Le magazine Baïka n’est pas un petit nouveau sur le marché de la presse jeunesse, et pourtant, il est plus connu des bibliothécaires que du grand public. Créé en 2015, ce trimestriel embarque les jeunes lecteurs entre 8 et 12 ans à la découverte d’un pays différent à chaque numéro. Avec pour guide un enfant natif du pays, ayant migré en France avec sa famille, qui parle de la vie quotidienne dans son pays. Après le Portugal en décembre 2021, le tout nouveau numéro de mars 2022 est dédié au Costa Rica, avant la Thaïlande et l’Argentine. Un voyage autour du monde pour titiller la curiosité des plus jeunes et les ouvrir à la diversité. Une démarche d’autant plus essentielle à la lumière de ce qui se passe actuellement en Ukraine.
Baïka, une ouverture sur le monde et sur les autres
C’est une belle histoire que celle de Baïka, Deux jeunes mamans amies d’enfance, l’une Noémie, éditrice spécialisée en littérature étrangère, l’autre, Lola, illustratrice passionnée de voyages, décident de monter leur propre projet éditorial au début de la guerre en Syrie, et créent la maison d’édition Salmantina. Choquée par l’afflux des réfugiés et par les propos racistes entendus de la bouche d’un enfant de 8 ans, l’idée de créer un magazine jeunesse ouvert sur la diversité, éveillant la curiosité des enfants vers d’autres cultures et proposant des contenus différents et toujours instructifs, s’impose à Noémie.
Le magazine Baïka voit le jour en décembre 2015 avec un premier numéro dédié à la Finlande et à l’Albanie. Depuis, 26 numéros sont parus, au hasard des rencontres ou des événements (comme la Saison France-Portugal 2022). Si les créatrices de Baïka ont choisi ce titre, c’est parce qu’il « ouvre tout de suite l’imaginaire de l’enfant vers un ailleurs qui n’est pas défini », explique Noémie Monier (quand pour vous, adultes, il évoquera très certainement de prime abord « la perle de la Sibérie », le « l » en moins). « Chaque numéro explore un pays à travers des sujets très variés, mais aussi très ancrés dans la vie quotidienne. Même les jeux sont une occasion d’apprendre quelque chose sur le pays à l’honneur ».
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Des enfants natifs racontent leur pays
Tous les trois mois, Baïka « nourrit la curiosité des enfants », et leur propose de partir à la découverte d’un nouveau pays, avec pour guide de « vrais » enfants, réfugiés, migrants, expatriés… natifs de là-bas. Beatriz de Cartaxo, Lucy de Canberra, Minsung de Séoul, Raymond de Dakar, Caroline de Kristiansand… parleront ainsi de la vie dans leur pays : l’école, l’alimentation, les fêtes de familles, les jeux… et tout ce qui fait leur quotidien dans leur pays d’origine.
Des enfants étrangers très souvent rencontrés par l’intermédiaire d’enseignants des unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants (UPE2A) ou via les ateliers pédagogiques proposés dans les classes par Baïka. Mais aussi par d’autres biais, comme le jeune Coréen Minsung, rencontré par l’intermédiaire de l’ambassade de Corée. Ou comme Lucy et Matt, venus d’Australie avec leur père, ingénieur sur le chantier naval de Cherbourg, rencontré via une enseignante. Des témoignages que les jeunes lecteurs retrouveront tout au long du magazine. « Je choisis ce qui relève le plus du vécu, à hauteur d’enfant, le plus souvent anecdotique », précise Noémie Monier, rédactrice en chef de Baïka. Donner la parole aux enfants, c’est ce qui fait la force de ce magazine unique en son genre, qui tient plus de l’album illustré que du magazine, avec des illustrations magnifiques et très colorées.
Des mythes et légendes… et la vie au quotidien
Chaque numéro de Baïka est construit autour de la rencontre avec un enfant natif. « Autour de cette interview, nous créons un guide culturel du pays à l’honneur avec un conte, une recette de cuisine, un reportage, des jeux sur la géographie, la faune, la flore, la musique, l’architecture, la présentation d’un métier, toujours de façon ludique et abondamment illustrée », explique Noémie. Le magazine s’ouvre sur une légende du pays à l’honneur, une histoire qui embarque de suite le jeune lecteur vers un ailleurs fantastique. Les contenus sont riches et variés, souvent insolites, et suscitent l’étonnement ou l’émerveillement du lecteur.
On découvre ainsi les coraux, « des forêts sous l’eau », en Australie. On apprend à écrire l’alphabet coréen. On découvre les instruments de musique traditionnels du Sénégal. On part aussi à la rencontre d’un médecin volant, qui sillonne le bush australien pour soigner les malades les plus éloignés des hôpitaux. Ou encore des plongeuses de Jeju (en Corée), qui pratiquent la pêche sous-marine en apnée. On réalise la recette du Djouka, un plat traditionnel sénégalais, ou celle des Hotteok, des pancakes coréens. « Les enfants aiment bien lire, sans être actifs à chaque page », explique Noémie Monier. Donc Baïka ne joue pas l’interactivité à tout prix, et invite au vagabondage de l’esprit.
Un bel objet magnifiquement illustré
Autre particularité de ce magazine de découverte, vous n’y trouverez pas de photos (et donc pas non plus de publicités !), sinon celles des personnes dont l’activité est mise en avant. Même les enfants servant de guides aux jeunes lecteurs sont représentés en dessin. Baïka ressemble donc plus à un bel album illustré qu’à un titre de presse jeunesse qu’on feuillette puis qu’on jette. Les illustrations sont magnifiques et très colorées, les contenus étayés avec bon nombre de cartes géographiques illustrées elles-aussi. C’est très visuel et très ludique. Donc percutant. Le tout est imprimé sur un papier mat éco-responsable de grande qualité, transformant cette revue en bel objet qu’on collectionnera au fil des numéros, et qui trouvera sa place dans la bibliothèque familiale. Ca n’est d’ailleurs pas un hasard si vous trouverez Baïka en bonne place dans les bibliothèques et chez les libraires. « On passe beaucoup par l’illustration, par les cartes, pour la mémoire graphique de l’enfant », justifie la créatrice du magazine.
Un magazine engagé… mine de rien
Si Noémie Monier n’aime pas trop qu’on qualifie Baïka de magazine « engagé », il n’en reste pas moins qu’elle reconnait pratiquer un engagement « non militant ». L’écologie, le féminisme et surtout la lutte contre le racisme sont des sujets qui lui tiennent à cœur, et qui sont notamment abordés à travers les reportages, qui font la part belle aux portraits de femmes et d’aventurières du monde entier. « On travaille sur la représentation, pas sur le féminin », précise-t-elle tout de même, en ajoutant « aller à contrepied de ce qu’on attend du métier représenté ». Un ADN un tantinet féministe, qui s’affiche au sein même de la rédaction, à 99 % féminine.
Baïka n’a pas non plus attendu que les jeunes s’engagent pour le climat pour éveiller la conscience écologique des lecteurs, en faisant intervenir des biologistes, glaciologues et autres scientifiques et explorateurs, sentinelles de la planète. Un engagement qui passe aussi par une production responsable. Salmantina, la maison d’édition de Baïka est implantée en Gironde, et a fait le choix dès le début d’imprimer son magazine en France, sur du papier éco-responsable.
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Baïka, ce sont aussi des ateliers dans toute la France
Baïka ayant très vite suscité l’intérêt des bibliothèques et des établissements scolaires, ses créatrices ont développé dès 2016 des ateliers s’inscrivant dans la lignée du magazine : cultures et pays du monde, cartographie, géographie, mythologies… ils s’adressent plus largement aux 6-12 ans. Une vingtaine d’ateliers créatifs, ou d’éducation aux médias (Baïka participe d’ailleurs chaque année à la Semaine de la presse et des médias à l’école), sont ainsi animés par quatre animatrices, dans toute la France (mais pour l’instant principalement en régions Ile-de-France et Nouvelle-Aquitaine). N’hésitez pas à les solliciter si vous souhaitez accueillir des animations dans vos classes ou organiser des médiations en bibliothèques.
Où trouver le magazine Baïka ?
Si vous fréquentez les salons du livre jeunesse (et notamment celui de Montreuil), vous avez de fortes chances d’y croiser Baïka et sa rédactrice en chef Noémie Monier. Et à voir les enfants se presser devant son stand, vous comprendrez que ce magazine jeunesse pas comme les autres suscite la curiosité. Baïka n’est pas vendu en kiosque ou en maison de la presse, mais en librairie, ou bien par abonnement. Ayant fait le choix de ne pas afficher de publicité et d’être édité en totale indépendance, il est entièrement financé par les abonnements (et aussi quelques subventions et partenariats). Donc ils comptent sur vous !
Suite à de nombreuses demandes, Baïka pourrait bien faire des petits d’ici quelques temps, avec un nouveau magazine pour les 4-8 ans cette fois.
Nous espérons vous avoir donné envie de découvrir et de faire découvrir ce magazine qui relie les enfants du monde, et que les plus grands apprécieront tout autant. Nous, on aime bien l’idée d’offrir en cadeau un abonnement presse, et Baïka, c’est vraiment une chouette idée cadeau !
Pour s’abonner ou pour acheter des numéros de Baïka, rendez-vous sur le site de l’éditeur !
CONCOURS : On vous offre 5 abonnements d’1 an à Baïka et 5 numéros découverte du 30 mars au 13 avril 2022 dans l’espace Concours !
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