Perdre un animal de compagnie est une épreuve bouleversante. Dans son livre Faire face au deuil animalier (Éditions Jouvence), Amandine Samson, éducatrice canine, partage son propre vécu et propose des clés pour traverser cette douleur. Entre témoignage personnel et références culturelles, elle accompagne les lecteurs sur le chemin du deuil, afin de transformer la peine en souvenir apaisé. Nous lui avons demandé comment expliquer à un enfant la mort de son animal et l’aider à surmonter ce traumatisme.
Un guide pour apprendre à accepter la perte de son animal de compagnie
Écrire, ressentir son corps, accepter et nommer ses émotions, méditer, se créer de nouvelles routines, etc. Comme le souligne, Amandine Samson dans son livre, « faire son deuil ne signifie pas oublier, mais panser sa blessure intérieure. Votre animal a laissé son empreinte dans votre vie à tout jamais. Votre entourage sera très présent au début, mais leur présence se fera de plus en plus discrète, chacun reprendra sa vie. Vous ne pourrez rien y faire, il est important de l’accepter sans tomber dans la colère ou la rancœur. »
Si son guide « Faire face au deuil animalier » se concentre sur la mort d’un animal de compagnie, bien des conseils pourraient être appliqués à celle d’un proche, et plus largement à la façon d’aborder la vie. Ce livre pourra paraître trop spirituel à certains, mais il a l’avantage d’éclairer sur la philosophie de vie de son autrice, pour vivre pleinement chaque instant et faire face aux moments douloureux. Il est en tout cas apaisant.
Nous avons rencontré Amandine Samson, qui nous donne quelques conseils pour faire le deuil de son chien ou de chat. Et pour expliquer aux enfants la mort de leur animal de compagnie.
Comment est née l’idée de cet ouvrage sur le deuil animalier ?
L’idée du livre « Faire face au deuil animalier » est née de ma propre expérience, qui s’est ensuite transformée en démarche professionnelle. J’ai perdu mon chien Atlas, qui occupait une place immense dans ma vie – et encore, ces mots sont bien faibles face à l’amour profond que je lui portais et que je lui porte toujours. Sa disparition a été d’une brutalité et d’une violence indescriptibles, et je n’ai trouvé aucun soutien adapté pour traverser cette épreuve. Cela m’a poussée à entreprendre une démarche professionnelle pour comprendre comment on peut se reconstruire après la perte d’un animal.
J’ai commencé à écrire dès le jour de son départ, comme pour évacuer ce trop-plein d’émotion. Ecrire a été mon salvateur pendant des mois. Puis l’idée est venue d’envoyer mes écrits aux éditions Jouvence, sans vraiment savoir si tout cela pouvait aboutir.
La perte d’un animal de compagnie peut-elle être comparée à celle d’un membre de notre famille ou d’un ami ?
Oui. Seules les personnes n’ayant pas d’animaux diront « non », je pense ! La perte d’un animal de compagnie peut tout à fait être comparée à celle d’un membre de notre famille ou d’un ami proche. Les animaux de compagnie occupent une place centrale dans nos vies, et leur présence quotidienne crée un lien profond. Ils ne sont pas simplement des animaux, ils deviennent des compagnons de vie, des membres à part entière de la famille.
Au fil du temps, des habitudes se développent : on partage des moments intimes, des routines, des joies, et parfois même des épreuves. Prendre soin de son animal crée une responsabilité affective unique, et l’attachement est renforcé par cette relation d’attention mutuelle. Nos animaux nous offrent un amour inconditionnel et une présence réconfortante, ce qui intensifie le vide laissé après leur départ.
Ainsi, leur perte est bien plus qu’un simple changement : c’est un bouleversement émotionnel et une modification brutale de notre quotidien. Comme pour un membre de la famille ou un ami, le deuil peut inclure des sentiments de tristesse, de solitude et même de culpabilité. Ce qui souligne l’importance de reconnaître pleinement cette douleur.
Comment faire face à la mort de son chat ou de son chien ? Pouvez-vous évoquer quelques pistes à suivre pour cela ?
Faire face à la perte de son chat ou de son chien demande d’accepter pleinement son deuil, sans chercher à fuir cette douleur. Il est essentiel de vivre pleinement les émotions qui émergent, de traverser ce que l’on a besoin de vivre, car la mort n’arrête pas l’amour. Ce dernier continue, mais sous une forme différente : il s’agit d’apprendre à aimer d’une nouvelle manière, avec le temps.
Dans notre société, les rituels et cérémonies funéraires sont souvent mis de côté, ce qui, selon moi, est une erreur. Vouloir rendre la mort invisible est un leurre, et cela ne fait que compliquer le processus de deuil. Prendre le temps de reconnaître cette perte, de l’honorer, est une étape essentielle.
Dans mon livre, je propose de nombreux exercices pratiques pour avancer, pas à pas, à travers le deuil. J’ai également créé un accompagnement en ligne disponible sur mon site, pour offrir un soutien à ceux qui en ressentent le besoin. Il est temps de briser les tabous et de cesser d’avoir honte de demander de l’aide dans ces moments difficiles. Le deuil animalier mérite d’être reconnu et accompagné avec bienveillance.
Comment expliquer aux enfants la mort de leur animal de compagnie ?
Expliquer la mort d’un animal de compagnie à un enfant est une démarche délicate qui demande de la sincérité, de la sensibilité et de l’adaptation à son âge et à sa capacité de compréhension. Voici quelques pistes pour aborder ce sujet avec douceur :
– Utiliser des mots simples et clairs : évitez les euphémismes comme « il s’est endormi » ou « il est parti », qui peuvent semer la confusion chez l’enfant. Préférez des mots adaptés mais honnêtes, comme « il est mort », en expliquant que cela signifie qu’il ne reviendra pas, mais que cela fait partie du cycle de la vie.
– Être à l’écoute de leurs émotions : les enfants peuvent ressentir une grande tristesse, de la colère, ou même poser beaucoup de questions. Laissez-les exprimer ce qu’ils ressentent sans les juger ni minimiser leurs sentiments.
– Expliquer que la mort n’empêche pas l’amour ou de continuer à en parler : laissez-les parler de leur animal décédé, dites-leur « il est dans nos cœurs », etc.
– Créer des rituels d’adieu : proposez à l’enfant de participer à un rituel pour honorer l’animal. Cela peut être une cérémonie d’adieu, la création d’un dessin ou la rédaction d’une lettre à l’animal. Ces gestes permettent de concrétiser la perte et d’aider l’enfant à commencer son processus de deuil.
– Rassurer l’enfant : certains enfants peuvent s’inquiéter pour leur propre sécurité ou celle de leurs proches après la mort d’un animal. Rassurez-les en répondant à leurs interrogations avec douceur et en leur expliquant que la mort fait partie de la vie, tout .
– Partager des souvenirs positifs : parlez ensemble des moments heureux vécus avec l’animal, en insistant sur l’amour et la joie qu’il a apportés. Cela aide à transformer la douleur en gratitude pour les beaux souvenirs.
– Être patient : le deuil est un processus, et il peut se prolonger chez un enfant. Soyez présent pour répondre à ses questions ou pour le réconforter à tout moment. Enfin, rappelez à l’enfant que c’est normal d’être triste, et que l’amour qu’il portait à son animal reste vivant en lui. Cela l’aidera à intégrer cette perte tout en se sentant soutenu et compris. Evitez les phrases : « c’est comme ça », « passe à autre chose », « tu as d’autres choses à faire, à penser », etc.
Concrètement, comment lancer la discussion sur le deuil animalier avec son enfant ?
Si je devais m’adresser à un enfant et lui donner des conseils pour le deuil de son animal, voici ce que je lui dirais :
– Exprime tes émotions librement : c’est normal d’être triste, en colère ou même de ne pas tout comprendre. Parle de ce que tu ressens à un adulte de confiance ou à un ami. Si tu as des questions, n’hésite pas à les poser : aucune question n’est « bête » ou « interdite ». C’est aux adultes d’être non-jugeants avec toi, de t’orienter vers un ou une professionnelle.
– Crée des souvenirs pour honorer ton animal : les ateliers créatifs sont une belle façon de garder son souvenir vivant. Tu peux dessiner ton animal, écrire un poème, raconter une histoire sur lui, ou même fabriquer un objet souvenir comme un cadre photo ou une boîte où ranger des souvenirs qui te rappellent lui.
– Participe à un rituel d’adieu : cela peut être une petite cérémonie dans le jardin, planter une fleur en son honneur, ou encore lui écrire une lettre pour lui dire tout ce que tu aimais chez lui. Ces gestes aident à dire au revoir d’une manière spéciale. Moi, j’ai gardé la photo de mon chien à côté de mon lit. Ainsi, je continue de lui dire bonne nuit.
– Souviens-toi des bons moments : parle des moments drôles ou heureux que tu as partagés avec ton animal. Tu peux aussi créer un journal ou un album de souvenirs avec des photos et des anecdotes.
– Prends ton temps : il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de ressentir le deuil. Prends tout le temps dont tu as besoin pour t’habituer à son absence. Si un jour tu te sens triste, c’est normal, et si un autre jour tu te sens heureux en pensant à lui, c’est bien aussi. Car oui, tu as le droit d’être triste et de rire dans le même temps.
– Fais des activités qui te font du bien : Si tu aimes dessiner, chanter, écrire, ou même jouer dehors, fais-le ! Ces activités peuvent t’aider à te sentir mieux et à penser à autre chose quand tu en as besoin. Vois des amis, bref, penses aussi à toi, fais des choses pour toi, un petit peu chaque jour.
– Rappelle-toi que ton animal restera toujours dans ton cœur : même s’il n’est plus là, l’amour que tu lui portes et les souvenirs que tu as avec lui ne disparaîtront jamais. Tu peux être plein de gratitude envers toi-même d’avoir offert à ton animal une belle vie.
Des livres pour enfants sur la perte d’un animal
Le jardin d’Evan, de Brian Lies
Evan et son chien sont inséparables. Par-dessus tout, ils aiment prendre soin de leur beau jardin : tout ce qu’ils y plantent devient majestueux. Mais un jour, l’impensable se produit : le chien d’Evan meurt. La vie s’arrête pour Evan, et son jardin lui devient intolérable. En proie à une colère terrible, il le saccage à coups de cisailles, avant de laisser les mauvaises herbes l’envahir et le transformer en lieu de désolation. Jusqu’au jour où une pousse sinueuse se glisse sous le portail, donnant naissance à une citrouille qui grossit, grossit…
Le jardin d’Evan, Albin Michel Jeunesse, 27 mars 2019, 14,90 € – Commander sur Amazon
Dès 3 ans.
Chamour, et tous ceux qui nous manquent, d’Emilie Vast (Éditions MeMo)
« Chamour, je l’ai vue naître et tout de suite, je l’ai aimée… ». Puis, Chamour a grandi, aux côtés de sa maîtresse, avec ses petites habitudes de chat, bonnes ou mauvaises, sa manière bien à elle de se mouvoir et de se comporter. Chamour est partie, sa courte et jolie vie était terminée. Et il a fallu accepter ce moment difficile.
Émilie Vast rend hommage dans ce petit livre sensible à son chat, qui l’a accompagnée pendant des années avant de disparaître, laissant derrière elle un souvenir qui se traduit ici en mots et en images. Un témoignage touchant sur la perte et un message d’apaisement face à la disparition de ceux que l’on aime.
Chamour, et tous ceux qui nous manquent, Editions MeMo, 17 novembre 2016, 13 € – Commander sur Amazon
Dès 3 ans.
Bigoudi, de Delphine Perret
Chaque jour, les petits rituels se succèdent pour Bigoudi, retraitée dynamique, et Alphonse, son chien : le café chez Luigi, la balade au parc, le thé-poker chez Beatrix… Mais un jour, Alphonse pousse son dernier soupir. Bigoudi décide de ne plus voir personne. À quoi bon s’attacher aux gens si c’est pour les perdre comme Alphonse ? Mais des îlots d’humanité, chaleureux et douillets, résident même au coeur de l’effervescence citadine, évoquant ici la ville de New York.
Un album qui aborde avec justesse et humour les thèmes de l’attachement et du deuil.
Bigoudi, Les Fourmis Rouges, 20 mars 2014, 13,80 € – Commander sur Amazon
Dès 3 ans.
Le chien de Max et Lili est mort, de Dominique de Saint Mars
Quel choc, Pluche, le chien de Max et Lili, s’est fait écraser ! Ce livre parle du chagrin face à la mort d’un animal domestique. Il montre qu’on peut se consoler avec les autres, garder l’animal dans son cœur et se réconcilier avec la vie !
Une histoire pour faire face à la tristesse causée par la mort d’un animal domestique
Le chien de Max et Lili est mort, Calligram, 1er septembre 2004, 6,20 € – Commander sur Amazon
Dès 6 ans.
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