S’il devient plus facile aujourd’hui d’exprimer dans ce domaine des orientations différentes, l’entrée dans la sexualité des ados reste encombrée d’idées reçues, potentiellement toxiques. Zoom sur les sujets à aborder pour les aider à s’épanouir dans toute leur singularité.
Le droit d’être qui on se sent être et d’aimer qui l’on veut
Avoir des relations affectives et sexuelles harmonieuses passe d’abord par le fait de s’assumer tel que l’on est, et de réussir à le faire accepter à son entourage. Parce que cela oblige à renoncer à certaines choses que l’on avait prévues pour son enfant ou projetées sur lui, le processus d’acceptation peut donc être complexe pour les parents. En particulier lorsque celle ou celui qui a été assigné (e) fille ou garçon à la naissance revendique le fait d’appartenir à l’autre genre ou d’être non-binaire, état qui fait qu’on ne se reconnait ni dans un genre ni dans un autre, ou encore gender- fluid, c’est-à-dire qu’il/elle navigue entre les genres.
Mais cette approbation que vous apporterez à votre ado, et l’affection inconditionnelle qui va avec, lui est toutefois indispensable. Aux discriminations auxquelles il ou elle sera peut-être confronté(e) dans sa vie, ne doit ainsi pas se rajouter un sentiment d’exclusion au sein de sa propre famille. La même bienveillance doit s’appliquer concernant son orientation sexuelle : il est crucial que vous ne rajoutiez pas aux craintes que connait tout adolescent au moment de ses premières amours (peur de ne pas plaire, peur de ne pas « savoir faire » etc…) l’angoisse d’être rejeté par ses proches à cause de cette dernière. Homo, bi ou hétéro, il est essentiel qu’il ou elle sache que vous l’épaulez et le/la soutiendrez quoi qu’il arrive.
Sexualité des ados : la question centrale du consentement
Trop d’adolescentes, parfois dès le collège, ont l’impression confuse qu’à partir du moment où elles sont en couple ou qu’elles ont des sentiments pour leur copain, leur corps est à sa disposition et qu’elles n’ont pas le droit de refuser de « passer à la casserole », même si elles n’en ont pas envie ou ne sentent pas prêtes à sauter le pas. Communiquez donc avec votre fille sur le fait que toute relation sexuelle, quelle que soit sa nature, doit être pleinement voulue et consentie des deux côtés, et qu’il est exclu de faire l’amour ou de concéder des fellations pour faire « plaisir » ou éviter une rupture.
Le risque est sinon qu’elle ait une perception négative de la sexualité, qui est susceptible de la suivre ensuite toute leur vie. Auprès des garçons, une vraie éducation est à faire également sur ce point, afin de leur inculquer la notion de respect. Dès les premiers rapports qu’ils auront, ils doivent entretenir le dialogue avec leur partenaire sur ce qu’elle souhaite faire ou ne pas faire, être attentif également à ses attitudes qui peuvent traduire du désarroi. Et si elle dit non, même au dernier moment, même s’ils sont déshabillés, c’est non ! Le même code de bonne conduite doit évidemment s’appliquer dans les couples gays.
La contraception, une démarche qui se fait à deux
Il faut être deux pour avoir un rapport sexuel et toujours deux pour tomber enceinte. En 2021, il est donc totalement anormal que la charge mentale liée à la contraception reste uniquement le souci des jeunes filles, qu’elles assument seules le fait de devoir se rendre chez le gynécologue et de faire prescrire la pilule, un implant, un anneau vaginal ou des patchs, avec le budget que cela implique. S’il faut donc alerter votre fille sur la nécessite de se protéger des grossesses non désirées, il faut donc faire de même auprès des garçons qui doivent eux aussi songer à s’équiper de préservatifs, le proposer systématiquement et éventuellement accompagner leur copine chez le médecin si elle le souhaite.
La sexualité n’a pas grand-chose à avoir avec le porno
Enfin, dans notre société où les contenus pornographiques sont en libre accès sur leurs téléphones, tablettes et autres ordis (les ados visionnent leur premier film de ce type en moyenne à 14 ans et 5 mois), il parait presque indispensable de les sensibiliser au fait que l’image que le cinéma porno leur offre n’est pas fidèle à ce qu’est et doit être une relation sexuelle. D’une part parce que ces « œuvres » véhiculent souvent une forme de violence, notamment envers les femmes, fréquemment réduites à être de simples objets servant à assouvir ses pulsions. Le modèle offert, notamment aux garçons, est généralement assez néfaste pour la construction de leur sexualité. D’autre part parce qu’elles tendent à faire croire que le sexe n’est qu’une affaire de performance, de nombre de pénétrations et d’orgasmes, qu’il implique forcément de la domination et de la brutalité et que la tendresse et la complicité n’y ont aucune place.
Gare au sexting
Envoyer par texto ou par messagerie privée des clichés dénudés à son/sa nouveau/nouvelle chéri(e) est aux yeux de certains adolescents un moyen d’entrer dans la sphère du sexuel avant même de passer à l’acte. Mais la pratique est loin d’être anodine. Elle expose en effet celle ou celui qui a dévoilé son intimité à être victime de revenge-porn, procédé qui consiste à poster ce style de photos de son ex sur Internet voire à du harcèlement en ligne, si leur diffusion prend de l’ampleur. A vous de les prévenir de ces dangers !
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