Vous avez passé votre journée à courir à droite et à gauche pour satisfaire les besoins et envies de vos chérubins… Mais sitôt que vous leur demandez la moindre petite chose, ils se font prier… Voici quelques conseils pour faire de ses enfants des êtres un peu moins auto-centrés.
Une grande majorité des parents se demande régulièrement s’il existe des « recettes » pour rendre ses enfants moins égoïstes. Des « recettes », non, car ce qui fonctionne avec l’un avec ne fonctionnera sans doute pas avec l’autre. Et ce qui marche un jour ne marchera plus le lendemain. Mais certaines attitudes peuvent aider. Tout en se rappelant bien que chaque enfant est unique. Y compris dans ses qualités et ses défauts.
1 – Se rappeler que l’enfant ne nait pas altruiste…
Et cela d’abord à cause du fonctionnement du cerveau. La zone qui sert à l’empathie (cortex préfrontaux) sera terminée entre 25 et 27 ans. Celle qui sert à la gestion des situations de survie est terminée autour de 2 ans. Or pour survivre, il est nécessaire de s’occuper de soi.
Mais surtout, avant 6 ou 7 ans, l’enfant est « auto-centré » : tout petit, il n’a pas conscience de l’autre. Le monde tourne et fonctionne autour de lui et en fonction de lui. Donc s’il a envie du camion rouge qui est entre les mains de son copain, il prend le camion. Il ne peut pas savoir naturellement que cela attriste ou énerve le copain. Il a besoin de l’apprendre.
Jusque vers l’âge de raison (7 ans), l’enfant peut croire qu’il est « le centre de référence » en matière de réflexion : s’il pense ainsi, alors tout le monde doit penser ainsi. Tout ce qui arrive est à cause ou grâce à lui. C’est compliqué de comprendre la vision du monde des autres et de se décentrer de soi.
2 – … mais qu’on peut lui apprendre
Quand un enfant arrache le gâteau d’un autre enfant, quand il tape un camarade, il est important de pouvoir (après que la crise soit apaisée bien sûr) l’informer de ce que ressent « l’autre ». Lui dire : « quand tu arraches le gâteau de Théo, il est très en colère, car il avait très envie de le manger. La prochaine fois, il faudra apprendre à lui demander s’il accepte de partager » .
Et puis, quand ils grandissent, on peut leur demander : « à ton avis, comment est-ce que Théo s’est senti quand tu as fait cela ? » Et enfin, on n’hésitera pas à indiquer à l’enfant quel impact cela a eu sur l’autre. En positif comme en négatif.
Prenons un exemple : au lieu de dire à un enfant (ou un ado) : « tu es gentil : tu as partagé ton dessert», qui est un jugement sur ce qu’est l’enfant (ou l’ado), on peut préférer : « je ne sais pas si tu l’as remarqué, mais quand tu as partagé ton dessert avec ton ami, celui-ci a sauté de joie ! Il avait tellement envie de goûter à cette glace : je crois que tu as illuminé sa journée ».
« Tu es gentil » est une étiquette dont l’enfant ou l’ado risque d’avoir du mal à se défaire… Ou au contraire dont il va – par tous les moyens – chercher à se débarrasser. Et le compliment sera remisé aux oubliettes si quelqu’un lui dit « en fait tu es méchant ».
Alors que la deuxième phrase est factuelle : même si demain il ne partage pas son dessert, dans sa tête, dans son cœur, resteront les mots qui ont décrit son action. Et il saura, en lui-même, qu’il est capable de générosité.
3 – Le meilleur moyen d’enseigner la générosité à un enfant… est de faire preuve de générosité soi-même
Attention, je ne suis pas en train de vous dire de céder à toutes les demandes de vos enfants ! Mais bien de montrer, dans différents cadres, ce que c’est, pour vous, que d’être généreux : acheter un sandwich à un SDF ; emmener en vacances un enfant qui n’en n’a pas l’habitude ; inviter ses collègues pour créer une bonne ambiance au travail ; donner de son temps dans une association caritative… Vous avez de nombreux choix !
Souvenez-vous : « l’exemple n’est pas le meilleur moyen de convaincre, c’est le seul » Gandhi.
4 – Montrer que l’altruisme, la générosité, la bienfaisance sont des valeurs importantes pour vous… et pour le monde
N’hésitez pas à partager lorsque vous lisez, entendez, découvrez une action généreuse autour de vous ou dans le monde. A force de montrer aux enfants un monde égoïste, dur, en crise… (bref tout ce que nous montrent les infos), il va être difficile de leur faire croire que la générosité peut changer le monde.
En revanche en leur montrant des reportages positifs, des actes généreux comme on en voit tant lorsque l’on cherche un peu sur le web, on peut leur donner envie de participer à la construction d’un monde meilleur.
5 – Accueillir leurs émotions… au lieu de juger !
Instinctivement, lorsque l’un de nos enfants nous déçoit à cause de son attitude, on a envie de lui dire à quel point il est perfide. A quel point nous sommes contrariés car nous ne l’avons pas élevé comme ça. A quel point son attitude est irresponsable, irrespectueuse, intolérable.
Mais un enfant qui se comporte d’une façon qui ne nous semble pas adaptée, s’en veut le plus souvent (et ne vous laissez pas avoir par les « je m’en fiche » « ça m’est égal » ou pour les ados « j’en ai rien à f…. ». C’est le plus souvent un moyen de se protéger d’une émotion trop forte. Lui renvoyer un jugement négatif à ce moment là ne va certes pas l’aider à améliorer son comportement…
A chaud, il est préférable d’accueillir son émotion, en mettant des mots sur ce qui s’est passé et la façon dont il le vit : « j’ai l’impression que tu t’en veux (un peu) d’avoir déchiré le dessin de ton frère… même s’il t’avait beaucoup énervé juste avant. Tu sais qu’il y tenait beaucoup et je crois que tu ne sais plus très bien quoi faire maintenant… est ce que je me trompe ? ».
Ensuite, une fois que l’émotion est passée, qu’il a retrouvé toute sa capacité de raisonnement, vous pourrez rajouter « as-tu une idée pour réparer ? Que penserais-tu de… », en suggérant éventuellement des idées.
6 – Expliquer le cadre de fonctionnement de la maison, de façon claire
Par exemple : « dans cette maison, chacun est responsable de ses affaires. Nous apprécions le partage, mais c’est celui à qui appartient le jeu, le vêtement, l’objet… qui décide s’il veut le prêter ou non ».
Forcer à partager, dire que « ici tout est à tout le monde, il n’y a pas de « propriété privée » dans cette famille » a généralement l’effet exactement inverse à celui escompté. L’enfant ou l’ado n’en peut plus qu’on lui prenne « ses » habits sans qu’on lui demande. Il en a assez qu’on partage « de façon la plus juste possible » son plat préféré (qui n’est PAS le plat préféré de ses frères et sœurs) par souci d’équité. La seule chose qu’il finit par désirer… c’est « tout pour moi » et « je n’en peux plus de partager ».
Alors que laisser les enfants négocier ensemble, éventuellement donner son avis mais sans l’imposer, amène le plus souvent une envie de partager… plus juste.
7 – Enfin, pensez-y : il est plus facile d’être généreux lorsque l’on est « riche » que lorsque l’on est « pauvre »
Si cela s’applique à l’argent, cela s’applique aussi à l’amour : un enfant qui se sentira aimé, vraiment aimé par ses parents, aura moins de mal à partager… avec ses frères et sœurs. Un enfant qui aura sans cesse l’impression que l’on privilégie son frère ou sa sœur, que l’on ne passe pas assez de temps (de qualité) avec lui… risque de développer de la jalousie, de la rancœur et non pas de l’altruisme.
Conclusion : forcer son enfant à être généreux, à partager, à faire le bien… est souvent source d’échec. Lui donner envie de le faire est le meilleur moyen pour lutter contre l’égoïsme !
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