et préados de conserver leurs acquis, de combler leurs lacunes et de ne pas couper les ponts avec l’école. S’agit-il de simples outils marketing ou de méthodes réellement efficaces ? Sont-elles adaptées à tous les élèves ? D’ailleurs, est-il vraiment nécessaire de réviser pendant l’été ? Réponses d’Alain Sotto, psychopédagogue, spécialiste en neuropédagogie et en stratégies d’apprentissage (*).
Est-il préjudiciable pour un élève de rompre durant deux mois avec le milieu scolaire ?
Pas du tout ! Au contraire : l’association « vacances »/« révisions » constitue un paradoxe. Il est même indispensable de marquer une pause, au moins le premier mois. Par la suite, si l’élève le souhaite, et uniquement dans ce cas, il peut se replonger dans ses activités scolaires. Aujourd’hui, les parents mettent un point d’honneur à ce que leurs enfants révisent pendant l’été. Il s’agit en général de parents qui mettent constamment la pression sur leur progéniture pour qu’elle excelle dans toutes les disciplines. Pour eux, la compétition ne doit jamais s’arrêter. Mais ce qui est vrai pour les sportifs ne l’est pas pour les intellectuels. Or, il est nécessaire de comprendre comment notre cerveau fonctionne pour savoir ce qui se révèle utile ou pas.
Nous possédons une mémoire de contexte. Par conséquent, lorsque le contexte change, c’est-à-dire, lorsque nous nous trouvons en vacances et non pas à l’école, nos chances de mémoriser une information sont minimes. D’autre part, la référence au futur demeure primordiale pour la mémoire. Un élève, même très attentif à un cours, reste dans le présent. S’il ne s’imagine pas réutiliser ses connaissances plus tard, la chance pour qu’il les retienne s’avère très mince. Les cracks des grandes écoles se visualisent systématiquement le jour de l’examen. Ainsi, un enfant qui aura suivi des révisions de vacances risque de tout oublier, car il n’aura pas transféré ce qu’il a appris en projet. Enfin, nous retenons 5 % de ce qu’on écoute, 20 % de ce qu’on lit, 80 % de ce qu’on fait et 90 % de ce qu’on est capable de reformuler avec ses propres mots, puis de réexpliquer à un proche. Ce dernier point se nomme un acquis. Pour pérenniser cet acquis, il est nécessaire de le réactiver régulièrement. Mais il n’existe aucun intérêt à le réactiver en juillet ou en août pour septembre.
Autrement dit, pour vous, réviser pendant les vacances ne présente aucune utilité…
Je ne dirai pas cela. Mais les différentes méthodes de révision ne sont adaptées qu’à un seul type d’élèves : ceux qui aiment l’école, sont motivés pour réviser, possèdent les acquis nécessaires et sont capables de transférer leurs connaissances dans l’avenir. Réviser pour réviser ne sert à rien. Néanmoins, les stages intensifs, séjours de révisions, cours par correspondances et autres formules représentent un coût important pour les parents. Or, pour un élève qui souhaite réviser, il existe une multitude d’options, totalement gratuites et aussi efficaces. Celui-ci peut, par exemple, reprendre tous ses contrôles de l’année, relire les commentaires des profs et travailler sur ses lacunes. De nombreux enseignants disposent également de leur propre site : les élèves peuvent ainsi lire les fiches méthodologiques, s’entraîner grâce aux exercices et même contacter le professeur. Vous pouvez également vous renseigner auprès de votre mairie : certaines municipalités organisent des stages de révisions au sein des établissements scolaires.
Que préconisez-vous pour les élèves en difficulté ?
La plupart de ceux qui n’aiment pas l’école et n’y voient aucun intérêt présentent des problèmes de compréhension : ils ne saisissent pas ce que dit le prof, ni ce que signifie un énoncé. Aussi, je leur recommande de profiter des vacances pour lire. Mais pas question aux parents de leur imposer une série de titres ! A eux de choisir les livres qui leur plaisent, puis de raconter, en employant leurs propres mots, l’histoire à leurs parents et leurs amis. Ils peuvent également tenir un cahier dans lequel ils résument les évènements de la journée ou rédiger un journal, en réalisant de petits reportages et en interviewant les habitants de la ville ou du village où ils se trouvent, avant de le lire à leur entourage. C’est en lisant, en écrivant et en partageant avec d’autres, dans la joie et la bonne humeur, ce qu’ils lisent et écrivent, bref, en se plongeant dans un bain de langage, qu’ils remédieront à leur situation. Enfin, je conseille vivement à tous les parents d’inscrire leur enfant à un stage ou une colo à thème. Votre fils est féru d’astronomie ? Offrez-lui un stage où il développera ses connaissances sur le ciel et les étoiles. Votre fille est une fashion victim ? Proposez-lui une colo où elle découvrira le milieu du stylisme. Mieux vaut pour un élève de se trouver dans le vécu plutôt que d’accumuler des savoirs. Il lui restera tout le reste de l’année pour se consacrer à sa scolarité. Je connais plein de « cancres » qui exercent une profession que les polytechniciens leur envient ! Car même s’ils étaient mauvais en classe, ils avaient une passion et l’ont développée. Le scolaire ne suffit pas pour réussir une carrière.
Cahiers de vacances : Efficaces, à condition d’être utilisés correctement
D’après une enquête de l’IREDU (Institut de Recherche sur l’Economie de l’Education), menée en 2000, auprès de 2500 élèves de CM1 de l’Académie de Bourgogne :
• Sur les 80% d’élèves qui en possèdent, seuls 25% le terminent. Or, un enfant qui n’a utilisé que partiellement son cahier ne progresse pas davantage qu’un autre, qui n’a pas travaillé du tout, hormis pour les mathématiques.
• En revanche, un élève qui a terminé son cahier améliore ses connaissances dans toutes les disciplines, avec un effet très marqué en maths.
• Un cahier de vacances se révèle efficace uniquement si un parent accompagne l’enfant, c’est-à-dire, s’investit dans les révisions, planifie le rythme des exercices, s’assure que le travail a été effectué et que la connaissance a été comprise. Ainsi, l’élève se sent valorisé et développe sa confiance en lui. Il est totalement inutile pour un enfant de consulter seul le corrigé.
• Il est fondamental pour un enfant de respecter l’ordre du cahier, et non pas de commencer par ce qui l’intéresse. Un cahier est conçu par une équipe pédagogique, selon une logique précise et une certaine progression.
• Enfin, ne présentez pas le cahier de vacances comme une punition ! Celui-ci ne doit en aucun cas constituer un frein à d’autres activités ou contraindre l’enfant à rester dans sa chambre pendant que vous partez à la plage.
(*) Auteur de plusieurs ouvrages, dont : « [amazon-product text= »Que se passe-t-il dans la tête de votre enfant » type= »text »]2875151223[/amazon-product]», « [amazon-product text= »Donner lenvie d’apprendre » type= »text »]2875150758[/amazon-product] » (éd. Ixelles) et « Aidez votre enfant à réussir » (éd. Hachette).
A consulter également son site internet : www.cancres.com
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