Longtemps considéré comme le mal-aimé du rayon hygiène, le papier toilette est devenu aujourd’hui avec le confinement une denrée que l’on s’arrache et que l’on stocke à la façon des lingots d’or. Décryptage d’un phénomène peu rationnel.
Les crises mondiales ont parfois des conséquences très inattendues. A l’heure où la planète vacille, prise dans les filets terrifiants du coronavirus, une nouvelle star ne cesse de faire parler d’elle, des Etats-Unis jusqu’en l’Allemagne, en passant par l’Angleterre, le Canada et jusqu’aux confins de l’Océanie. Cette icône de nos temps troublés, c’est le papier toilette.
Drôle de destin en effet pour le méprisé PQ que l’on glissait jusqu’il y a peu avec un brin de honte au fond de son cabas en vérifiant que personne aux alentours ne nous regardait, et qui s’est transformé en l’espace de seulement quelques jours un objet suprême du désir. A la mi-février, alors que la Chine était en pleine épidémie, un honnête livreur de papier toilette a été victime d’un braquage à Hong-Kong, comme s’il transportait des valises de billets ou les joyaux de la Couronne britannique. Deux semaines plus tard à Sydney, en Australie, une bagarre a éclaté, toujours à son sujet, entre plusieurs clientes dans un supermarché et s’est envenimée au point qu’un couteau a même été dégainé… La police a heureusement mis un terme à la rixe entre les latrinapapirophiles forcenées. Dans ce pays, l’enseigne Woolworths a même été obligée de rationner les achats de papier WC à un maximum de quatre paquets par personne. Le même type de scène (affligeante) a eu lieu dans les grandes surfaces japonaises alors que l’immense majorité des sanitaires nippons dispose pourtant de la douchette intégrée qui permet de se nettoyer joyeusement l’arrière-train sans matériel supplémentaire.
Enfin, les consommateurs de l’Hexagone ne sont pas en reste, puisqu’ils en font des réserves monumentales depuis le début du confinement, au point que certains magasins sont presque constamment en rupture d’approvisionnement. Un comportement qui est difficilement explicable car toutes les chaînes de la grande distribution insistent depuis le départ sur l’absence de risque de véritable pénurie.
Et cette attitude semble d’autant plus surprenante quand on sait que dans le même temps, certains Français, tels les Gaulois réfractaires qu’avait maladroitement décrits Emmanuel Macron dans l’un de ses discours, persistent à ne pas ou à mal respecter les consignes de distanciation sociale qu’a imposées le gouvernent, en continuant à se rassembler en petits groupes dans la rue ou en faisant les courses alimentaires à plusieurs.
De quoi se demander si nous tenons plus à nos fesses qu’à notre vie ? Même au bout du rouleau, à nous donc de nous raisonner et de #ResterALaMaison !
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