Quoi de mieux qu’un simple fourgon reconverti en maison roulante, pour prendre la route sans contraintes, se faufiler partout, s’arrêter où on veut, faire corps avec le paysage ? C’est en tout cas ce que vantent les amateurs de « van life », la nouvelle façon de voyager tendance ! Mais est-ce si facile, en famille ? On a testé sur les routes bretonnes… et on vous dit tout !
Plus encore qu’une façon de voyager, c’était dans les années 70 un style de vie, une philosophie. Pas étonnant qu’elle revienne en force, à l’heure du « slow tourisme », du minimalisme et du besoin de reconnexion avec la nature : le hashtag #vanlife rassemble plus de 13 000 posts sur Instagram, 64 % des Français se disent tentés par l’aventure, les ventes de vans ont enregistré l’an dernier une progression de 51,8 % en un an, les livres et les témoignages d’influenceurs se succèdent, et la van life a même son magazine. Pour autant, avant de vous lancer dans l’achat et l’aménagement d’un fourgon, l’idéal est d’en louer un quelques jours pour tester ce nouveau mode de voyager : aujourd’hui, de plus en plus de prestataires proposent des vans à la location.
Van ou camping car ?
Vu la taille de certains vans les mieux équipés, on se demande un peu ce qui les différencie de leurs ancêtres, ces poussifs et luxueux camping-cars qu’on associe plutôt aux retraités en goguette qu’aux jeunes familles branchées ! Là est toute la différence : le van, plus minimaliste, va partout et se conduit facilement. La plupart des modèles ne dépassent pas les 2 mètres de hauteur – au-delà duquel on passe en catégorie B (ou 2). Et même le plus gros van est plus petit qu’un camping-car, nous assure-t-on chez Black Sheep, notre loueur de vans aménagés à Rennes (38 agences en France) qui propose différents modèles dont le California, mythique combi Wolkswagen des hippies.
Les vans, passe-partout et pratiques… jusqu’à 4 adultes
Désormais, on n’y peint plus de symboles « flower power » et « peace and love », mais on agrémente les vans de kitchenettes aménagées, douchette extérieure, tentes de toit dépliables, super pratiques pour dormir jusqu’à 4 (deux en bas, deux en haut sous la tente).
Le van est assurément, plus « passe-partout » qu’un camping-car, mais évitez tout de même les parkings intérieurs- sauf peut-être pour le van California en version mini (1.89m de haut, 1.83m de large, 4.87m de long). Aucun n’atteint les 3 mètres, même avec la tente de toit : vous pouvez donc entrer sans difficulté dans les centres urbains, alors que beaucoup interdisent l’entrée aux camping cars.
Et pas de frayeurs au volant : tous, équipés de conduite assistée, GPS et de l’électronique la plus récente, se conduisent facilement, surtout si vous avez déjà conduit un utilitaire – ce qu’ils sont, à la base.
Pour notre part, nous sommes une grande famille (vive la recomposition) : à six, nous avons décidé de nous déplacer en van… plus voiture, qui suivra le convoi, et qui contient une tente Quechua : 4 personnes, parfois 5 avec un enfant, c’est vraiment le max de voyageurs que vous pouvez caser dans un van en version « allongée ». Même si certains combis permettent de voyager à six en position assise, il faudra prévoir la tente pour dormir tous, au-delà de quatre adultes.
La question cruciale… les toilettes !
Et puis, avouons-le, notre désir d’aventure ne va pas jusqu’à celui de faire pipi (et le reste) dans la nature, ou de faire nos ablutions à l’extérieur alors que nous ne sommes qu’au mois d’avril ! Pensez-y au moment de choisir votre véhicule, en fonction de la saison : les toilettes, ce n’est pas si évident à trouver, et le petit coin tranquille dans les buissons… non plus !
A l’agence Black Sheep de Rennes, qui propose des véhicules flambant neufs et super bien équipés, on nous a donc retenu un modèle « extra large », dans un fourgon aménagé Fiat Ducato… Cet « Explorer 4 », très bien conçu, parvient à contenir deux grands lits deux places superposés au fond du camion, une petite cuisine, des toilettes et même une douche intérieure.
En dépit de quoi, avouons-le, les arrêts à une terrasse de café ou dans un resto sont toujours le signal d’une ruée… vers les toilettes : parce que même si vous avez des toilettes dans le van, il faut les vider. Pas à chaque fois, bien sûr, mais régulièrement, et pour ça il faut trouver la station adaptée ! (voir encadré). En prime, on dépense de l’eau pour tirer la chasse… or vous serez vite dans le « control freak » permanent, l’oeil rivé au réservoir d’eau, parce que 200 litres, ça part vite ! Et il faut ensuite remplir à nouveau le van, dans une station ad hoc.
Pour une escapade de trois nuits, à six mais sans utiliser exclusivement la douche et les toilettes du van, nous avons dû cependant faire une escale vidage et remplissage dès le deuxième jour.
Une « Evazion » en van en famille bien orchestrée…
Autre petit inconvénient du van, même s’il accorde une grande liberté et une sensation d’aventure, il peut procurer une certaine appréhension : celle de ne pas trouver l’endroit idéal et autorisé pour se garer le soir, en toute sécurité… surtout avec des enfants, cela peut gâcher une partie de votre trajet, dans l’angoisse de savoir où vous poser !
D’où l’idée de deux associés belges, Olivier Verbeke et Philippe Lemmens, créateurs en 2022 d’une start-up, baptisée Evazion : proposer de beaux terrains privés, avec vue si possible, où un à trois vans (jamais plus) peuvent se poser. Vous réservez le spot sur une appli très pratique qui vous conseille sur l’itinéraire et programme vos étapes, moyennant 36 euros par nuit. Attention, le propriétaire du terrain ne vous offre que l’hospitalité : pas de bornes électriques, pas de douches, pas d’installations sanitaires, on n’est pas dans un camping ! On reste dans l’esprit « van life »… mais en tranquillité et sécurité assurée.
Liberté et tranquillité
La formule a aussitôt cartonné, notamment auprès des familles, assure le fondateur qui loue beaucoup à de jeunes parents – y compris à des mamans solos, qui avouent qu’elles n’auraient jamais tenté cette escapade autrement. Du coup, Evazion, qui a commencé par s’implanter en France par la Bretagne, s’étend aux autres régions et propose aussi un partenariat avec des loueurs de véhicule, dont Black Sheep.
Vous pouvez même offrir des coffrets cadeaux d’initiation à la « van life » (itinéraire et spots + location de van): une bonne idée de cadeau fête des mères ou des pères, et un bon test : qui sait, aux prochaines vacances, vous partirez peut-être trois semaines ?
Direction les côtes bretonnes !
Une fois choisie la région et réservé notre « mini road-trip en van » de trois nuits, nous avons reçu notre road book Evazion : en avant pour l’aventure en Bretagne ! Depuis Rennes, nous avons pris la route jusqu’à la pointe du Finistère, en longeant le contour sinueux des côtes d’Armor. Un petit détour nous mène à l’incroyable petit port de Gwin-Zegal (vin de seigle en breton), l’un des derniers à pieux de bois : ceux-ci sont plantés dans le sable, un procédé qui date du Moyen-Age, dans la petite plage qui se loge au creux de la falaise, refuge d’oiseaux nicheurs.
On reprend la route : notre premier spot nous attend, là où le Finistère tend son index vers l’océan : Saint-Jean du Doigt. C’est en effet à la pointe de Beg Gracia qu’on doit passer la nuit, sur la lande rougeoyante et désertique qui dresse sa masse rocheuse devant l’horizon marin. Oui mais… petite déconvenue en découvrant le spot en question !
La Pointe de Beg Gracia en van, un spot qui pique fort…
Le petit terrain dévolu au van ne semble guère privatif, longeant la route qui domine la falaise. Vertigineux, et certes, vue imprenable, mais on ne s’y sent guère abrité ni sécurisé, puisque n’importe qui pourrait venir se garer à côté de nous. Difficile en outre d’y loger notre tente, l’endroit étant ouvert à tous les vents (forts), perché sur la falaise, en bord de route… et couvert d’orties !
Nous lançons donc un appel désespéré à l’équipe d’Evazion, qui nous envoie en temps record son ambassadrice locale : effectivement, le terrain n’a pas été suffisamment désherbé par l’agriculteur qui le loue, reconnaît-elle. C’est un nouveau spot, et tout n’est pas encore bien rôdé. Elle nous trouve gentiment et rapidement une solution de repli, sur un petit terrain non loin de là, près du joli petit port de Plougasnou. Pas de vue, mais davantage d’intimité, et surtout, pas d’orties pour assaillir nos pieds nus dès qu’on en posera un hors du van !
La vraie « van life » commence…
Le lendemain, nous suivons la côte jusqu’à notre nouveau spot, qui nous enthousiasme, cette fois : bien délimité, fermé d’une corde et entouré d’arbres autour qui nous protègent des regards et du vent, il surplombe une belle plage, et la vue sur la mer s’offre à nous, rien qu’à nous ! C’est ici, à la pointe de Primel, et sur la petite crique proche, rebaptisée « plage d’Eva » (nom du spot dans l’appli, et de la fille du fondateur) que l’idée d’Evazion est née .
On comprend pourquoi ce lieu donne des idées ! Apéro face au coucher du soleil, à l’heure où la lumière décline sur les rochers, sous l’auvent bien pratique du van. Huîtres et crustacés, achetés au rayon poissonnerie du Leclerc tout proche, bien achalandé en pêche locale (pensez à faire les courses avant d’arriver à votre spot, généralement perdu dans la nature !) Et pour finir, chamallows grillés autour d’un feu de bois, en écoutant le bruit des vagues qui se fracassait plus bas, et en se racontant des histoires de naufrageurs… nombreux autrefois le long de ces falaises où allaient se fracasser les bateaux qu’ils pillaient ensuite.
Au matin, avant de reprendre la route de cette côte des légendes, on a même pu s’offrir une baignade… pour les plus courageux !
Nuit en van… à la la pointe du Van
On a poursuivi vers la bien nommée Pointe du Van, en traversant le parc national d’Armorique. On aurait pu couper court, mais les contours de cette drôle de tête de chèvre que forme la presqu’île de Crozon sont diablement attirants : si on suit sa route et ses caps, on va de splendeur en splendeur. Côtes granitiques, plages sauvages et petites îles, alignements de menhirs et même un émouvant mémorial de l’Atlantique, avec ses tunnels et blockhaus désertés, face à la mer aujourd’hui paisible sur laquelle plane ce souvenir de guerre… Le cap de la Chèvre est situé au bout de la « barbichette » de l’animal, et c’est une vue inoubliable.
En reprenant la route vers votre spot de Poulbrehen, vous pourrez aussi faire une halte à Douarnenez, joli port qui mérite le détour, et dans la fameuse « Roulotte à crêpes » qui se trouve près de Pors Poulhan… avant d’aller installer votre campement à pic sur la mer. Ce nouveau spot, très bien indiqué et délimité, très spacieux aussi et totalement dégagé, nous offre la plus belle vue de notre escapade, au plus proche des vagues.
Par contre, on est très exposé aux regards aussi : une rangée de maisons borde le terrain, à l’arrière. Pour ceux qui n’auraient ni toilettes ni douche, il faut vraiment anticiper ce genre de situation : pas toujours possible de s’isoler discrètement, même dans la nature. Et surtout pas sous la pluie, car il faut aussi anticiper le climat breton : malheureusement, pas d’apéro face à la mer ce soir, la pluie tombe sans discontinuer !
La liberté… mais la pluie !
On trouve un abri confortable dans une crêperie du village proche, et on rentre dormir dans notre van dans un calme absolu, bercé par le bruit du ressac… avant d’être réveillé au matin par un voisin qui ne craint pas la pluie et a décidé de s’attaquer à sa haie à la tronçonneuse ! C’est ça, la « vanlife » : au plus près de la nature, de ses éléments, mais aussi parfois… de ceux qui la domestiquent !
Il faut l’avouer, au moment de refermer notre auvent détrempé (on avait négligé de le rentrer la veille au soir) et de plier une tente qui prend l’eau, on est assez soulagés de reprendre la direction de Rennes et de mettre fin à l’expérience. Peut-être que les plus aguerris adorent la van life en toutes saisons, mais il vaut mieux tenter l’aventure aux beaux jours pour en profiter pleinement.
Il n’empêche que cette petite escapade nous a créé des souvenirs inoubliables… et les petites mésaventures font partie du charme. On sort du quotidien : sûr, le van, ce sont des vacances pas comme les autres. On y reviendra. On the road again, again…
Photos : Brigitte Valotto
En pratique :
Evazion recense une douzaine de spots exclusifs et privés en Bretagne, de Saint-Brieuc au Pays Bigouden en passant par la Cornouaille, la presqu’île de Crozon, la forêt du Huelgoat et les Monts d’Arrée.
Nombreux spots aussi en Normandie, et de plus en plus en Méditerranée. Et bientôt en Alsace, Rhône-Alpes, Aquitaine et Pyrénées. A partir de 36€ la nuit, packs découverte 3 nuits à partir de 108 euros, à réserver sur le site evazion.co .
Partenaires loueurs de vans avec réduction, via le site Evazion, à partir de 109 euros par jour selon modèles.
Coffrets cadeaux Black Sheep associant van et spots, une à trois nuits, à partir de 300 euros.
A savoir avant de partir pour une escapade en van en famille
Les grandes questions qu’on se pose dès le départ sont d’ordre très terre-à-terre : où va-t-on vider nos toilettes, où va-t-on prendre de l’eau, en aura-t-on assez ?
Chez les loueurs partenaires d’evazion, comme Black Sheep, les vans sont équipés d’une bonbonne de gaz pour alimenter chauffage et plaque de cuisson, d’un grand tuyau pour remplir le réservoir d’eau nécessaire à la cuisine, ainsi qu’à la douche et aux toilettes (chimiques), sur les modèles qui en sont équipés.
Vous pouvez effectuer vidanges et recharges dans la plupart des stations services dédiées aux camping-cars, voire les stations-services classiques pour la vidange. Mais sachez qu’il faut parfois une carte d’abonné pour pouvoir faire votre recharge en eau dans les aires adaptées ou les campings.
Une appli indispensable : Park4night, qui vous permet de trouver les aires et parkings les plus proches. Et sachez qu’il existe aussi des applis permettant de localiser les toilettes publiques autour de vous : Flush, Plouf, Où sont les toilettes…
Vidange des toilettes du van et remplissage du réservoir d’eau
A ce sujet, la vidange des toilettes d’un van n’est pas si terrible qu’on le croit : celui qui a le malheur d’être tiré au sort, s’attendant à devoir effectuer de répugnantes manœuvres dans un nuage d’odeurs pestilentielles, s’aperçoit vite qu’il s’en tire bien. Tout est décompensé, et seule une eau verte, même pas nauséabonde, sort du réservoir – qu’on n’a même pas à toucher avec les doigts, une pression sur un bouton l’ouvre et le ferme de façon automatique. Le plus compliqué est de trouver de l’eau en suffisance, car il en faut pour tout : douches, chasse d’eau, mais aussi vaisselle, lavage de mains…
La bonne astuce : trimbaler un petit bidon vide de cinq litres et à le remplir à chaque occasion, en appoint, voire comme nous… en dépannage : pour remplir le réservoir du van, normalement, on adapte le tuyau fourni à un robinet adapté… quand on en trouve un ! Ce n’était pas le cas dans la station désertée, hors saison, où nous avions pu vidanger nos toilettes.
Quand vous aurez rempli un réservoir de 200 litres avec un bidon de cinq litres, vous saurez qu’il faut compter une bonne heure, à raison d’une minute et demi par bidon environ… arithmétique insoluble autrement qu’en prenant son courage à deux mains !
Puis-je me poser partout en van ?
En théorie, oui, en France il n’y a pas de restrictions de stationnement pour les vans et vous pouvez passer la nuit où vous voulez.
En pratique… il faut trouver la bonne place ! Gratuite, d’abord, ça va sans dire. Ensuite, le stationnement sur la voie publique ne doit être ni dangereux, ni gênant, ni abusif. Evidemment, si vous trouvez un petit terrain idéal, non clôturé, il vous faudra quand même vous assurer qu’il n’appartient à personne, et le cas échéant, à avoir l’accord du propriétaire – pas évident !
Enfin, il y a des zones réglementées ou classées sur lesquels le camping sauvage est strictement interdit, et des arrêtés municipaux qui restreignent le stationnement dans certaines communes.
Dès lors, recourir à une appli comme Evazion qui vous assure une place dans un spot privé et exclusif peut s’avérer une bonne solution, même si elle est payante !
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