Quand tu seras grand est le deuxième film signé par André Bescond et Éric Métayer, auxquels on doit Les Chatouilles qui ont gagné deux César en 2019. Il propose une émouvante partition sur la cohabitation entre personnages âgées et enfants dans un Ehpad. En salles à partir du 26 avril.
Quand tu seras grand : l’histoire
L’Ehpad où Yannick travaille ressemble à tous les autres. Entre planning hypertrophié et budgets établis au cordeau, ses collègues et lui doivent relever chaque jour la mission impossible qui consiste à assurer le bien-être des résidents dont ils s’occupent. Sans parler d’essayer de les rendre heureux. Autant dire que dans ce contexte tendu, notre aide-soignant voit d’un très mauvais œil la proposition d’Aude. Animatrice, elle aimerait que les élèves dont elle a la charge viennent partager sur leur temps périscolaire les repas et les activités des pensionnaires de l’Ehpad, le temps que leur réfectoire soit remis en service. De quoi compliquer encore des journées aux allures de casse-tête ! Sensible sous des dehors bourrus, Yannick pense aussi que les petits ne doivent pas tisser des liens avec les personnes âgées, dont la santé très fragile fait qu’ils peuvent décéder du jour ou au lendemain.
Mais la réussite de cette expérience va rapidement le faire changer d’avis : non seulement les seniors vont renouer avec une seconde jeunesse en côtoyant ces « camarades », mais certains enfants vont y trouver de leur côté l’occasion d’évoluer, de panser leurs plaies, et de se créer de nouveaux ports d’attache. C’est le cas notamment du skateur Brieuc, qui nouera une relation privilégiée avec Yvon, un ancien cascadeur. Ce qui va contribuer à apaiser la colère du préadolescent, en souffrance à cause de son environnement familial.
A partir de quel âge ?
Quand tu seras grand s’adresse à des enfants à partir de 10 ans, sachant que la mort fait partie inhérente du scénario.
L’avis de MAFAMILLEZEN
Après l’émotion suscitée par Les chatouilles, long-métrage qu’elle avait transposé à l’écran à partir de la pièce de théâtre éponyme, et qui évoquait l’inceste qu’elle avait subi, Andréa Bescond s’attaque une nouvelle fois, avec son partenaire Éric Métayer, à une thématique sociétale très forte. A savoir la manière dont nous traitons, pour ne pas dire hélas gérons, nos anciens et la richesse que constituerait le fait de mêler les générations. Notamment de favoriser les interactions des plus vieux avec les plus jeunes. Sur ce sujet qui n’a jamais été autant dans l’air du temps, surtout depuis la sortie l’an dernier du livre Les Fossoyeurs de Victor Castanet, les deux réalisateurs livrent avec Quand tu seras grand une copie réussie, évitant les écueils de la démagogie, de l’angélisme ou de la caricature.Les résidents sont ici dépeints avec beaucoup de tendresse et de vérité. Ils ne sont pas uniquement des individus dépendants qui ont perdu la tête ou leur mobilité, mais aussi des êtres avec un passé, des passions, des sentiments et des frustrations.
Il y a également dans ce film un vrai souci de réalisme dans la description du quotidien du personnel : on n’élude pas les horaires à rallonge, les couches pleines d’excréments à changer, les douleurs physiques et la fatigue mentale qui s’accumulent, parfois le désespoir qui grandit, lorsqu’on passe sa vie à prendre soin de celles des autres dans de mauvaises conditions. Aussi dévoué qu’écorché vif, Yannick, le personnage de Vincent Macaigne, en est l’incarnation.
Ce qui est appréciable également dans Quand tu seras grand, comme dans le très beau et très épuré Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry, récemment sorti au cinéma, c’est que le tandem de cinéastes n’a pas jugé utile d’ajouter des histoires périphériques, d’amour ou autre, qui auraient artificiellement étoffé l’intrigue. Tout au long de cet opus, ils restent concentrés sur la substantifique moelle de leur récit. Et ils ne cèdent pas non plus à la tentation du happy-end, ce qui n’empêche pas certaines séquences, comme celle où l’on voit Yvon à moto, d’apporter de la poésie.
Quand tu seras grand
Réalisé par : Andréa Bescond et Éric Métayer
Avec : Vincent Macaigne, Aïssa Maïga et Marie Gillain
Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h39
Sortie au cinéma : le 26 avril 2023
A partir de 10 ans
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