Le documentariste Gilles de Maistre, qui s’est aventuré avec plus ou moins de bonheur dans la fiction l’an dernier avec Mia et le lion blanc, revient à ses premières amours grâce à Demain est à nous, qui brosse le portrait d’enfants qui mènent des actions concrètes pour remédier aux problèmes sociétaux.
Demain est à nous : l’histoire
A l’heure où l’adolescente Greta Thunberg, figure de proue depuis de longs mois de la lutte contre le réchauffement climatique, accapare l’attention des médias de la planète entière, d’autres jeunes héros tentent à leur manière de faire évoluer le monde dans lequel ils vivent, de mettre en application le proverbe du « petit ruisseau qui fait les grandes rivières ». C’est à ces protagonistes que s’intéresse Gilles de Maistre dans Demain est à nous.
On suit José Adolfo, prodige péruvien qui a lancé en 2012, à six ans seulement, une banque solidaire et écologique. Elle permet aux écoliers de gagner de l’argent en ramassant des déchets recyclables revendus ensuite à des entreprises spécialisées. Il sert de narrateur et de fil rouge à ce film, qui suit également les combats d’Aïssatou, douze ans, qui s’érige contre les mariages forcés de mineures à Conakry. Ce qui implique parfois de mener, avec ses amies militantes, des démarches-coup-de poing qui peuvent la mettre en danger. Ou ceux de Heena, onze ans, elle-même issue d’une famille indienne extrêmement pauvre, qui a fondé un journal qui relate le quotidien des enfants de la rue de New Dehli. D’Arthur, dix ans qui vient à la rencontre des SDF de la ville de Cambrai, où il habite, et vend à leur profit les toiles qu’il peint. Ou encore de Kevin, Jocelyn et Peter, 10, 12 et 13 ans, de Potosi en Bolivie, qui travaillent déjà malgré leur âge (le premier est employé dans une mine, la deuxième vend des sucreries, le troisième aide ses parents dans un atelier de confection) et ont créé un syndicat pour faire valoir leurs droits auprès de leurs employeurs.
A partir de quel âge ?
8-9 ans. On prédit d’ailleurs que Demain est à nous fera naître chez nos loustics quelques vocations.
L’avis de MAFAMILLEZEN
S’il n’est pas exempt de défauts -on peut parfois regretter notamment son ton un peu angéliste et son contenu qui élude certaines problématiques (sur le fait notamment de savoir pourquoi ces citoyens en herbe ne bénéficient pas de davantage de financements publics). S’il comporte également certaines ruptures de rythme, avec notamment la séquence tournée en Bolivie, qui est étrangement longue par rapport aux portraits, parfois très condensés, qui sont dévolus aux autres « acteurs » de ce long-métrage. Demain est à nous propose néanmoins un très joli tableau de la génération qui émerge, plus concernée, plus engagée et moins passive que celles qui l’ont précédée. Un vrai pied de nez à ceux qui expliquent que les kids d’aujourd’hui sont décérébrés !
La leçon offerte par ces enfants sonne comme une claque, notamment celle que nous offre la courageuse Aissatou. Révoltée par l’union d’une toute jeune fille de sa classe, elle s’est emparée en Guinée de la question, complètement taboue dans son pays, du mariage précoce et des ravages qu’il provoque chez ses victimes, enceintes alors qu’elles sont à peine pubères et contraintes de cesser leurs études.
Sans chauvinisme aucun, on s’enthousiasme aussi tout particulièrement pour l’humanité de l’adorable Arthur, dont la générosité ne se traduit pas seulement dans les gestes strictement matériels qu’il effectue pour les sans-abris mais aussi dans la tendresse physique et l’écoute qu’il leur accorde, « denrées » dont tout le monde le prive ou presque par peur ou par ignorance.
De quoi inciter les adultes que nous sommes à sortir de notre zone confort afin d’aider concrètement !
Demain est à nous
Réalisé par : Gilles de Maistre
Genre : Documentaire
Durée : 1h24
Sortie : le 25 septembre 2019
A partir de : 8 ans
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