La pétillante comédienne Isabelle Vitari, maman à la ville de Joséphine, seize ans, Paul, sept ans et Léo, trois ans, nous fait partager les heurts et bonheurs de son quotidien dans son spectacle Bien entourée, qui prend ses quartiers à partir début janvier 2022 sur les planches du Palais des Glaces à Paris. La comédienne sera également au générique de la nouvelle série L’amour (presque) parfait sur France 2, à partir du 19 janvier. Conversation avec une artiste qui agit comme un vaccin contre la morosité.
Isabelle Vitari, jusqu’à quel point vos enfants vous ont-ils inspirée dans la conception de votre spectacle ?
Isabelle Vitari : J’ai eu énormément de « chance ». Quand j’ai commencé à l’écrire, ma fille avait treize ans et était en pleine crise d’ado. C’était l’enfer sur terre. Elle était devenue une boule de rage et de colère et j’en étais presque arrivée à un point où je comprenais les parents qui abandonnaient leurs enfants (rires). Finalement, ça m’a permis, dans le spectacle, d’écrire la partie que préfère le public… Je l’ai vécu dans mon corps et dans ma tête. Alors, je lui ai dit « ça a été horrible mais tu m’as permis artistiquement de sortir des textes incroyables ». Maintenant, elle a seize ans et c’est un vrai bonheur. Comme quoi, il faut faire le dos rond et ne jamais rien lâcher…
Est-il exact que le confinement vous a permis de vous rapprocher ?
Isabelle Vitari : Oui, c’était donc très tendu à l’époque. Mais le fait d’être ensemble pendant deux mois a apaisé les tensions car elle a vu que je l’aimais autant que ses frères et elle a trouvé sa place. Et ça nous a fait un bien fou !
Votre fille est-elle à l’image de sa génération, très éveillée et conscientisée ?
Isabelle Vitari : Oui, je suis très étonnée, elle est très informée sur beaucoup de sujets et elle n’hésite pas à s’insurger contre des choses qui la révoltent. Je trouve d’ailleurs les jeunes d’aujourd’hui beaucoup plus ouverts que nous l’étions. Il faut dire que grâce au numérique, le monde entier est à portée de clic.
Dans votre one-woman show, y-a-t-il des choses, concernant votre famille, avec lesquelles vous ne vous autorisez pas à faire rire ? Des points sensibles ?
Isabelle Vitari : Ma maman n’aime pas trop que je raconte sa vie. Mon père, lui, s’en fout ; du coup, j’y vais à fond. Concernant mes enfants, je me permets d’aller très loin. J’ai un coté décomplexé. L’idée, ce n’est pas de se moquer d’eux, mais d’expliquer que ce n’est pas grave d’être une mère nulle… C’est une catharsis. Et c’est euphorisant pour les parents de m’entendre dire des horreurs.
Comment définiriez-vous la maman que vous êtes ? A-t-elle des points communs avec Karine Becker, que vous interprétiez dans Nos chers voisins ?
Isabelle Vitari : Quel bonheur, cette Karine, à incarner parce qu’elle ne reculait devant rien ! Mais non, moi, je suis plutôt assez stricte. Le soir, on dine tous ensemble et c’est un moment qui est à la fois très agréable et très important à mes yeux. Je suis très attachée à ce qu’ils se tiennent bien à table. Et j’essaie de les rendre autonomes sur beaucoup de choses, je leur apprends à coudre, à cuisiner, à faire des lessives…
Comment s’organisent vos journées ? Vous et votre conjoint tentez-vous d’être sur tous les fronts ou acceptez-vous d’être relayés ?
Isabelle Vitari : On délègue pas mal ! Nous avons une nounou qui va les chercher à l’école. Elle est anglaise et grâce à elle, ils sont bilingues. A côté de ça, mon conjoint adore leur faire faire leurs devoirs. Moi, je me charge de la poésie, du dessin, de tout ce qui est artistique. Et j’avoue qu’on a aussi misé sur l’option qui sauve un couple : on a une personne qui fait le ménage chez nous. Ça change tout ! Quant à la cuisine, c’est moi qui m’en charge et je pense que je la fais plutôt bien, mais ce qui est assez vexant, c’est à qu’à chaque fois qu’on commande sur Deliveroo, les enfants poussent des cris de joie…
Est-ce salutaire pour l’ambiance générale que lui et vous n’évoluez pas dans les mêmes univers professionnels ?
Isabelle Vitari : Oui, c’est hyper sain. Mon mari travaille dans un bureau, les enfants savent à quelle heure il part et à quel moment il revient alors que pour moi, c’est un peu plus fluctuant. Il y a des périodes où je les vois beaucoup, d’autres beaucoup moins. Finalement, nous sommes très complémentaires.
Vous efforcez-vous de « dégenrer » l’éducation que vous donnez à vos enfants, notamment à vos fils ?
Isabelle Vitari : J’éduque ma fille pour qu’elle soit libre et j’adhère pleinement aux combats féministes. J’ai également envie que mes fils soient sensibles et gentlemen. Et je tue dans l’œuf toute réflexion machiste ou patriarcale. Mais malgré moi, je réalise que je suis imprégnée par cette culture et que j’ai des attitudes différentes avec ma fille et mes fils. J’essaie de tout mon cœur, mais je n’y arrive pas !
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Qu’avez-vous repris de l’éducation que vos parents vous ont donnée ? Et en quoi vous en êtes-vous éloignée ?
Isabelle Vitari : Je les voyais un peu comme des dieux. Mon papa était très angoissé. Il n’a que des filles et il avait très peur qu’on puisse se faire avoir par les hommes, que nous nous fassions agresser ou qu’on nous verse de la drogue dans nos verres. C’était un peu extrême mais ça nous a permis d’intégrer les dangers de la ville et moi, aujourd’hui j’en rajoute une couche avec ma fille… Quant à ma maman, elle était juste parfaite. C’était le top du top, elle était présente et affectueuse tout en nous laissant respirer. J’ai dû accepter de ne pas être à sa hauteur en tant que mère. Mais à la différence d’elle, je ne me suis pas oubliée en tant que femme, en tant qu’entité à part entière. Et j’investis dans mon couple. Il le faut car au bout d’un moment, les enfants partent et ne se retournent pas… Et je pense qu’elle aurait pu être plus heureuse qu’elle ne l’est.
Qu’est-ce qui vous fait fondre et à l’inverse, vous exaspère chez vos enfants ?
Isabelle Vitari : Ce que j’adore, avec mon petit dernier, c’est qu’il est beaucoup dans la séduction. Je fais semblant d’y croire et je rentre dans son jeu… En revanche, le truc que je ne supporte pas, c’est qu’ils n’assument pas leurs bêtises. Qu’ils les fassent, ce n’est pas grave mais ils doivent les reconnaitre ensuite. C’est indispensable, sinon ils referont les mêmes erreurs !
Isabelle Vitari dans l’actu :
Isabelle Vitari sera sur la scène du Palais des Glaces à Paris à partir du 6 janvier jusqu’au 2 avril 2022 avec son irrésistible spectacle Bien entourée, puis en tournée dans diverses villes de France. Elle sera également à l’affiche prochainement de la série en six épisodes de France 2 L’amour presque parfait, aux côtés de Maud Baecker, Nadia Roz et Tom Leeb.
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