Véritable aimants cathodiques pour nos enfants, les programmes de télé-réalité, qui n’ont souvent de réalité que le nom sont-ils susceptible d’avoir des effets toxiques sur leur comportement ? On décrypte leurs incidences avec Yvonne Poncet- Bonnisol, psychoclinicienne.
La télé-réalité et la valeur du travail
« Moi, la télé-réalité, je peux pas dire que je trouve ça très intellectuel. Mais j’adore parce que les candidats me font rire, avec leur look de fou et leurs phrases qui tuent » confie Roxane, 14 ans, en classe de quatrième. Avec son cortège de starlettes décolorées et ses éphèbes musclés-tatoués venus de nulle part, la télé-réalité ne se contente malheureusement d’être folklorique ou distrayante.
Parce qu’elle semble indiquer qu’il suffit d’avoir une plastique attirante et l’envie de s’exhiber devant les caméras pour réussir dans la vie, elle déprécie la notion de travail et d’effort, selon la psychologue Yvonne Poncet-Bonnisol, une grande habituée des plateaux puisqu’elle intervient régulièrement dans l’émission Toute une histoire sur France 2. « Cela donne finalement une tonalité trop légère à la façon dont on peut évoluer professionnellement » explique-t-elle. « L’enfant ne doit pas assimiler la télé-réalité aux carrières artistiques qui exigent, elles, une vraie fibre et de la persévérance. Et le fait que ces candidats multiplient, après leur première expérience de télé-réalité, les apparitions dans d’autres formats de ce genre, par exemple en passant de Secret Story aux Anges de la télé-réalité peut donner faussement à croire qu’il y a une forme de continuité dans ce « métier ». Alors que l’ « après » n’a rien d’idyllique pour les participants à ce genre d’émission ». L’exemple de la descente aux enfers de l’ex-Lofteuse Loana et du suicide de FX, ancien de Secret Story en sont quelques illustrations… »
Des rapports humains « à prendre, à jeter »
Des couples qui se jurent amour toujours, se demandent en mariage devant les caméras avant de rompre le lendemain, des copines à la vie, à la mort qui se plantent la seconde suivante des couteaux dans les dos : la télé-réalité peut aussi donner l’impression que l’inconstance et l’éphémère sont la norme des relations sociales, amicales et amoureuses.
Dangereux pour le junior qui appliquerait le précepte au premier degré…. « On est dans l’ultra- consommable » décrypte Yvonne Poncet-Bonnisol. « Et c’est un modèle identificatoire qui n’est ni très glorieux, ni très bénéfique… ». Et que dire de la règle de base de Secret Story, le mensonge, puisqu’il s’agit d’employer tous les moyens pour ne pas dévoiler sa petite ou grosse cachotterie ( Je suis tatouée de partout, Je vis avec mon ex et sa femme etc…) « C’est de la manipulation. Et l’enfant peut penser que cette manipulation peut être adaptée à la vie de tous les jours, à l’école ou à la maison... » insiste notre spécialiste.
Faut-il brûler la télé-réalité ?
Alors, est-il nécessaire d’interdire à nos kids de se poster devant tout ce qui ressemble à de la télé-réalité? Pour Yvonne Poncet-Bonnisol, rien de sert de tomber dans un tel extrême. Pour elle, il peut même être salutaire de la regarder… mais en famille, histoire qu’enfants et adultes puissent débriefer ensemble telle attitude, telle parole vue ou entendue sur le petit écran.
« Ca n’aura aucun retentissement sur leur construction personnelle si les parents savent être vigilants ». On ne proscrit donc pas ces programmes mais on veille à en débattre avec nos loustics et à leur proposer en parallèle, d’autres « médias » ( livres, DVD de grandes œuvres cinématographiques) qui les nourriront davantage intellectuellement et les aideront à développer leur esprit critique… notamment face à la télé-réalité !
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