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Les Sauvages de Claude Barras, un peu trop classiques

Par Bénédicte Flye Sainte Marie - Mise à jour le

Sauvages film avis

Deuxième opus du cinéaste suisse Claude Barras qui a triomphé avec Ma vie de courgette il y a huit ans, le film d’animation Sauvages, qui évoque les ravages de la déforestation, nous offre un joli conte écologique tissé de plans virtuoses mais déçoit par manque d’originalité. Au cinéma le 16 octobre. On vous offre des places dans l’espace Concours !

Sauvages : l’histoire du film

Tout commence à la lisière de la forêt tropicale de Bornéo, en Asie du Sud-Est, dans une plantation de palmiers à huile. Alors qu’elle tentait de protéger son bébé, une femelle orang-outang est tuée par des braconniers devant les yeux de Kéria, onze ans, et de son père, salarié de cette entreprise oléicole. La préadolescente, qui vit seule avec son père depuis le décès de sa mère, décide alors de ramener le petit animal sous le toit familial et le baptise Oshi, à cause du bruit qu’il fait lorsqu’il éternue.

Peu de temps après, elle voit arriver à la maison Selaï, un cousin qu’elle ne connaissait pas. Installé depuis toujours dans la jungle de l’île avec ses parents et grands-parents, Selaï est obligé aujourd’hui de quitter cet endroit. Sa famille, qui appartient au peuple autochtone des Penan, est en conflit ouvert avec la compagnie qui défriche et détruit sans états d’âme le lieu où ils vivent et trouvent la nourriture qui leur permet de subsister.

Selaï entre alors dans la même école que sa cousine. Harcelé dès le premier jour, notamment par Kéria qui met son grain de sel dans les moqueries qu’il subit, le jeune garçon s’enfuit, embarquant le singe avec lui. Kéria part alors à sa recherche et se perd dans les épaisseurs labyrinthiques de la forêt. Pas rancunier, Selaï la retrouve et l’emmène au sein de sa tribu.

Kéria, à laquelle on a caché presque toute la vérité, va découvrir beaucoup de choses sur ses origines et sur ce qui a (vraiment) causé la mort de sa maman.

A partir de quel âge ?

6-7 ans. Sauvages est idéal pour un visionnage en famille

L’avis de MAFAMILLEZEN

Difficile pour Claude Barras de tutoyer les mêmes hauteurs qu’avec son magnifique et déchirant Ma vie de courgette, sorti en 2016, plébiscité par la critique, vu par plus de 800 000 spectateurs rien qu’en France, multirécompensé dans le monde et nommé aux Oscars.

Imaginé juste avant la sortie de ce dernier et patiemment élaboré pendant toutes les années qui ont suivi, Sauvages est également un beau film, dans lequel il est émouvant de retrouver la « patte » graphique très particulière du réalisateur, avec ses personnages à grosses têtes et grands yeux conçus en stop-motion (technique d’animation qui consiste à utiliser des objets réels ). Ses marionnettes semblent porter en elles la gravité du monde et des thèmes qu’elles « incarnent », la maltraitance envers les enfants dans son premier opus et le combat contre la déforestation dans celui-ci.

Le travail sur les paysages, qui s’avèrent riches d’une infinité de détails, de couleurs et de nuances, qui jouent sur l’ombre et la lumière, est assez bluffant, surtout quand l’on sait que tout a été fabriqué à la main; comme si Sauvages était un manifeste contre les images de synthèse dont usent et abusent les grands studios.

Le parti-pris avec lequel Claude Barras choisit de décrire les habitants de la forêt est aussi intéressant, car il n’est pas archaïsant : bien que défenseurs de leur territoire ancestral, Selaï et ses proches n’en sont pas moins entrés de plain-pied dans la modernité, se servant d’une connexion internet et de téléphones portables. C’est d’ailleurs ce qui aidera leurs luttes à aboutir…

Et Sauvages bénéficie enfin d’un casting vocal impressionnant, avec Benoit Poelvoorde dans le rôle du père de Kéria, Laetitia Dosch, en salles en ce moment avec Le procès du chien, qui donne sa voix à Jeanne et Michel Vuillermoz, en vilain contremaitre de chantier.

Mais Sauvages n’a cependant pas la même force narrative et ne dégage pas la même poésie que Ma vie de courgette. Si cette magie prend un peu moins, c’est certainement parce que le réalisateur a choisi un sujet qui a très souvent été traité ces dernières années dans le cinéma d’animation : à savoir l’opposition entre la logique mercantile et capitaliste des industriels prêts à tous les exactions envers la nature pour générer du profit ; et des héros adeptes de la préservation de l’environnement, d’Ozi à Ainbo, princesse d’Amazonie en passant par Les 4 âmes du coyote.

Cela manque donc un peu de singularité, mais parfois également de finesse dans les dialogues et les messages de sensibilisation écologiques, trop « premier degré », même pour le jeune public. Les délivrer plus subtilement les aurait rendus plus puissants !

Sauvages
Réalisé par : Claude Barras
Avec les voix de :
Babette De Coster, Laetitia Dosch et Benoît Poelvoorde
Genre :
Animation
Durée :
1h27
Sortie au cinéma :
le 16 octobre 2024

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