Porté par une distribution impeccable où l’on retrouve entre autres Valérie Bruni-Tedeschi, Pio Marmaï et Raphael Quenard, et une narration qui ne verse jamais dans le mélo, L’attachement, le cinquième film de Carine Tardieu, qui s’articule autour du deuil, est un véritable joyau.
L’attachement : l’histoire
Gérante d’une librairie féministe à Paris, Sandra a toujours vécu comme elle l’entendait. Sans compagnon sous son toit ni enfants, elle s’épanouit dans ce quotidien où les livres lui semblent être la meilleure des compagnies. Mais un événement dramatique va venir changer la donne. Alors qu’elle gardait Elliott, le fils de ses voisins de palier, dont la maman, Cécile, est partie accoucher, les choses tournent mal. Cécile décède d’une embolie amniotique après avoir donné naissance à une petite Lucille.
Habituée à ne s’occuper que d’elle-même, la quinquagénaire va être confrontée à la détresse d’Alex, désormais veuf et papa de deux bambins. Elle va devoir répondre aux attentes d’Elliott, petit garçon de six ans qui a tant besoin d’affection et d’une présence féminine. Petit à petit, Sandra va devenir indissociable de cette famille et de ceux qui la composent. Non sans douter parfois de son positionnement, de sa légitimité à en faire partie, et non sans se rebeller contre ce rôle qu’elle n’a pas choisi…
A partir de quel âge ?
12 ans. Difficile, vu son sujet, de montrer L’attachement aux plus petits.
L’avis de MAFAMILLEZEN
L’attachement est un éblouissement. Car rarement un long-métrage nous a livré une partition aussi fine et subtile en matière d’exploration des sentiments humains. Rarement le cinéma a su approcher avec autant de justesse ce qui traverse intimement les cœurs et les têtes. Une vraie prouesse, a fortiori quand on aborde comme ici la question de la mort et des stratégies que tentent de déployer ceux qui restent pour affronter l’absence. Or, s’il s’aventure sur ce territoire périlleux, jamais le film de Carine Tardieu ne cède au pathos, à la démonstration forcée ou à l’intellectualisation. Au contraire, tout chez elle se devine et se dévoile en quelques mots, quelques regards, quelques gestes. Peu bavard et pourtant incroyablement bouleversant, le moment où Axel, le papa, revient de la maternité après avoir vu son monde s’écrouler en est la parfaite illustration. Preuve que miser sur l’intelligence du spectateur est toujours un bon choix !
Il faut dire que L’attachement est magnifié par un casting où chacun incarne son personnage jusqu’au bout des ongles. Il y a évidemment Valérie Bruni-Tedeschi, si convaincante dans la peau de Sandra, cette femme qui oscille entre élans et retenue, entre gravité et humour. Et entre l’infinie tendresse qu’elle éprouve pour cette tribu d’adoption, et son indépendance à laquelle elle ne compte pas renoncer. Il faut saluer par ailleurs la performance de César Botti, l’interprète du petit Eliott, auquel on promet un bel avenir de comédien tant il est naturel (ce qui est très rare chez un si jeune interprète). Celle de Pio Marmaï, en père à la dérive qui se cherche désespérément des ports auxquels s’amarrer. Celle de Vimala Pons, alias Emilia, la pédiatre, qui deviendra la nouvelle compagne d’Alex, mais peinera à trouver sa place entre les vivants et les disparus. Et de Raphaël Quenard, qui campe le père biologique d’Eliott, un homme qu’on aurait tort de cataloguer d’écervelé ou de démissionnaire.
On perçoit à travers eux toute la tendresse que la réalisatrice éprouve pour ces protagonistes. Il n’y pas ici de bons ou de mauvais parents, des amours salutaires et d’autres qui seraient défaillants. Mais des adultes qui font comme ils peuvent, qui tolèrent l’autre dans ses fuites et différences. Parce qu’ils savent que c’est en formant une famille, même atypique, que chacun trouvera son équilibre. La dernière scène traduit admirablement tout cela.
L’attachement porte donc bien son nom et on ne doute pas qu’il parviendra également créer du lien avec le public !
L’attachement
Réalisé par : Carine Tardieu
Avec : Valeria Bruni Tedeschi, Pio Marmaï et Raphaël Quenard
Genre : Drame
Durée : 1h45
Sortie au cinéma : le 19 février 2025
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